[Trésorerie] 6 financements alternatifs passés au crible
La dette privée
"Avec la dette privée, les taux sont généralement fixes et plus élevés, et le remboursement est souvent in fine." Gilles Saint-Marc,avocat associé chez Kramer Levin Europe
La dette privée permet aux entreprises, non notées ou cotées, d'obtenir un financement long à partir de 10 M€. "Les banques se positionnent sur des financements amortissables, rappelle Guillaume Arnaud, directeur général de la société de gestion Tikehau IM. Avec la dette privée, les PME et ETI peuvent financer leurs projets de développement ou des immobilisations incorporelles." Ses autres caractéristiques par rapport au crédit bancaire? "Les maturités sont plus longues, les taux sont généralement fixes et plus élevés, et le remboursement est souvent in fine, ce qui permet à l'entreprise de disposer de davantage de free cash-flow pendant la durée", indique Gilles Saint-Marc, avocat associé chez Kramer Levin Europe. "Les taux fixes sont intéressants quand les taux sont bas comme aujourd'hui, juge Muriel Nahmias (Redbridge DTA). Mais le corollaire, c'est une flexibilité moindre en cas de remboursement anticipé; ceci dit, un taux variable swappé revient au même de ce point de vue."
§ Via les Euro PP
Les Euro PP sont des opérations de financement à moyen ou long terme entre une entreprise et un nombre limité d'investisseurs institutionnels, qui repose sur une documentation ad hoc négociée entre l'emprunteur et les investisseurs, avec généralement la présence d'un arrangeur. Ils prennent la forme soit d'un prêt, soit d'une émission obligataire, cotée ou non. "Le format obligataire est le plus courant", témoigne Guillaume Arnaud (Tikehau IM). Aucune notation externe n'est demandée, mais le financement est généralement encadré par des covenants et parfois des sûretés. L'investisseur Euro PP est souvent un fond, notamment un FPE (fonds de prêts à l'économie), véhicule dédié aux compagnies d'assurances et mutuelles. Fin 2013, Novo, le premier FPE, a vu le jour. D'autres ont suivi. À l'image de Sofiprotéol Dette Privée, fondé par une filiale du groupe Avril et Tikehau IM, qui a vocation à financer des entreprises agro-industrielles.
>> Pour qui? Les ETI et, plus rarement, les PME réalisant plus de 30 M€ de CA, "plutôt matures", selon Guillaume Arnaud, et "de qualité de crédit implicite "investment grade" ou "cross over", avec un levier maximum de quatre fois l'EBITDA généralement", complète Muriel Nahmias (Redbridge DTA).
>> Pour quels montants? De 10 à 100 M€ par investisseur.
>> Quelle maturité? Entre cinq et dix ans, généralement entre six et sept ans.
>> Sous quels délais? Entre trois et quatre mois.
>> Quel coût? De 3 à 5%.
§ Via les fonds de "leveraged loans"
>> Pour qui? Des PME à levier élevé, voire en situation de LBO, "généralement dans le cadre de financements d'acquisition, sur les tranches in fine des crédits bancaires syndiqués", précise Augustin Huyghues Despointes, associate director debt advisory chez Redbridge DTA.
>> Pour quels montants? De 5 à 50 M€ par fonds.
>> Quelle maturité? Essentiellement de six à sept ans.
>> Sous quels délais? Entre deux et six mois.
>> Quel coût? Au-dessus de 4%, jusqu'à 6, voire 8%.
§ Via les FIA
Les FIA (fonds d'investissement alternatif) sont des fonds professionnels spécialisés ou de capital investissement. Les opérations de crédit couvrent toutes les formes de mise à disposition de fonds à titre onéreux (prêts stricto sensu ou ouvertures de crédit). La différence avec les Euro PP? Les FIA peuvent de surcroît proposer une offre de financement hybride: des obligations couplées à de l'equity. "C'est un vrai financement sur mesure, apprécie Guillaume Arnaud (Tikehau IM). Une offre émanant d'un même acteur, qui repose à la fois sur du capital et de la dette, est assez rare."
>> Pour qui? Les PME en croissance réalisant plus de 30 M€ de CA.
>> Pour quels montants? De 10 à 30 M€.
>> Quelle maturité? De cinq à sept ans.
>> Sous quels délais? Deux mois en moyenne.
>> Quel coût? Entre 3 et 5%.