[Vidéo] Trophées 2024 - Sophie Kurinckx-Leclerc (Banijay Group) : "La gestion de la liquidité du titre est un enjeu de taille pour la croissance du groupe et accéder au marché equity"

Sophie Kurinckx-Leclerc, daf de Banijay, groupe de production audiovisuel français, revient sur le rachat d'Endemol en 2020 et son prochain défi de faire vivre la liquidité du titre de la société cotee en Bourse depuis juillet 2022.

Le rachat d'Endemol, réalisé en pleine pandémie, a été un moment charnière de votre carrière. Quelles ont été les étapes clés de cette intégration et comment avez-vous surmonté les obstacles ?

Au niveau de la finance, les principaux enjeux ont été de dessiner la nouvelle équipe en combinant les compétences de chaque groupe et de récupérer toutes les données financières de ce groupe qui faisait 2 fois la taille du groupe Banijay à l'époque. Il a fallu tout mettre dans un système commun avec des normes communes en un temps réduit de 4 mois. Nous avons alors constitué des équipes projets mixtes Endemol et Banijay pour pouvoir mixer les compétences et les connaissances. Il a fallu intégrer toute ces équipes dans une vision stratégique et c'est cela qui a été déterminant dans la réussite de ce projet. J'ai mis en parallèle des systèmes d'incentives et de bonus. Au final, nous avons réussi en 4 mois à reprendre les 2 années précédentes des comptes ainsi que ceux de l'année en cours pour établir les comptes annuels.

De plus, cela s'est fait en 2020, en plein Covid et juste après le confinement. Côté RH, je suis allée rencontrer les équipes d'Endemol qui étaient basées à Amsterdam pour connaître leur motivation et leurs compétences afin de faire un choix pour mixer ensuite les équipes. J'ai dessiné des équipes combinées et malheureusement il a fallu licencier certaines personnes en visio car les déplacements étaient très restreints. On a essayé de mettre le plus d'humain possible dans ce processus en faisant accompagner ces personnes par les équipes RH basées à Amsterdam.

La gestion de la liquidité du titre est un de vos défis majeurs. En quoi cela consiste et en quoi est-ce crucial pour le groupe ?

Plus qu'un défi, c'est un enjeu majeur pour le groupe. Banijay group est un groupe qui comprend Banijay, une société de production audiovisuelle qui fait environ 3 milliards de CA, un groupe de paris sportifs en ligne, Betclic (1 milliard de CA) et une 3e branche assez récente dans l'évènementiel (avec la production de grands évènements comme la cérémonie d'ouverture de la coupe du Monde au Qatar) et la prise de participation dans une société d'évènementiel autour des marques de luxe et défilés de mode. Banijay group a été coté en Bourse juillet 2022 via un despascking aux côtés de grands investisseurs qui nous suivent depuis le départ (Vivendi, Fimalac, ...). Aujourd'hui, notre flottant est à 9%, ce qui est assez peu et ne permet pas au titre de vivre et à la société cotée d'exister. Car finalement en raison de ce faible flottant, peu de titres s'échangent. C'est pourquoi, c'est un véritable enjeu pour accompagner la croissance du groupe d'avoir accès à des ressources externes et notamment au marché equity. Il est très important que ce flottant vive et c'est pour cela qu'il est primordial de l'élargir assez rapidement.

Comment votre direction intègre-t-elle les enjeux ESG dans sa stratégie financière ?

En tant que directrice financière du groupe Banijay, je suis également responsable de la stratégie RSE au sein du groupe. C'est déjà un signe fort que cette dimension RSE soit intégrée dans la finance. C'est également intégré dans le business. Aujourd'hui la RSE est un enjeu majeur sur nos 2 activités piliers, le pari sportif en ligne et la production audiovisuelle. Concernant la partie paris sportifs en ligne, les enjeux sont celui du jeu responsable et la lutte contre le blanchiment d'argent. Si on n'a pas ces 2 piliers là au coeur de la stratégie de notre business, on ne pourra pas survivre. Car il y a des réglementations très dures sur le jeu en ligne mais on veut que cela reste un divertissement. Il faut que les gens puissent continuer à jouer pour des petites sommes, c'est ce qui fait notre ADN. Sur la partie audiovisuelle, on a un enjeu sociétal fort sur la diversité et l'inclusion. Nous y travaillons devant et derrière la caméra. Car c'est aussi un axe fort dans une politique RH de rétention et attraction des talents. On sait que les jeunes générations sont très attachées à cela.

Enfant, vous rêviez de devenir ?

J'aurai voulu acheter et gérer un petit hôtel parce que j'aime la relation et le service aux autres.

Que diriez-vous à un jeune pour lui donner la vocation du métier ?

Cela peut avoir l'air d'être un métier rébarbatif et pas très marrant mais je m'amuse tous les jours. Car je suis au contact des opérationnels. Et mon métier c'est de leur apporter les moyens de travailler et de développer leur business. Mais surtout chez Banijay group, les gens sont passionnés et cela est très valorisant. C'est faire partie d'une aventure !