Inflation : quels impacts au niveau international ?
Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
La hausse des prix et des taux bouleverse un certain nombre d'économies mondiales. La plupart des pays européens devrait entrer en récession en 2023. Outre-Atlantique, la croissance devrait également être morose, tandis que la Chine fait face à un ralentissement économique. Décryptage.
Le contexte inflationniste actuel impacte la croissance de différentes zones dans le monde, et en particulier celle du Vieux-Continent. "Nous observons déjà une récession manufacturière et commerciale en Europe. Ceci est le coût immédiat de la guerre en Ukraine", pointe Ludovic Subran, économiste en chef chez Allianz SE lors d'une table ronde organisée dans le cadre des journées de l'Association française des trésoriers d'entreprise (AFTE), le 15 novembre dernier. Résultat : la croissance devrait être au point mort sur le Vieux-Continent dans les mois à venir. "Nous pensons qu'en Europe, en 2023, certains pays, comme l'Allemagne, feront face à une récession. La France devrait, elle, observer une croissance nulle, à -0,1%", estime Ludovic Subran. Selon lui, une croissance à ce niveau entraînera davantage de faillites et de chômage dans l'Hexagone. "Actuellement, nous observons déjà une normalisation du nombre de faillites et donc du risque de crédit en France", note-t-il.
Les banques centrales augmentent les taux
Conséquence directe de l'inflation, les banques centrales augmentent actuellement leur taux. "La BCE devrait continuer à augmenter ses taux sur la première partie de l'année 2023, mais elle ne devrait pas aller trop loin compte tenu de la récession", commente Ludovic Subran. Ce dernier table sur un taux de dépôt aux alentours de 2 % en Europe début 2023. "Cela devrait descendre au deuxième semestre pour atteindre 1,75 % fin 2023", ajoute-t-il. En revanche, la hausse des taux devrait être plus marquée Outre-Atlantique. "Nous estimons que le taux terminal de la Fed devrait atteindre 4,75 % au premier trimestre 2023 et redescendre à 3,75 % fin 2023", révèle l'économiste. Pour lui, le marché américain fera également face à une récession en 2023. "Le point d'inquiétude aux États-Unis est que le pays n'a pas résolu son problème structurel du marché de l'emploi. Le phénomène de grande démission représente un manque de 5 000 travailleurs", rappelle-t-il.
Une relation sino-américaine sous haute tension
Par ailleurs, les relations entre la Chine et les États-Unis sont toujours très tendues. "Cela représentent le facteur de risque géopolitique numéro 1 pour les 20 ans à venir", affirme Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques. L'expert souligne que le principal problème entre ces deux pays réside dans le fait qu'aujourd'hui, la Chine représente 70 % du PIB américain (contre 10 % en 2001). "La question n'est plus de savoir si la Chine va dépasser les États-Unis mais quand cela va survenir. Or les États-Unis sont habitués à être la première puissance mondiale. Il y a une révolution politique, psychologique et intellectuelle à faire pour qu'ils acceptent cela", relate-t-il. Pour Ludovic Subran, la Chine se prépare à une mondialisation beaucoup plus frictionnelle. "Trump avait initié une guerre commerciale, la prochaine étape sera une guerre sur le compte de capital. C'est la démondialisation financière qui est en jeu", explique-t-il. D'un point de vue économique, l'Empire du Milieu fait actuellement face à un ralentissement, en partie lié à un choc immobilier. En 2023, il devrait afficher une croissance à 4,5 %, après avoir enregistré des taux à 10 % puis 6 % ces dernières années. "Cette croissance est actuellement soutenue par l'export", précise Ludovic Subran. La croissance domestique représente donc un véritable défi pour la Chine, qui devra miser sur son marché intérieur dans les prochaines années.