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Gestion des risques en entreprise : entre pression financière et risques humains

Publié par Christina Diego le - mis à jour à

Le baromètre QBE et OpinionWay*, réalisé à l'occasion des Rencontres AMRAE 2025, révèle une réalité inédite pour les entreprises françaises : 9 sur 10 sont confrontées à un niveau de risques jamais atteint. Dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques, l'inflation et une complexification réglementaire, la gestion des risques devient un levier stratégique incontournable pour les directions financières. Explications.

Les 5 principaux risques identifiés par les dirigeants

Tout d'abord, le baromètre dévoile les cinq principaux risques identifiés par les dirigeants d'entreprises auxquels ils doivent faire face, notamment les nombreuses incertitudes économiques, et jugés comme prioritaires pour les mois à venir :

1- Hausse des prix de l'énergie (69 %) : Impact direct sur les coûts d'exploitation et la rentabilité.

2- Hausse des prix des matières premières (65 %) : Pression accrue sur les marges.

3- Gestion des ressources humaines (60 %) : Difficultés de recrutement, turnover et augmentation des risques psychosociaux.

4- Cyberattaques (55 %) : Un enjeu majeur accentué par le contexte géopolitique.

5- Évolutions législatives et réglementaires (55 %) : Complexité et incertitude accrues pour les décideurs.

Pression financière et enjeux humains

En 2024, 89 % des entreprises doivent gérer au moins deux types de risques, un record depuis 2017. Parmi ces risques, les enjeux humains sont prépondérants, inquiétant 77 % des entreprises. Cette tendance s'explique par plusieurs facteurs :

- 65 % des dirigeants signalent une hausse des arrêts maladie et accidents du travail.

- 47 % des entreprises subissent un taux élevé de démissions de collaborateurs-clés.

- Les risques psychosociaux augmentent de 2 points par rapport à 2023.

Sur le plan financier, 50 % des entreprises sont sous pression en raison de l'inflation et des fluctuations des taux d'intérêt. L'étude révèle une montée en flèche des difficultés financières :

- Inflation affectant 45 % des entreprises (+8 points vs 2023).

- Fluctuation des taux d'intérêt impactant 26 % des sociétés (+9 points).

- Difficultés de financement pour 20 % des entreprises (+7 points).

Delphine Leroy, Directrice Générale de QBE France précise

« Notre dernier baromètre montre que les entreprises exposées à des risques financiers sont plus fréquemment exposées que les autres à des risques humains, matériels, immatériels ou encore des risques de marché. Deux hypothèses pourraient expliquer cette tendance. »

Première hypothèse : les risques financiers peuvent amplifier d'autres vulnérabilités. Par exemple, une entreprise en difficulté financière aura sans doute moins de ressources allouées à la prévention (sécurité des employés, des réseaux, des infrastructures...), « ce qui peut augmenter son exposition réelle aux risques ».

Seconde hypothèse selon elle, les dirigeants d'entreprises moins protégées sur le plan financier sont plus conscients des autres menaces. « En effet, si l'un de ces risques venait à se concrétiser - comme une inondation ou des bris de glace, par exemple - leur situation financière deviendrait encore plus critique. Ainsi, les entreprises ayant ce profil perçoivent les risques de façon plus aiguë car un éventuel impact les toucherait de plein fouet. »

Cybersécurité : un enjeu incontournable pour les grandes ETI

Les cyberattaques restent le premier risque immatériel identifié par les dirigeants (30%), devant les atteintes à la réputation et les risques sanitaires. Pourtant, 88% des entreprises estiment pouvoir gérer ces menaces, et ce chiffre atteint 100% pour les grandes ETI.

Malgré cette confiance, 54 % des entreprises ont renforcé leur dispositif de cybersécurité, notamment à cause de la menace géopolitique. Aujourd'hui, 98 % des entreprises ont mis en place au moins une mesure de cybersécurité :

- 78 % ont investi dans des programmes de sensibilisation des collaborateurs.

- 63 % ont renforcé la sécurisation des données critiques hors réseau.

- 10 % ont adopté l'ensemble des mesures recommandées.

L'intelligence artificielle soulève aussi des inquiétudes. 49 % des dirigeants redoutent les risques de sécurité liés à l'IA, et 30 % craignent une atteinte à la confidentialité des données clients. Pour y répondre, 24 % des entreprises ont instauré des mesures restrictives sur l'usage de l'IA.

« Les entreprises doivent rester vigilantes et ne pas surestimer leur capacité à gérer une cyberattaque. Travailler avec des courtiers et assureurs est crucial pour une couverture optimale des risques », rappelle Amanda Maréchal, Directrice Lignes Financières de QBE France.

Un optimisme prudent face aux défis à venir

Malgré ces tensions, 96 % des entreprises se considèrent toujours compétitives. Elles s'appuient principalement sur :

- Une stratégie commerciale ciblée (63 %).

- Un positionnement prix adapté (50 %).

Cependant, l'enthousiasme est plus mesuré que l'année précédente : seulement 16 % des dirigeants se disent « très compétitifs », contre 23% en 2024.

Des avancées sont toutefois notables dans la gestion des risques : 42 % des entreprises estiment avoir amélioré leur maîtrise des risques (+9 points vs 2023). De plus, 95 % des dirigeants font confiance à leur assureur pour les accompagner, et 83 % restent confiants pour les six prochains mois.

Une résilience testée mais intacte

Face à une multiplicité de risques inédits, les directions financières doivent redoubler d'agilité. Si la pression financière et humaine est forte, la majorité des entreprises demeurent confiantes, renforçant leur capacité d'adaptation et d'anticipation. La cybersécurité, les ressources humaines et la gestion des coûts resteront au coeur des préoccupations des DAF en 2025.

« La maîtrise des risques est un enjeu clé pour maintenir la compétitivité et garantir la pérennité des entreprises. Une approche préventive et une collaboration accrue avec les experts en gestion des risques seront essentielles », conclut le baromètre QBE - OpinionWay.

* Étude QBE x OpinionWay réalisée par téléphone du 23 septembre au 16 octobre 2024 auprès d'un échantillon de 300 dirigeants, DAF, responsables en gestion de risques, d'entreprises privées de 50 à 4999 salariés.