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[Vidéo] Trophées 2024 - Cherifa Hemadou (Virbac) : "Le rachat de Sasaeah a été une opération d'envergure davantage d'un point de vue social que de celui du montant à financer"

Publié par Marie-Amélie Fenoll le - mis à jour à

Grâce à une vie antérieure de trésorière, Cherifa Hemadou directrice financière de Virbac, entreprise cotée spécialisée dans la santé animale, promeut une approche très pédagogique de son métier auprès de sés équipes. Elle détaille ici une opération de M&A d'envergure pour le groupe avec le rachat du numéro 4 de la santé animale au Japon pour un montant de 280 millions d'euros. Un défi autant dans la recherche de financement que dans sa dimension sociale.

Votre expertise technique en trésorerie est un atout précieux. Comment cela influence-t-il vos relations avec vos équipes financières au quotidien ?

Cette expertise technique influence probablement ma façon de mener les opérations auprès de mes équipes grâce à une approche très pragmatique et très concrète. Quand on gère du cash c'est toujours très concret car ce sont des décisions qui deviennent effectives très vite. J'ai l'habitude de leur dire d'avoir une approche très pédagogique et d'être pédagogue auprès des opérationnels en simplifiant le plus possible. Je leur demande également de se préoccuper du ROI. Car quand on investit et qu'on négocie un budget, on doit avoir en tête l'impact que ça va rapporter ou non. Il faut être capable de visualiser et d'expliquer ce que cela peut rapporter à la société.

Vous avez piloté le rachat de la filiale Sasaeah (numéro 4 de la santé animale au Japon). Comment avez-vous géré la recherche de financements pour cette opération ?

Il s'agissait d'une opération de M&A d'envergure pour le groupe, non pas dans le montant payé ou dans le montant à financer, mais davantage dans sa dimension business et sociale. En termes de financement, l'enjeu a résidé dans la capacité à délivrer une lettre de fonds certains pour garantir à notre vendeur que nous étions de sérieux acquéreurs. Comment s'est faite la recherche ? Nous avons pour habitude de travailler avec un pool bancaire traditionnel historique (plus historique que traditionnel d'ailleurs). J'ai donc sélectionné 3 partenaires dont je connaissais la capacité à nous accompagner. Nous les avons approchés via une opération marketing avec mon dg afin de leur expliquer en quoi cette acquisition serait stratégique et le montant que nous visions en termes de de financement. Nous avons ensuite monté une ligne de financement avec des tiroirs parce qu'au même moment où l'on s'intéressait à cette acquisition de Sasaeah, nous avions 2 autres deals de taille significative qui pouvaient aussi être conclus. Il nous fallait être capables d'avoir un montant maximum et un montant minimum.

J'ai donc travaillé à la structuration de ce financement avec le plus de souplesse possible et la garantie qu'on serait suivi. Cela s'est avéré gagnant car on a conclu l'opération dans un timing et dans une période qui était particulièrement difficile, celle des fêtes de Noël. Il fallait donner notre lettre de fonds certains le 11 janvier, ce qui a été fait. Le montant de l'acquisition annoncé était de 280 millions (avec un financement décomposé de la façon suivante : un bridge de 400 millions et une RCF de 200 millions). Nous avons aussi activé une clause accordéon qui nous permettait de l'augmenter de 150 millions. Et nous avons également rajouté une clause d'accordéon sur la clause d'accordéon. Ce qui est une petite singularité qui nous permet de garder encore du disponible pour d'autres dossiers qui sont à l'étude actuellement.

Ce rachat impliquait également un enjeu humain, avec 500 salariés concernés. Comment avez-vous abordé cette dimension sociale et managériale ?

Cela a été une acquisition de taille significative du fait du nombre de d'employés à intégrer, notamment parce que nous le faisions à travers la filiale Virbac Japan qui elle, ne comporte qu'une cinquantaine de salariés. Nous avons donc travaillé à une reverse intégration en ayant en tête qu'il fallait rassurer à la fois les employés de Virbac Japan mais aussi embarquer les salariés de Sasaeah. Notre argument fort était de leur dire qu'ils étaient autrefois détenus par un groupe qui avait beaucoup d'activités dans de nombreux domaines mais qui n'était pas expert de la santé animale. Or, Virbac est un pure player de la santé animale. Cet argument a été entendu, car nous avons eu des retours très positifs à travers une enquête.

Enfant, vous rêviez de devenir ?

Chanteuse d'Opéra.

Que diriez-vous à un jeune pour lui donner la vocation du métier ?

C'est une question compliquée car je n'y suis pas venue par vocation. Mais si on aime être au contact des autres, comprendre leur univers, servir de traducteur et de simplificateur ou encore se projeter comme quelqu'un qui apporte des solutions cela peut être un métier à embrasser.




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