Et en matière douanière, à quoi les opérateurs doivent faire attention ?
La sortie de l'UK de l'UE sous-entendrait l'instauration d'une frontière douanière et l'application des droits de douane et de la TVA à l'importation. Cela représenterait un coût supplémentaire avec un impact direct sur le prix des biens importés et une sortie de trésorerie importante.
Droits de douane
Pour le moment aucun accord préférentiel n'a encore été négocié entre UK et l'UE, par conséquent, les droits de douanes appliqués auraient été fixés pour l'UE comme pour les pays tiers en fonction des règles tarifaires de l'OMC. Ce qui aurait représenté une réelle " catastrophe " économique.
Par chance, le gouvernement du Royaume-Uni a annoncé qu'il mettait en place un régime transitoire de suppression des droits de douanes sur plus de 87% des produits importés. Cela sous-entend que 13% des importations seraient-elles toujours soumises à des droits de douanes (à l'exception de 70 pays en développement qui ont un accès préférentiel aux marchés britanniques). Parmi ces produits, en particulier, la viande de boeuf, l'agneau, le porc, la volaille, certains produits laitiers et les chaussures. Si les pièces détachés auto font partie des produits à zéro taxes, ce ne sera pas le cas des automobiles déjà assemblées. L'idée est de ne pas perturber la chaîne logistique de l'industrie automobile britannique. Pour une grande partie des exportateurs français, à l'exception de l'agriculture, c'est une forme d'assurance et de simplification.
TVA à l'importation
En cas de no deal BREXIT, les opérations qui importent la marchandise au Royaume-Uni devraient payer de la TVA à l'importation, ce qui suppose une sortie de trésorerie pouvant être particulièrement préjudiciable pour l'entreprise.
Afin d'éviter cette sortie de cash, le gouvernement britannique envisage d'introduire une comptabilisation et un paiement différée de la TVA à l'importation. Cela signifierait que les entreprises assujetties à la TVA au Royaume-Uni et qui y importeraient des biens pourraient comptabiliser la TVA à l'importation dans leur déclaration de TVA, au lieu de la décaisser au moment de l'arrivée de la marchandise à la douane. Cela s'appliquerait à la fois aux importations en provenance de l'UE et de pays tiers.
Face à ces possibles impacts, les opérateurs doivent se familiariser avec les opérations de dédouanement (importation et exportation) au plus vite et s'assurer disposer des ressources et des compétences en interne nécessaires pour y faire face.
Mais concrètement, le Brexit c'est pour quand ?
Rappel du calendrier
-Le 12 mars dernier, un vote de la Chambre des communes rejette une nouvelle fois l'accord de sortie proposé par Theresa May.
-Le 13 mars 2019, les parlementaires précisent qu'ils refuseront une sortie sans accord, contraignant le gouvernement britannique à leur soumettre un troisième scénario : celui d'un report de la date du Brexit, le temps de trouver une solution.
-Le 14 mars 2019, la Chambre des communes valide une motion prévoyant que la Première ministre Theresa May demande aux Vingt-Sept de repousser la date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, lors du Conseil européen des 21 et 22 mars.
-Le 20 mars 2019, la Première ministre transmet une lettre officielle au président du Conseil européen Donald Tusk, demandant effectivement un report de la sortie au 30 juin.
-Le 21 mars 2019, les Vingt-Sept se déclarent favorables au report, mais jusqu'au 12 avril, date limite outre-Manche pour annoncer une participation aux élections européennes.
Et ensuite ?
Les parlementaires britanniques vont devoir se prononcer une troisième fois sur l'accord de retrait.
- S'ils l'approuvent, le report sera prolongé jusqu'au 22 mai, veille du scrutin européen, pour des raisons techniques.
- S'ils le rejettent de nouveau, les Britanniques devront alors choisir entre un no deal Brexit et une demande de report long, au prix d'une participation aux élections européennes.
A suivre donc, pour avoir le fin mot de cette réponse de (Anglo) Normand.
Pour en savoir plus
Mojca GROBOVSEK, experte en TVA au sein d'Ayming. Elle accompagne depuis plus de 11 ans des entreprises sur tous les sujets liés à la TVA internationale. Elle s'occupe des problématiques techniques liées à la territorialité et à l'optimisation des flux. Elle intervient également sur des sujets relatifs aux processus de facturation et à la mise en place d'une piste d'audit fiable. Depuis 8 ans, elle est formatrice officielle en TVA pour les Chambres de commerce de Paris Ile-de-France.
Elle est également membre du conseil d'administration de l'Association internationale de TVA.