" La gestion des risques de l'ETI est quasiment inexistante "
Publié par Yann Petiteaux le | Mis à jour le
Gilbert Canaméras, président de l'Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprises (Amrae), décrypte les risques stratégiques auxquels s'exposent les entreprises de taille intermédiaire.
Les 22e rencontres de l'Amrae, qui se sont déroulées le mois dernier à Deauville, ont abordé le risk management à l'international. Pourquoi avoir choisi ce thème ?
Parce qu'il n'y a pas de croissance sans international. L'intensité et la durée de la crise ont transformé les risques que les entrepreneurs et les professionnels du risque ont l'habitude de côtoyer. Ceux pour qui l'international est une seconde nature, comme ceux qui s'y frottent depuis peu, voient les risques à l'international évoluer en profondeur avec un risque politique en forte mutation. Jusqu'alors, le risk management incluait les risques d'expropriation ou de nationalisation, les préoccupations de propriété intellectuelle ou de corruption. Désormais, il comprend aussi l'instabilité législative, fiscale ou réglementaire dans presque tous les pays. La crise économique favorise le risque politique.
La croissance des ETI se trouve principalement à l'international. Mais sont-elles suffisamment préparées aux risques d'une activité à l'export ?
A 50 M€ de CA et moins de 250 salariés, la structure de gestion des risques de l'ETI est formellement quasi inexistante, même si la culture de la gestion des risques y progresse d'année en année. Dans des groupes qui tangentent le milliard et demi de CA, les structures de management des risques existent souvent et sont rôdées aux enjeux de l'international. Nous les comptons au nombre de nos adhérents, en premier chef celles qui sont cotées.
Cela étant dit, les petites ETI qui exportent ont une vision de la gestion des risques, mais parcellaire. Souvent liée au financement de leur poste client, au recouvrement, au shipping, et un peu à la sécurité de leurs collaborateurs. Mais la gestion globale au sens du risk manager n'est pas leur quotidien.
Quel(s) conseil(s) donner à une PME / ETI qui envisage de s'ouvrir à l'international ?
Dans les risques stratégiques, il faut être particulièrement attentif à la stratégie de vente (directe, via un distributeur, un agent, une joint-venture, une filiale). En fonction de cela, les risques suivants seront plus ou moins pertinents et critiques : risques juridiques et éthiques (corruption, contrats...), risques opérationnels (supply chain et logistique), risques RH (sécurité, compétences culturelles et linguistiques) et risques financiers.
Lors des rencontres de Deauville, vous avez lancé la première convention de la francophonie du risk management. Avec quel objectif ?
Le but est de faciliter les échanges entre les associations qui partagent les mêmes préoccupations sur la diffusion du métier de risk manager dans l'entreprise et qui utilisent des outils ou se réfèrent à des principes similaires. En l'occurrence : les sources du droit (le code Napoléon) ou la langue. Cela permettra aux différentes associations existantes ou à venir de se retrouver pour échanger sur les bonnes pratiques du management des risques.