3 questions à François Beaume, vice-président de l'AMRAE
Publié par Christina Diego le - mis à jour à
Du 5 au 7 février 2025 auront lieu les 32e Rencontres du Risk Management à Deauville. Risques géopolitiques, déploiement de la CSRD, risques cyber... 3 questions à François Beaume, vice-président de l'AMRAE en charge du scientifique, sur les principaux enjeux qui concerneront les directions financières et la fonction de risk manager.
1- Quels sont les deux principaux enjeux des prochaines Rencontres de l'association ?
François Beaume : Un des enjeux phares cette année, c'est la thématique « géopolitique » qui touche autant la France, que les États-Unis, l'Autriche, le Canada, etc. dont des pays auxquels on n'aurait pas forcément pensé. C'est une thématique qui va engendrer de nouveaux risques et probablement nécessiter d'adapter les plans de financement et d'assurance. Pour un directeur financier ou un risk manager, cela va demander de mettre en place une sorte de veille au sein de son entreprise pour discerner les tendances géopolitiques. La complexité réside dans le fait d'identifier tous les signaux forts comme faibles qui laissent penser que cela peut évoluer dans tel ou tel sens.
Autre point d'attention, les impacts du risque géopolitique sur l'entreprise et sa chaîne de valeur, notamment la chaîne d'approvisionnement et de vente. De même, les dernières annonces du président Trump sur les taxations douanières des produits importés d'Europe vont avoir des conséquences économiques et opérationnelles très concrètes sur les entreprises notamment si elles exportent aux US. Il sera nécessaire d'anticiper et de définir, avec ses partenaires assureurs, un dispositif de gestion des risques pour y faire face.
Le deuxième sujet concerne les questions de durabilité pour les entreprises françaises et européennes. La mise en oeuvre de la CSRD entre en vigueur cette année pour les plus grosses entreprises. C'est une innovation sur les sujets liés à l'ESG (Environnement, Social, Gouvernance) avec une réglementation très dense, et une vérification qui doit être faite par un tiers extérieur, un auditeur de durabilité, qui va vérifier si l'entreprise a mis en oeuvre, ou pas, un dispositif de nature à la rendre conforme notamment sur les aspects de durabilité.
2- Justement concernant la CSRD, comment Daf et Risk manager vont-ils travailler pour y répondre ?
F.B : Les fonctions de Daf et Risk manager vont forcément encore plus travailler ensemble. Il y a deux aspects. Le premier qui concerne le Risk manager, c'est l'analyse des expositions via une analyse de la double matérialité qui ressemble à une cartographie des risques. Il va pouvoir la corréler aux autres cartographies qui étaient faites antérieurement, et qui vont continuer à l'être.
Le Daf est plus habitué à gérer des audits financiers, à collecter des indicateurs, etc. Les deux fonctions sont effectivement appelées à coopérer sur ces sujets-là, comme c'est le cas sur d'autres sujets comme les risques assurantiels.
3- A votre avis, comment se transforment les fonctions de Risk manager avec ces enjeux ?
F.B : Je n'irai pas jusqu'à parler de transformation. Le risk management est une fonction plutôt agnostique dans les entreprises en termes de rattachement. Dans certaines organisations, le risk manager est rattaché à la direction financière, dans d'autres c'est plutôt au service juridique ou au secrétariat général voire à la direction. En général, le risk manager a des liens avec les autres fonctions d'entreprise sur tous les sujets de risque. Le risque cyber par exemple est toujours dans le top 5 de toutes les analyses qui génèrent ensuite des actions de traitement, de financement spécifique ce qui engendre un besoin de travail commun avec la DSI ou la cybersécurité.
Je dirais que le risk manager évolue autant dans son rôle que dans sa fonction, et selon les risques auxquels l'entreprise est exposée, il doit s'adapter constamment. C'est une fonction qui n'est pas statique parce que par essence la matière sur laquelle il travaille est volatile de par le monde extérieur de l'entreprise qui change et la fait changer. C'est là tout l'intérêt de la fonction.