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CSRD : vers un cadre homogène pour le reporting ESG ?

Publié par Christina DIEGO le - mis à jour à

L'AMF (Autorité des Marchés Financiers) vient de publier un rapport présentant un bilan des déclarations de performance extra-financière (DPEF) des sociétés cotées réalisées entre 2023 et 2024. A la clé : des éclairages sur l'application de la prochaine directive européenne du reporting de durabilité des entreprises (CSRD) et les enjeux ESG.

Premier bilan des DPEF

Ce rapport de l'AMF, mené sur le reporting de durabilité des sociétés cotées entre 2023 et 2024, présente une analyse approfondie des déclarations de performance extra-financière (DPEF) des entreprises. Objectifs : mettre en lumière les efforts, les lacunes et les implications des nouvelles exigences réglementaires en matière de durabilité, notamment dans le contexte de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui se déploiera dès janvier 2025 pour une première salve d'entreprises cotées.

Des progrès significatifs pour les enjeux ESG

L'institution financière révèle dans son rapport des progrès significatifs réalisés « dans la transparence et l'intégration des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ». Malgré tout, des disparités demeurent.

Dans le détail, certains points positifs apparaissent :

- Une meilleure structuration des informations extra-financières, facilitant leur compréhension.

- Une augmentation de la prise en compte des enjeux climatiques, notamment grâce à des initiatives telles que le calcul des émissions de gaz à effet de serre (scope 1, 2 et, dans certains cas, 3).

- Une amélioration des liens entre les stratégies de durabilité et les performances financières.

Des améliorations encore en attente

Le rapport souligne « un manque de cohérence dans la méthodologie des indicateurs ESG et pointe que les informations sont parfois trop génériques, manquant de spécificité sur les impacts réels des activités des entreprises ».

Autre point à améliorer : une faible couverture des risques liés à la biodiversité et à la durabilité sociale.

La directive CSRD : une transformation majeure en cours

Le rapport s'inscrit également dans la perspective de l'entrée en vigueur de la directive CSRD, qui redéfinira le cadre du reporting de durabilité à partir de 2025. En effet, cette directive introduit des « normes ambitieuses et contraignantes, avec des implications fortes pour les entreprises ». L'un d'eux est le périmètre élargi de la directive qui s'appliquera non seulement aux grandes entreprises cotées, mais aussi à celles non cotées dépassant certains seuils financiers et d'effectifs.

Autres points forts : l'adoption des normes spécifiques fournira un cadre homogène pour le reporting ESG, « avec des exigences détaillées en matière de durabilité environnementale, sociale et de gouvernance et la digitalisation des données avec une obligation de publier les informations sous format électronique standardisé pour faciliter leur accessibilité et leur exploitation », détaille l'AMF.

Des impacts pour les fonctions métiers

Parmi les répercussions sur les fonctions métiers des entreprises, l'AMF met en avant la nécessaire « montée en compétences pour intégrer la durabilité dans les processus internes », une exigence « accrue de précision et de fiabilité des données », ce qui entraînera des investissements dans les outils de mesure et d'audit, ainsi qu' « une pression renforcée des investisseurs et des parties prenantes pour obtenir des informations claires et comparables ».

CSRD : une transformation stratégique

Finalement, le rapport met en lumière une étape clé dans l'évolution du reporting de durabilité. Alors que la directive CSRD s'apprête à redéfinir les standards européens, les entreprises sont invitées à intensifier leurs efforts pour anticiper ces exigences. Plus qu'une contrainte, « ce cadre réglementaire offre une opportunité stratégique : celle de démontrer leur engagement en matière de durabilité et de répondre aux attentes croissantes des investisseurs, consommateurs et régulateurs », conclut le rapport.

Pour les entreprises, la clé du succès résidera donc « dans leur capacité à intégrer les enjeux ESG dans leur stratégie globale, en adoptant une approche proactive et rigoureuse face à ces défis ».


Chiffres clés :

  • 237 sociétés cotées françaises étaient redevables d'une DPEF en 2023, comprenant les grandes entreprises de plus de 500 salariés ayant des titres négociés sur des marchés réglementés.

  • 41 émetteurs issus de 13 secteurs d'activité ont été examinés entre septembre 2023 et août 2024. Parmi eux :
  • 22 grandes capitalisations (compartiment A).
  • 13 moyennes capitalisations (compartiment B).
  • 5 petites capitalisations (compartiment C).

  • 385 commentaires ont été formulés par l'AMF dans le cadre des revues.
  • 80 % des commentaires concernent le reporting "NFRD" (directive actuelle sur les informations non financières).
  • 20 % sont liés au reporting de la taxonomie européenne.

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