CSRD : comment le groupe Thermador se met en ordre de marche
Publié par Stéphanie Gallo le | Mis à jour le
Le groupe isérois Thermador avance d'un pas assuré sur le chemin de la CSRD. Un sujet piloté conjointement par la présidence de l'entreprise, la direction financière et la direction du développement durable.
Pour Patricia Mavigner, directrice générale déléguée en charge des directions financière et juridique du groupe Thermador, la CSRD fait certes peser de lourdes contraintes sur l'entreprise mais elle doit aussi (et avant tout) être appréhendée comme une « opportunité d'amélioration des pratiques et du niveau de transparence proposé aux actionnaires, aux salariés et à l'ensemble des parties prenantes ».
Le groupe isérois (581 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023 ; 28.000 clients ; 790 salariés) est spécialisé dans la distribution de matériel pour la circulation des fluides dans le bâtiment (eau sanitaire, chauffage) avec ses marques Thermador, Sferaco, Syveco, Odrea, Isocel et Axelair notamment, ainsi que dans les pompes et équipements liés au cycle de l'eau. Ses clients : des grossistes en chauffage et sanitaire, pompes, robinetteries, fournitures industrielles, des professionnels de la piscine, des entreprises de travaux publics et globalement tous les acteurs du bricolage. Le groupe ne fabrique rien en interne mais stocke beaucoup et affiche un catalogue dense de quelque 66.000 références achetées auprès de près de 800 fournisseurs (dont les deux tiers, en volume, sont situés en Europe). Le tout orchestré par 18 filiales. Un modèle qui complexifie considérablement les obligations de Thermador en matière de CSRD, même si le groupe se prépare au sujet depuis plusieurs années.
Profiter des process mis en place pour les datas financières
« Cela fait longtemps, depuis 2012 exactement, que nous produisons des indicateurs extra-financiers dans notre rapport annuel. Nous avions deux volets principaux : un volet humain et un volet environnemental. Progressivement, nous sommes montés en puissance au fur et à mesure que nous répondions volontairement à diverses enquêtes RSE pour lesquelles nous allions chercher des données. Nous les intégrions alors dans ce rapport. En 2019, nous avons mis en place notre premier DPEF et nous avons progressé chaque année depuis. Nous sommes passés de 60 à 90 indicateurs* puis, nous avons fait un saut considérable en 2022 avec 200 indicateurs puis 300 en 2023 », raconte Patricia Mavigner, à la manoeuvre. 800.000 euros ont été investis pour mener à bien le projet DPEF, budget comprenant notamment la constitution d'une équipe développement durable dédiée. Des outils de reporting communs à toutes les filiales ont été construits et déployés afin de garantir une homogénéité des données fournies par l'ensemble des filiales.
Dans cette étape, Thermador s'est appuyé sur le savoir-faire et les méthodes de reporting et consolidation que le groupe avait déjà bien rôdé pour ses indicateurs financiers. « On s'appuie sensiblement sur les mêmes ressources humaines : une équipe centrale au siège et des équipes dans chacune des filiales impliquant les directions administratives, les achats, etc. Pour les indicateurs financiers, nous avons un reporting mensuel. Pour l'extra-financier, il s'agit plutôt d'un reporting semestriel mais dans les faits, les filiales alimentent les bases tous les mois ».
La partie « achats » a représenté une grosse partie du travail. Car dans le modèle d'organisation de Thermador, son bilan environnemental est très lié à son scope 3. « Le travail sur le DPEF puis la CSRD nous encourage à questionner en profondeur nos process achats, les pratiques de nos fournisseurs, la viabilité de certains sites par rapport au changement climatique etc ».
Thermador s'est fait accompagner par une consultante spécialisée afin d'évaluer les indicateurs sur lesquels elle va devoir rendre compte ainsi que les modalités de calcul désormais imposés par la CSRD. « Nous en sommes au stade de la gap analysis entre notre DPEF et la future CSRD. Je ne peux pas encore vous dire quelle sera l'ampleur de la marche à gravir, elle peut être grande. Mais heureusement, nous avons trois ans devant nous pour progresser. Nous sommes inscrits dans un processus allant crescendo, nous sommes et nous serons de plus en plus précis. Et quand nous ne serons pas capables de reporter un indicateur, nous le dirons en toute transparence et nous expliquerons quand et comment nous comptons y parvenir », souligne la directrice générale déléguée. Tout en rappelant que l'objectif ultime n'est pas de produire la plus belle et complète CSRD possible mais bien d'agir pour que les indicateurs figurant dans cette CSRD soient, eux, de plus en plus reluisants. Et pour cela, plusieurs directions de l'entreprise travaillent conjointement : le pôle développement durable mais aussi les achats, la logistique, les déchets etc. Le tout dans le cadre d'une feuille de route groupe.
*Exemples d'indicateurs reportés pour la CSRD obligatoire : (Scope 1 : Emissions directes - flotte de véhicules, Emissions directes - chauffage et rafraîchissement des bâtiments, Scope 2 - Emissions indirectes dues à la consommation d'énergies des bâtiments, Scope 3 - Emissions indirectes dues à nos produits, Déchets liés à nos activités). Et indicateurs reportés pour la CSRD de manière volontaire (à titre d'exemple) : Part du capital détenue par les salariés et anciens salariés, pourcentage des salariés exposés formés sur les 3 dernières années à l'anticorruption.