Comment se positionner sur le marché de la santé ?
Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
La santé fait partie des secteurs stratégiques soutenus par le gouvernement. Comment réussir à s'inscrire sur ce marché ? Lors de la journée "(Ré) inventer la croissance de demain !" organisée par France Invest, des pistes ont été données par des spécialistes du secteur de la santé.
Sur le secteur de la santé, les PME et ETI ont un vrai rôle à jouer. Encore faut-il qu'elles réussissent à s'y positionner, à trouver leur place entre les grands groupes et les start-ups. La journée "(Ré)inventer la croissance de demain !" organisée par France Invest a apporté quelques éléments de réponse lors d'une table-ronde consacrée au sujet.
Chercher les innovations de demain
Premier conseil : bien choisir le segment de marché sur lequel se positionner. Mario Philips, chairman et CEO et Polyplus-transfection, pense que l'avenir du secteur de la santé se situe dans la thérapie génique et cellulaire. "La thérapie génique permet de guérir plutôt que de seulement traiter les symptômes", explique-t-il. Philippe Pouletty, co-fondateur et directeur général de Truffle Capital, invite quant à lui à regarder du côté des dispositifs médicaux. "La révolution de demain, c'est la chirurgie autonome", pense-t-il, soulignant que la Chine mise sur cette technologie au lieu de former des chirurgiens.
Mais cela évolue sans cesse et les succès d'aujourd'hui dans le monde de la santé sont les innovations d'hier, voire d'avant-hier. Philippe Pouletty pense par exemple que c'est une erreur de se positionner aujourd'hui sur l'ARN messager. "C'était une voie d'avenir il y a 10/12 ans ; on ne peut plus concurrencer les entreprises qui sont déjà positionnées depuis longtemps comme BioNTech", insiste-t-il. Pour lui, il est nécessaire de chercher les innovations de demain dans les universités américaines. "Les meilleures universités se trouvent aux États-Unis et, par ailleurs, la chaîne d'investissement y fonctionne très bien", observe-t-il.
La problématique du financement
En effet, la problématique de l'investissement est centrale sur le secteur de la santé : l'innovation a besoin de financements. Philippe Pouletty regrette qu'en France les belles start-ups qui émergent sur le marché de la santé soient achetées par d'autres pays avant qu'elles ne deviennent de grandes entreprises. Il est rejoint sur ce point par Mario Philips : "Dans mon domaine de la bioproduction, la France était bien positionnée mais a raté le virage. Aujourd'hui, ce sont les Etats-Unis et la Chine qui sont bien placées au niveau de la thérapie génique. Mon entreprise, par exemple, est française mais 75% des financements sont américains".
Des améliorations restent donc à faire du côté du financement. "Polyplus est un spin out de l'université de Strasbourg qui a pu industrialiser son innovation grâce à l'arrivée d'un fonds. Pour innover, le support financier est indispensable", témoigne Mario Philips. Pour Philippe Pouletty, "il est temps que l'assurance-vie finance les PME innovantes". Le directeur général de Truffle Capital reconnaît cependant que l'écosystème français est bon pour les start-ups avec notamment le statut de jeune entreprise innovante (JEI) ou encore le crédit impôt recherche (CIR).
"Les 200 premiers millions d'euros d'investissement sont faciles à obtenir avec le CIR et la BPI mais ça se complique par la suite : les très grosses levées de fonds sont difficiles", remarque Philippe Pouletty. Mario Philips trouve par ailleurs que les aides pour industrialiser une innovation sont difficiles à obtenir. Se positionner sur le marché de la santé c'est donc aller au-devant de difficultés pour trouver la bonne innovation mais aussi et surtout pour trouver le bon financement.