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[Dossier] French Tech : feu de paille ou vrai phénomène ?

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Attirer des talents

Car les entreprises en croissance doivent faire face à deux défis : signer des contrats et recruter. Les dirigeants estiment que la pérennité de l'entreprise dépend de ses talents. Or, dans le secteur de la techno, grandir, c'est se positionner à l'international. "Aux États-Unis, les entrepreneurs français ont du mal à recruter parce que les talents sont chers", observe Laurent Ruben, dirigeant du cabinet conseil French Accelerator et fondateur de la French Tech L.A., à Los Angeles. "Tandis qu'en France un ingénieur coûte entre 30 000 et 40 000 euros en début de carrière, aux États-Unis, il faut compter le double ! Idem pour les commerciaux. Surtout, les collaborateurs sont volatils", ajoute-t il. Ce qui rend l'exercice plus complexe.

Au final, si la French Tech pousse les PME françaises et si le programme les aide à grandir, il faut en nuancer la portée. "Sur un marché mondial, le développement d'une entreprise n'est pas lié à sa territorialité. Le facteur-clé de succès, c'est l'équipe qui porte le projet et sa capacité à développer une culture globale autour d'un produit au top. Il ne faudrait pas se tromper de sujet en racontant l'histoire de la French Tech et ramener les start-up dans un périmètre restreint. L'enjeu est bien de dépasser les frontières", prévient Carlos Diaz, cofondateur de l'incubateur The Refiners implanté dans la Silicon Valley.


D'ailleurs, aussi positive soit-elle, la multiplication des labels en région s'inscrit dans une certaine dynamique mais peut ajouter à la confusion. "J'ai des clients qui ne savent plus à qui s'adresser. Pour réellement aider les entrepreneurs, il serait temps de créer de la stabilité et de réunir toutes les parties prenantes (banques, écoles, centres de R & D, financeurs, etc.) autour de la même table, ce qui n'est pas le cas", regrette Denis Barbarossa, expert-comptable, commissaire aux comptes, fondateur du cabinet Accomplys et président de l'Ifec.

L'immense force de la Silicon Valley, comme tout le monde le sait, est d'avoir localisé tous les acteurs du secteur dans un même environnement. "Sans bouder son plaisir sur la volonté de la France de soutenir l'innovation, nous manquons, dans les clusters, de rapprochements entre les start-up et les universités. Sur ce point, nous ne sommes pas bons. J'ai également des doutes quant à la capacité de nombre de conseils régionaux à disposer des niveaux d'expertise requis dans le numérique", s'inquiète Gilles Babinet, digital champion de la France auprès de la Commission européenne.

Alors, oui, "l'initiative va dans le bon sens", déclare Carlos Diaz, qui observe la French Tech depuis San Francisco. "Mais il faut aussi accepter les échecs." Une des grandes qualités de la Silicon Valley est de recycler les morts. Le secteur se nourrit de la casse. "Aux États-Unis, énormément de start-up disparaissent. Mais c'est ainsi que l'on fait de l'innovation de rupture", confirme Gilles Babinet. Pas question, pour ces experts, d'interrompre un cercle jugé ­vertueux.

En chiffres

186%, c'est la croissance moyenne enregistrée par les 66 start-up en "hypercroissance" bénéficiaires du Pass French Tech 2015-2016 (plus de la moitié ont multiplié par deux leur CA, 1 123 emplois ont été créés en 2015).
9 400 start-up recensées (dont 35 % en Ile-de-France et 65 % en région)
Source : Rapport d'activité Agence du numérique, 2017.

Véronique Meot

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