Raconter une histoire
Il s'agit donc de tout mettre en oeuvre pour transformer ce pouvoir d'influence en force de proposition. À peine le LBO conclu, il faut déjà penser à la sortie. Damien Allo conseille d'identifier les sources de valeurs de l'entreprise. " Cela permet de bien positionner l'entreprise sur sa trajectoire de sortie. Car lorsque l'on se prépare à un autre LBO, il faut raconter une histoire, montrer sa capacité à transformer l'actif ", insiste-t-il.
Ce projet peut être partagé avec l'actionnaire, mais aussi et surtout les investisseurs futurs. " Le management doit avoir une démarche vendeuse, présenter son projet. Il peut arriver qu'il rencontre des investisseurs, ce qui renforce son pouvoir décisionnaire ", remarque Frédéric Zeitoun.
Et s'il faut anticiper, formuler un projet et le partager au plus vite, c'est pour éviter toute dérive de la part des porteurs initiaux. " Ils peuvent prendre peur et céder un peu vite et facilement. Le danger est de se retrouver avec des hedge funds qui vont acheter de la dette à un prix très bas pour la revendre rapidement ", pointe Patrick Daguet, directeur de programme Executive Mastère Spécialisé en Direction Financière à l'Ieseg.
Il n'y aura alors plus de projet, mais juste le désir de restructurer fortement l'entreprise. Ou pire de la liquider. Le LBO a ses travers qu'il s'agit d'éviter.
Kiloutou mise sur la confiance
Kiloutou a déjà vécu deux sorties de LBO, en 2011 et tout récemment, en 2017. À chaque fois, l'ensemble des directions s'est impliqué dans le projet, chacune dans leur domaine et de manière coordonnée. Au coeur des priorités : les équipes. Tout a été fait pour rassurer les collaborateurs, potentiellement déstabilisés par ces changements d'actionnaires." L'actionnariat évolue, mais le management est stable, à quelques mouvements près. C'est un facteur de confiance fort ", souligne David Lamiaux,directeur des ressources humaines de l'entreprise. Pour garantir cette continuité, la direction de Kiloutou s'assure que les hommes clés ne quittent pas le navire lors de la sortie du fonds. L'organigramme de succession est donc préparé 5 ans à l'avance à travers l'identification des hommes clés, les départs sont annoncés et les remplacements envisagés. " Ce travail est également important pour les investisseurs car ils achètent aussi une équipe ", ajoute David Lamiaux. Si l'organigramme est construit 5 ans à l'avance, Kiloutou élabore un projet d'entreprise à horizon 10 ans. Préparer en amont, ce projet d'entreprise permet d'échanger avec des investisseurs potentiels et de ne pas "subir " le process de vente. " Nous avons suffisamment discuté avec les candidats au rachat pour nous assurer que nous avons envie de travailler ensemble, que nous allons dans la même direction ", indique Jan-Luc Ambre, DAF de Kiloutou. La confiance est donc de mise avec les équipes, les futurs investisseurs, mais également les actionnaires actuels : " Les scénarios potentiels de sortie ont déjà été évoqués avec les investisseurs actuels alors qu'ils ne sont entrés au capital que depuis un an. On commence dans un climat de confiance, on finit dans un climat de confiance ", conclut Jan-Luc Ambre.