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Le Private Equity face aux difficultés de financement

Publié par Marc Karako, Managing director du bureau parisien de Park Partners et Donia Ben Ouirane, stagiaire chez Park Partners le | Mis à jour le

L'augmentation du coût de l'endettement, la fragilisation du secteur bancaire et l'amplification de la volatilité des valorisations des entreprises, associés à un contexte de durcissement des politiques monétaires, impactent l'ensemble des secteurs de l'économie. Le Private Equity (investissement en capital dans les sociétés non cotées) et les petites et moyennes capitalisations (small et mid caps) font partie des acteurs les plus touchés.

Compte tenu des turbulences économiques qui ont débuté l'an dernier, le Private Equity, au cours de 2022, a vu le nombre d'opérations de LBO (leveraged buy-out) baisser de 30% dans le monde et le rendement des sociétés du secteur cotées en bourse diminuer de 26,6% selon l'indice spécialisé LPX50. Comment les petites et moyennes entreprises qui sont détenues par des fonds d'investissement peuvent-elles donc se financer dans ces circonstances ?

Des augmentations de capital difficiles à réaliser

En période d'instabilité économique, les sociétés de capital-investissement peuvent de moins en moins avoir recours à des augmentations de capital classiques pour financer la croissance ou réduire l'endettement de leurs participations.

En effet, le coût du capital (à la fois de la dette et des fonds propres) des sociétés augmente en période de hausse des taux et impacte leur valorisation qui résulte de l'actualisation des flux de trésorerie pouvant être générés. L'entreprise est donc contrainte de dégager des profits plus élevés qu'en période de basse inflation, ce qui est de nature à dissuader les investisseurs potentiels.

C'est pourquoi les small & mid caps ont davantage recours aux investisseurs individuels pour accroitre leurs fonds propres principalement par l'intermédiaire des plateformes definancement participatif/crowdfunding (crowdequity).

Les levées de fonds connaissent donc un ralentissement au profit des financements non dilutifs.

Les financements non dilutifs privilégiés

Dans un cycle de hausse des taux d'intérêt et de l'inflation, la dette privée devient un mode de financement privilégié. Cette dette provient de fonds spécialisés mais également d'investisseurs particuliers par l'intermédiaire des plateformes de financement participatif (crowdlending) comme le montrent les récentes annonces de Visiomed et de Metadvertise, sociétés cotées sur Euronext Growth.

La dette privée permet en effet d'obtenir des termes et conditions bien plus flexibles que celles des emprunts bancaires traditionnels.

Ce type de dette, généralement sans garantie particulière et donc plus onéreuse que l'emprunt bancaire classique, est un bon compromis en cette période d'instabilité car elle se situe entre la dette senior (dont le remboursement est prioritaire) et les fonds propres en termes de rendement et de risque. Sa souplesse permet à l'entreprise de financer sa croissance sans diluer l'actionnariat et aux prêteurs d'obtenir des rendements élevés.

A noter également que les marchés obligataires à haut rendement (high yieldbonds) et les crédits syndiqués (plusieurs banques participent au même accord de prêt) devraient continuer à rester difficiles d'accès tant que l'inflation de sera pas maitrisée.

Dette privée, prêts alternatifs, crowdfunding sont les solutions qui peuvent être mises en place pour contrebalancer les problématiques liées à la hausse des taux d'intérêt, c'est-à-dire l'accroissement des frais financiers et les difficultés d'accès aux augmentations de capital et aux emprunts bancaires traditionnels.

Les turbulences financières actuelles risquent de se poursuivre en 2023 et ainsi inciter les équipes d'investissement à se concentrer sur le soutien et le développement de leurs participations plutôt que sur la réalisation de nouvelles opérations.

Les auteurs :

Sophie PALMIER/REA

Equipe Park Partners

Marc Karako est Managing Director du bureau Parisien Park Partners, société de capital-investissement. Il est diplômé de l'Ecole Nationale des Ponts & Chaussées et titulaire d'un MBA de l'Université de Chicago. Ancien Directeur Financier de groupes internationaux, il a notamment mené l'introduction en bourse d'une société de biotechnologie.

Donia Ben Ouirane est étudiante à Grenoble Ecole de Management et a récemment rejoint Park Partners dans le cadre d'un stage.


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