Besoins et attentes du Daf vis-à-vis de l'expert-comptable et du commissaire aux comptes
Publié par Yousra Senhaji le | Mis à jour le
Experts-comptables, CAC, conseils financiers, DAF magazine a voulu cerner les attentes des Daf des PME-ETI vis-à-vis des cabinets de chiffres. Premier enseignement: la segmentation selon la taille de la structure où exerce le Daf...
Qui mieux que les Daf pour brosser le portrait idéal de ce professionnel du chiffre, celui qui, à la fois, les accompagne dans un quotidien chahuté, les déleste lors de pics d'activité ou encore les conseille quand ils sont confrontés à des situations inédites? Si l'obligation d'avoir recours à un commissaire aux comptes ne laisse aucun doute sur leur présence incontournable - pour ne pas dire inévitable - auprès des Daf de PME, le taux de recours aux experts-comptables est, lui, plus sujet à interrogations. En effet, le Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables communique sans problème sur le taux de pénétration - très élevé - auprès des entreprises de moins de 250?salariés, mais laisse planer le mystère sur la présence de ses membres auprès des plus grosses PME et ETI, se cachant derrière "la confidentialité de la répartition du chiffre d'affaires par segment de ses membres", comme l'invoque Arnaud Debray, vice-président du Conseil supérieur.
Un besoin criant de conseil fiscal
Ce n'est donc pas sans surprise que l'on découvre que les trois quarts des Daf interrogés au cours de l'étude menée par Day One et DAF magazine sur les attentes des Daf des PME-ETI vis-à-vis des cabinets de chiffres, font appel à un expert-comptable (pour mémoire, le répondant type exerce dans une entreprise réalisant un CA inférieur à 100 millions d'euros). Parmi eux, 83% le sollicitent pour un accompagnement fiscal, preuve que les incessantes variations de la fiscalité tricolore nécessitent de se faire épauler par des expertises externes pour en venir à bout. Un constat à nuancer, tout de même, selon la taille des entreprises des répondants: "Les attentes en conseil fiscal et, dans une moindre mesure celles en conseil social, de la part de l'expert-comptable sont extrêmement fortes, pour les entreprises de moins de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires. Mais, au-delà de ce seuil, cette attente décline, du fait que le Daf s'oriente vers des avocats fiscalistes ou des spécialistes en droit social, compte tenu de la complexité de ces deux matières et des enjeux financiers afférents", explique Jérôme Rusak, associé de Day One, cabinet de conseil en alignement stratégique.
Quelle que soit la taille de l'entreprise, toutefois, les Daf ont globalement les mêmes attentes vis-à-vis du rôle que doit jouer leur expert-comptable: apporter une certaine visibilité sur l'activité et vulgariser leurs obligations. Pour ce faire, ils le choisissent principalement sur un critère de réactivité avec, pour corollaire, la proximité. Le coût n'arrive, à cet égard, qu'à la troisième place des facteurs qui déterminent le choix d'un expert-comptable, contrairement aux commissaires aux comptes, pour lesquels le tarif prime. Paradoxalement, ce sont les Daf des plus grandes entreprises qui sont les plus regardants sur la facture de leurs CAC, tandis que ceux d'entreprises de moins de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires privilégient l'expertise pluridisciplinaire.
"Pour les plus grosses structures, le commissariat aux comptes est vécu comme une obligation réglementaire avec une valeur ajoutée perçue assez faible et une non-différenciation des cabinets sur cette prestation"
Visibilité sur les normes: le plus du CAC
"Pour les plus grosses structures, le commissariat aux comptes est vécu comme une obligation réglementaire avec une valeur ajoutée perçue assez faible et une non-différenciation des cabinets sur cette prestation, donc le coût est le critère de choix le plus important, décrypte Jérôme Rusak. Pour les sociétés plus petites, les Daf attendent davantage de valeur ajoutée de la part du commissaire aux comptes, notamment une vision sectorielle et une expertise pluridisciplinaire."
Globalement, et quelle que soit la taille de l'entreprise, le Daf attend surtout de la part de son commissaire aux comptes du conseil et de la visibilité sur les normes, ainsi qu'une aide à l'industrialisation des parties à faible valeur ajoutée de l'audit légal.
Et le recours à des conseils spécifiques pour les opérations exceptionnelles?
Recourir à "la crème" des professionnels du chiffre qui structurent une offre de conseil financier demeure assez exceptionnel, chez les Daf, même des plus grandes structures. La moitié des directeurs financiers des entreprises réalisant plus de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires ont, toutefois, fait appel à ces "corps d'élite" pour réaliser des due diligences de cession ou d'acquisition, 38% pour des commissariats aux apports et à la fusion et tout autant pour une évaluation ou une expertise indépendante. "Bien évidemment, plus la société grossit, plus les opérations exceptionnelles nécessitant l'intervention d'un conseil financier sont nombreuses. La croissance exceptionnelle des cabinets de conseil financier et opérationnel tels que Eight Advisory, Accuracy ou Finexsi témoigne de ces besoins", commente Jérôme Rusak. Pour la gestion du quotidien, il reste le bon vieil expert-comptable!