CSRD : quels défis selon les pays européens ?
Publié par La rédaction le - mis à jour à
Alors que la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) suscite des critiques pour sa supposée surcharge bureaucratique, elle reste une priorité stratégique incontournable pour les entreprises européennes. Une enquête menée par l'European Association for Sustainability Professionals (EASP) auprès de 400 professionnels de la RSE, de l'ESG et du développement durable révèle des tendances contrastées et des défis majeurs liés à sa mise en oeuvre.
La directive CSRD pousse les entreprises européennes à revoir leurs pratiques, accélérant ainsi leur transformation vers des modèles plus durables. Si les critiques sur la charge administrative subsistent, l'enquête de l'EASP montre une prise de conscience généralisée et des efforts notables pour s'adapter.
Des efforts variés selon les pays européens
- En France : les entreprises françaises, bien qu'impactées, n'ont pas encore initié de transformations organisationnelles profondes. Les équipes RSE existantes gèrent le projet CSRD, souvent au prix d'un ralentissement de leurs autres initiatives. Dans le détail, 54 % des entreprises ont recours à des consultants externes pour répondre aux exigences de la directive. Et 39 % d'entre elles ont augmenté leur budget dédié à la durabilité.
- En Allemagne : un effet de ruissellement se fait sentir pour les grandes entreprises soumises au reporting CSRD. Elles exigent désormais des données de leurs fournisseurs, provoquant une adaptation progressive le long de la chaîne de valeur. Ce phénomène pourrait entraîner une transformation en profondeur des pratiques dans plusieurs secteurs.
- Au Royaume-Uni : bien que non soumis à la CSRD, le Royaume-Uni prépare activement ses entreprises à cette évolution. En effet, 60 % des entreprises interrogées ont déjà entamé leur préparation et 25 % prévoient de solliciter des consultants externes, reflétant une anticipation stratégique face à un marché global de plus en plus exigeant sur les normes ESG.
- En Espagne : 79 % des entreprises ont un plan de transition ou se déclarent prêtes. Contrairement à d'autres pays, elles misent principalement sur des ressources internes pour répondre à la directive.
- En Italie : la situation est plus variable, avec des approches différenciées selon la taille et le secteur d'activité. Cependant, les PME et ETI, qui forment une part importante de l'économie italienne, prennent de l'avance dans leur préparation.
Des ressources jugées insuffisantes
Malgré des efforts notables, 55 % des directeurs RSE européens estiment que leurs ressources actuelles sont insuffisantes pour garantir une conformité durable. Cette insuffisance de moyens, qu'elle soit budgétaire ou organisationnelle, freine les progrès nécessaires pour faire de la durabilité une priorité stratégique.
Un rôle croissant des consultants externes
De nombreuses entreprises, notamment en France et au Royaume-Uni, s'appuient sur des experts pour naviguer dans les complexités de la directive. En Allemagne, l'effet de ruissellement montre l'impact structurel de la CSRD sur les chaînes de valeur.
Les PME et ETI en première ligne
Dans des pays comme l'Espagne et l'Italie, les petites et moyennes entreprises anticipent les exigences pour éviter des ajustements soudains.
Pour réussir cette transition, un investissement accru dans les ressources humaines et financières est crucial. Il en va non seulement de la conformité réglementaire, mais aussi de la compétitivité des entreprises dans un marché où la durabilité est devenue un impératif stratégique.