Risque de change : pour quelle monnaie est-il judicieux d'envisager une couverture?
Formaliser sa politique de gestion des risques de change
Se couvrir n'est pas toujours la solution : il n'est par exemple pas évident de couvrir le rouble russe ou le real brésilien pour un exportateur. Mais ne pas se couvrir ne signifie pas qu'il ne faut pas gérer le risque de change. Sinon, c'est de la spéculation ou la loterie. Plusieurs solutions existent : budgéter pour s'auto-assurer, par exemple. " Simplement réfléchir à tous les problèmes liés aux taux de change permet d'en régler une grande partie en adaptant le modèle d'affaires, de facturation, de paiement etc...", affirme Sébastien Rouzaire.
Il s'agit donc de formaliser une politique de gestion des risques de change en identifiant et quantifiant les risques, en se donnant des objectifs, en déterminant les outils et instruments à utiliser, les mesures à effectuer et en effectuant un reporting de contrôle et de performance. " Formaliser permet aussi d'éviter que les gens ne se souviennent pas bien des décisions prises. Cela permet de protéger le CFO ", pense Sébastien Rouzaire.
Ne pas facturer en euros pour déléguer le risque de change
Et attention aux fausses bonnes idées. Comme réaliser ses échanges en euros pour déléguer le risque de change aux clients et aux fournisseurs. " Une petite entreprise risque de ne pas tenir en cas de krach. Et perdre un fournisseur peut engendrer de nombreux problèmes ", avertit Sébastien Rouzaire. Le danger est aussi le manque de visibilité.
Sébastien Rouzaire donne l'exemple d'une entreprise qui se fournissait en Chine en euros : quand le dollar a pris 20 centimes contre euro fin 2014/début 2015, le fournisseur a indiqué qu'il allait répercuter à son client la hausse correspondant à son propre manque à gagner dans le temps. " Le problème était que l'entreprise ne pouvait pas savoir quand cela allait être répercuté et estimer le niveau de son EBITDA 2015, pointe Sébastien Rouzaire. Si vous facturez en euros, mettez dans votre contrat une clause d'indexation pour réintroduire de la transparence dans le système et ne pas subir une demande de baisse de prix de vente ou de hausse de prix d'achat sans préavis "
En revanche, si une clause d'indexation totale est prévue dans le contrat, il ne faut pas se couvrir ; sinon on peut être perdant des deux côtés ! Autre erreur à ne pas commettre : se couvrir pour seulement 95% des scénarios de marché défavorables. Les 5% restants peuvent arriver plus souvent qu'estimé et être très dommageables.