Trophées DAF 2019 / Sibylle Blumenfeld (Tranoï) : "Accompagner l'entreprise pour le pire et pour le meilleur !
Publié par Camille George le | Mis à jour le
Accompagner une entreprise en retournement n'est pas tâche aisée mais à force de transparence et de pédagogie, l'horizon finit par s'éclaircir et devient même prometteur.
Pour Sibylle Blumenfeld "dans l'entreprise il n'est de richesse que d'hommes et la communication est la base de tout investissement, au sens propre comme au figuré." Peut-être parce qu'elle est la première incarnation de la fonction finance, elle a su développer une culture de la transparence et de la confiance qu'elle distille habilement sur son passage. Qu'elle agisse au sein d'un groupe industriel, d'une start-up ou d'un organisme à but non lucratif comme le Mémorial de la Shoah, elle s'attache toujours à porter haut le projet d'entreprise. "Au Mémorial, nous n'étions pas seulement les garants d'un retour sur investissement financier mais également d'un retour sur investissement moral. La culture du secret est d'un autre âge et doit laisser place à la culture de la transparence. Dans ce contexte, le CFO doit donner des gages de confiance à ses interlocuteurs à la fois internes et externes."
Un retournement mené avec doigté
Depuis 2 ans en tant que DGA Finances et Administration chez Tranoï, organisateur de salons de mode qui vise à mettre en relation créateurs et acheteurs multi-marques, Sibylle Blumenfeld n'a pas chômé. Elle est arrivée dans un contexte particulier. L'entreprise sous LBO depuis 2013 venait de faire refinancer son crédit bancaire. "Ce qui est risqué car cela implique une rentabilité élevée ", explique-t-elle. Or, en l'absence d'une direction financière en interne, Tranoï était géré par un écosystème opaque de consultants offrant une visibilité limitée aux actionnaires. Arrivée juste avant la clôture, sa première action a été de mener un audit rigoureux avec l'esprit critique de l'ancienne auditrice externe qu'elle avait été auparavant. Une fois ce nettoyage comptable réalisé, est apparu un décalage entre le business plan prévu et la réalité du business qui s'imposait dans les faits. "Il a fallu ré-envisager le business plan, avoir une compréhension totale de la situation et être à la hauteur des attentes des banques. " Une fois ces jalons mis en place, elle a défendu le nouveau projet devant les banquiers. Convaincus, ces derniers se sont dits "déçus mais pas inquiets" et lui ont accordé un waiver pour bris de covenant." Tranoï a ainsi conservé son crédit dans les deux sens du terme."
Les activités ont notamment été recentrées sur la France et la filiale new-yorkaise a été mise en sommeil. Les efforts de Sibylle Blumenfeld se sont ensuite concentrés sur la mise en place et la diffusion d'une culture financière avec un codir qui ajuste la stratégie en fonction de reportings et de forecasts précis. Avec sa casquette RH, elle a désormais défini les primes en fonction des résultats, d'abord collectifs, puis individuels. Elle a basé sa communication sur l'EBITDA et sur le principe de "under promise, over deliver". "Cette dynamique positive et le fait d'être très précautionneux a donné finalement d'excellents résultats puisque nous avons même réussi à être en excès de cash-flow." Le retournement a été opéré ! L'horizon s'est éclairci pour laisser place à de nouveaux projets de développement : "Nous nous lançons à Shanghai fin mars dans un contexte plus mesuré et moins risqué que ce qui avait été fait à New-York."
Si vous n'étiez pas DAF vous seriez ?
Cuisinière. C'est un beau métier qui nécessite rigueur et créativité, tout en étant tourné vers le partage.
Le principal défi pour votre fonction dans les 5 ans à venir selon vous ?
Naviguer sans visibilité dans un contexte où les positions ne sont jamais définitivement acquises, ce qui demandera de l'agilité et de la réactivité.
Repères :
Raison Sociale : Tranoï
Activité de l'entreprise : salons de mode
Forme Juridique : SAS
Création du groupe : 1998
Siège : Paris
Effectif 2018 : 20
CA 2018 : entre 10 et 20 M€