Investissement responsable : une préoccupation pour trois-quarts des institutionnels européens
Les investisseurs européens de long terme intègrent de plus en plus des critères de sélection ESG dans toutes leurs classes d'actifs, mais leur démarche reste principalement motivée par une approche de gestion de risque matérialisée par la pratique de l'exclusion, surtout dans les pays latins.
72% des investisseurs institutionnels européens disent avoir formalisé leurs politiques d'investissement responsable, soit 7% de plus qu'en 2013, d'après l'enquête menée par Novethic auprès de 185 investisseurs de long terme dans 13 pays européens, détenant plus de 6000 milliards d'euros d'actifs. Plus de la moitié de ces investisseurs (essentiellement des caisses de retraite, des compagnies d'assurances, des fonds de pension et des institutions publiques) intègrent des critères ESG dans toutes leurs classes d'actifs (actions, obligations, immobilier...).
La France se classe dans la moyenne européenne. Les investisseurs français montent en puissance en termes de formalisation de leurs politiques d'Investissement Responsable (+14 points en un an) et de déploiement de l'intégration ESG à toutes leurs catégories d'actifs (+22 points en an) mais ils restent malgré tout en retrait sur la transparence : seuls 44% des répondants français publient un reporting ESG, soit 10 points de moins que la moyenne européenne. Sans surprise, les meilleurs élèves européens sont les scandinaves et particulièrement les investisseurs suédois qui " pratiquent l'investissement responsable le plus complet " selon l'étude.
Les pratiques d'exclusion privilégiées
Pour concrétiser leurs démarches d'investissement responsable, trois quarts des investisseurs institutionnels interrogés pratiquent l'approche d'exclusion. Ils procèdent ainsi soit à des exclusions sectorielles en bannissant un secteur d'activité, un produit ou un service pour des raisons éthiques, soit à des exclusions normatives en "black-listant" les entreprises ne respectant pas les conventions internationales. Par conséquent, les pratiques d'investissement responsable restent orientées sur la prévention des risques plutôt que la création de valeur par la mise en place d'une politique ESG innovante. A contrario, la pratique de l'engagement actionnarial, qui consiste à tenter d'influencer des entreprises pour qu'elles améliorent leurs performances ESG ou qu'elles mettent fin à des pratiques controversées, reste l'apanage des investisseurs nordiques. 80% des répondants suédois et 90% des hollandais affirment avoir mené une action d'engagement en 2014, contre seulement 26% des investisseurs espagnols et 41% des français.
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