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Les fonds d'investissements, partenaires de la croissance des PME

Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le

Une étude de France Invest et Inuo Strategic Impact s'intéresse à l'apport des fonds d'investissements aux PME qui leur ont ouvert leur capital. Une surperformance est constatée, aussi bien au niveau de la croissance que de la performance.

Les fonds d'investissement sont souvent redoutés par les PME. Est-ce par crainte de se faire happer par des fonds "vautours", qui ne pensent qu'à leur intérêt financier et non au développement des entreprises dans lesquels ils investissent ? Est-ce par peur de perdre leur souveraineté et de se faire guider ses faits et gestes par des personnes extérieures à l'entreprise ?

Dominique Gaillard, président de France Invest (Association des Investisseurs pour la Croissance), le reconnaît : "Des entreprises familiales considèrent que faire entrer un fonds dans son capital c'est faire entrer un loup dans la bergerie. Cela est sans doute dû aux abus qui ont été médiatisés mais qui ne reflètent aucunement la façon dont les fonds font leur business". Pour faire taire ces craintes, l'association a décidé de s'associer au cabinet de conseil en stratégie Inuo Strategic Impact afin de mener une étude sur l'apport des fonds de capital-investissement aux entreprises qu'ils accompagnent.

Surperformance des entreprises accompagnées par des fonds

L'étude a consisté à comparer sur une période de 10 ans des sociétés qui ont fait l'objet d'accompagnements successifs par des fonds à des PME familiales concurrentes. En tout 28 success stories ont été étudiées de près. "Ces 28 entreprises françaises analysées sont issues de tous secteurs et sont majoritairement des PME qui étaient familiales à l'origine et qui ont ouvert leur capital entre 2009 et 2019", précise Chiheb Mahjoub, CEO de Inuo Strategic Impact.

Les résultats sont sans appel : ces entreprises ont connu une croissance plus rapide que les concurrents, avec une progression de leur chiffre d'affaires de 14 % en moyenne par an, à comparer à 8,5 % pour leurs concurrents ; 75 % ont amélioré leurs marges opérationnelles et 64 % ont une efficience opérationnelle supérieure à celles de leurs concurrents. Ce sont donc aussi bien la croissance que la performance opérationnelle qui affichent de meilleurs niveaux que la concurrence.

"Les fonds sont des partenaires qui permettent d'accélérer la croissance des PME, lors de chacune des étapes de leur développement. Et cela parce qu'ils ont des exigences importantes qui permettent aux entreprises à réaliser de meilleures performances", analyse Dominique Gaillard.

Accompagnement des dirigeants

L'étude a également consisté à recueillir le témoignage des dirigeants des entreprises analysées ; 22 ont accepté de se prêter au jeu. "Beaucoup de dirigeants ont témoigné de l'amélioration de leurs processus de gouvernance, de pilotage mais aussi de décision par la présence des actionnaires au sein du board", rapporte Chiheb Mahjoub, soulignant que les fonds apportent un réel professionnalisme et une transversalité de vue sur d'autres secteurs.

Une hauteur de vue qui peut être utile pour certaines actions techniques, comme par exemple des acquisitions à l'étranger. "En faisant entrer des fonds dans leur capital, les entreprises accèdent aussi à davantage de crédibilité mais aussi à des réseaux", complète Chiheb Mahjoub, employant le terme de "sparring partner" pour qualifier l'action des fonds.

Contrôler capitalistiquement son entreprise

Autre élément souligné par l'étude : les familles et managers sont redevenus majoritaires dans plus de 20% des entreprises. "Ce résultat permet de démystifier la peur de la perte de contrôle : il est possible de redevenir progressivement majoritaire au capital et de contrôler capitalistiquement son entreprise, malgré la présence de fonds", assure Chiheb Mahjoub.

"Les LBO successifs permettent de monter au capital à chaque opération", poursuit Dominique Gaillard. Il souligne sur ce point la "schizophrénie" des managers qui souhaitent redevenir majoritaires tout en privilégiant des fonds plus long terme (15 ans vs 10 ans maximum) pour éviter des processus chronophages. "Or, relève-t-il, il faut au moins trois au 4 LBO successifs pour remonter sensiblement au capital".

Choisir le partenaire adapté

Les sorties des fonds sont souvent un moment clé qu'il s'agit de bien négocier lors de la signature du contrat. Autre facteur-clé de succès : "l'intuiti personae". "Il est important que le manager se mette d'accord avec un gérant qui restera tout au long du dossier. Les échecs sont souvent dû à un changement de gérant", indique Dominique Gaillard. Il invite, avant de nouer avec un fonds, de se renseigner auprès d'autres dirigeants, afin de valider le choix du partenaire.

Le choix du partenaire est en effet essentiel : il doit être adapté à la taille de l'entreprise, à son secteur, à ses projets, etc..."Si une entreprise souhaite se développer à l'international, il faut que le fonds sélectionné soit capable de l'accompagner via son réseau. Un fonds qui ne ferait que financer et attendre de passer à la prochaine LBO serait inutile", pense Chiheb Mahjoub. Il invite également à s'assurer de la compatibilité culturelle entre l'entreprise et le fonds. "Une dirigeante interrogée dans le cadre de l'étude à comparer cela à un mariage", relate-t-il.

Outil de la relance

Si les fonds ont accompagné avec succès les entreprises analysées entre 2009 et 2019, qu'en est-il de la période de crise actuelle. D'après Dominique Gaillard, les entreprises accompagnées par des fonds s'en sont mieux sorties au niveau de leur trésorerie. "Les fonds ont aussi fait bénéficié de leur expérience des crises passées à leur portefeuille", estime-t-il.

Et aujourd'hui ? Les fonds sont-ils une solution pour faire repartir les entreprises sur le chemin de la croissance ? Les entreprises peuvent en effet compter sur les fonds via les obligations Relance. "Nous jouons vraiment le jeu du rebond et souhaitons propose ces obligations à 2000 PME et ETI", explique Dominique Gaillard.

Les fonds souhaitent également répondre présents pour accompagner les opérations de fusions-acquisitions qui sont en train de se multiplier. Ils sont assurément un outil de la relance. A condition de bien choisir son partenaire et de bien négocier son contrat.



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