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Financements désintermédiés : convaincre ses dirigeants

Publié par Olivier Catonnet, Associé EY et Matthieu Banal, senior manager EY le | Mis à jour le

Face à l'émergence de nouvelles sources de financement et à la sophistication des instruments actuels, voici quelques conseils pour choisir la solution de financement désintermédié la plus pertinente et convaincre les décideurs internes.

Structurer un financement, c'est couvrir les besoins financiers à moyen terme de l'entreprise et la doter des ressources et des partenaires adaptés à la stratégie voulue par le management et les actionnaires. Et si les PME et ETI françaises sont encore loin de se passer des banques, bien qu'on note un essoufflement de la croissance des encours, elles disposent désormais d'instruments qui complètent habilement ou se substituent partiellement au financement bancaire tels que placements privés, fonds de prêt à l'économie, dette mezzanine ou unitranche, marché obligataire (IBO), etc.

Quel que soit l'instrument choisi, c'est aux Daf qu'il revient de définir quand et comment recourir à ce type de produits... et d'emporter l'adhésion.

Dette bancaire v. désintermédiation

Les financements désintermédiés peuvent revêtir diverses formes, principalement obligataires, qui ont en commun un certain nombre de caractéristiques telles que :

-un profil d'amortissement in fine (pas de remboursement en principal avant l'échéance), de nature à alléger le service annuel de la dette, et à assouplir le respect de l'éventuel covenant de DSCR (debt service coverage ratio mesuré par le ratio entre le cash-flow avant service de la dette et le service de la dette) ;

- une maturité plus longue que la dette bancaire - souvent au-delà de cinq ans - mais au même rang de remboursement et de partage des éventuelles sûretés que les banques, à l'exception de la dette mezzanine, qui elle, est subordonnée à la dette bancaire, à la fois en remboursement mais aussi en sûretés ;

- un accès à un niveau de quantum de dette (mesuré par le ratio de dette nette rapportée à l'EBITDA) plus élevé que celui consenti par les seules banques ;

- un produit de dette non dilutif (sans accès au capital), à l'exception de la dette mezzanine, laquelle inclut une composante dilutive sous la forme de bons de souscription d'actions (BSA).

Le point sur l'accès aux financements désintermédiés

Le législateur a démocratisé l'accès aux instruments de financement désintermédié par un décret d'août 2013 prévoyant la création des fonds de prêts à l'économie (FPE) autorisant les assureurs à financer directement les entreprises non cotées et non notées. D'autres initiatives ont été prises par des acteurs tels que NYSE Euronext avec l'initial bond offering (lire notre dossier IPO versus IBO), Micado avec l'émission de prêts groupés, sans oublier le GIAC ou la dette mezzanine, qui font figure de précurseurs dans ce domaine.

Bon nombre de FPE se sont constitués, ces dernières années, dont "Novo", le plus médiatisé, lancé à l'été 2013 et doté de 1 Md€. La tendance est aussi à des souscriptions croissantes d'assureurs dans le cadre d'émissions Euro PP (private placement). Certes, les objectifs de rendement attendu par ces fonds (coupon compris entre 4 et 6 %) les rendent plus chers que la dette bancaire. Le ticket minimum est de 5 à 10 M€ et l'approche sensiblement comparable à celle des banques, notamment en termes d'analyse de risque et de structuration. Un placement privé ne nécessitera pas toujours de notation par une agence de rating. À noter, aussi, que l'information pourra rester privée, les investisseurs ayant une stratégie de buy & hold et non d'arbitrage.


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