Recherche

Financement vert : qu'en pensent les chercheurs ?

La Paris School of Business Research Lab a récemment organisé un débat entre chercheurs et professionnels pour discuter du financement vert et des initiatives des entreprises pour soutenir la durabilité. Ce regard croisé fut l'occasion d'aborder différents sujets comme l'enjeu d'image, le greenwashing, les réglementations, les scores ESG et les pays en développement.

Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
Lecture
3 min
  • Imprimer
Approval or Disapproval with Like or Dislike gestures
© dampoint - Fotolia
Approval or Disapproval with Like or Dislike gestures

Encourager le dialogue entre les chercheurs et les managers sur les enjeux de la finance verte. Tel était l'objectif d'un petit-déjeuner débat organisé le 10 octobre dernier par la Paris School of Business Research Lab, à Paris. Cet évènement fut notamment l'occasion d'évoquer les actions mises en oeuvre par les entreprises en matière de durabilité. « Les entreprises ne le font pas que par vertu mais aussi pour se prémunir des controverses. L'enjeu d'image constitue un impact financier colossal », a souligné Diane Menville, directrice de la trésorerie et des marchés de capitaux de l'Agence française de développement. De son côté Himadou Alou, responsable des affaires publiques et réglementation chez Sequantis (société spécialisée dans la production de reportings financiers réglementaires) a mis en garde sur la notion de greenwashing. « Beaucoup d'entreprises communiquent sur leurs actions RSE mais dans les faits, elles ne transforment pas forcément le modèle », constate-t-il, en appuyant ses propos avec l'exemple d'un groupe qui vend des centrales à charbon pour verdir son activité. « Au final, ces centrales seront utilisées par d'autres, donc l'impact global restera le même », indique-t-il.

Soft ou hard laws

Les États peuvent aussi influer sur le comportement des entreprises en matière de RSE. « Certaines problématiques requièrent un horizon très large. Dans ce cas, les entreprises ne peuvent pas gérer et les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer sur le long terme », confirme Antoine Mandel, co-fondateur de Climafin et professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Les participants ont mis en avant deux approches : les incitations non obligatoires (soft laws) et les réglementations contraignantes (hard laws). « Aux Etats-Unis, la réglementation est par exemple moins contraignante qu'en Europe. Or les entreprises américaines fournissent tout autant de données extra-financières car elles sont contraintes par le marché », observe Diane Menville. Elle constate cependant que la qualité des données aux Etats-Unis n'est pas très bonne et que ces dernières sont peu exploitables. « Il est essentiel de mettre en place des règles claires pour mieux standardiser les données », souligne-t-elle. Elle rappelle toutefois que la finance fait avant tout la loi. « Si les investisseurs ont besoin de données, les entreprises les fourniront sans avoir besoin d'une réglementation », précise-t-elle. Les participants sont aussi revenus sur les notations et score ESG mis en place par les agences de notation. Selon eux, ces scores ont perdu en crédibilité car la façon de les traiter est très différente d'une agence à l'autre. Résultat : ces notations peuvent diverger fortement selon les agences, contrairement au score crédit.

Quid des pays en voie de développement ?

Enfin, les participants ont aussi mis en avant l'enjeu de lutter contre le changement climatique dans les pays en développement. « Les modèles déployés dans les pays développés ne sont pas forcément réplicables dans les pays émergents en raison de différences culturelles, géographiques, etc. », pointe toutefois Khaled Guesmi, enseignant chercheur et directeur du Centre de Recherche sur l'Énergie et le Changement Climatique (CREEC). Ce dernier déplore également une dichotomie entre les pays du nord et du sud. « Les pays développés fortement industrialisés sont les responsables historiques des émissions de carbone. Or, ils demandent aux pays en développement de limiter leurs émissions, ce qui peut limiter leur croissance économique », détaille-t-il. Pour sa part, Diane Menville regrette un manque d'investissement dans les projets RSE dans ces pays. « La finance publique ne peut pas gérer toute cela seule. Nous avons besoin d'attirer des financements privés mais les investissements sont très peu élevés dans ces zones, au regard des capacités de la finance mondiale », note-t-elle.

Livres Blancs

Voir tous les livres blancs
S'abonner
au magazine
Retour haut de page