LLD vs crédit-bail: comment optimiser le financement de sa flotte
Piloter ses amortissements
Le crédit-bail permet d'en lisser le financement en pratiquant des mensualités plutôt élevées avec, en contrepartie, une valeur de rachat très faible en fin de contrat (moins de 15% du prix neuf). Cette formule implique, toutefois, d'être capable de se passer des services offerts par un loueur pour entretenir le véhicule et surtout le revendre. Ce qui suppose un risque économique (prix sur le marché de l'occasion), voire comptable (réintégrer des plus-values de cession si la vente se conclut à un prix supérieur à la valeur nette comptable du véhicule).
Le financement bancaire: taux de 2 à 3% environ sur trois ans pour la LLD (contre 1% en cas d'achat)
Comme la LLD, le crédit-bail évolue avec l'apparition de formules de "buy-back": le prêt bancaire est associé à un engagement de reprise du véhicule à une valeur de marché. Autrement dit, le distributeur qui a vendu les véhicules à l'entreprise a l'obligation de les lui racheter au prix et au moment prévu, si elle le souhaite. Théophane Courau, p-dg du fleeter Fatec, y voit plusieurs avantages: "Quand l'entreprise négocie l'achat de ses véhicules, elle bénéficie de la part du constructeur de la prime de volume, de l'ordre d'un point, qui est habituellement dévolue au loueur. Par ailleurs, le financement bancaire est moins cher, avec un taux de 1% environ sur trois ans, contre 2 à 3% via la LLD."
Le crédit-bail se modernise
Diac Location, la captive financière de l'Alliance Renault-Nissan, propose une offre de buy-back baptisée "Easy pack pro". "L'option d'achat est à un niveau de reprise proche de celui de la LLD, fait valoir Vincent Hauteville, directeur général délégué de Diac Location. En outre, cette formule permet à l'entreprise de réduire la durée d'amortissement de ses véhicules tout en lui laissant la liberté de sortir du contrat." Cette solution convient bien au financement d'utilitaires avec des grues ou des nacelles, de fourgons frigorifiques, que la LLD a du mal à valoriser en occasion. "Il peut être intéressant de les amortir sur cinq ans avant de les acquérir", analyse Vincent Hauteville.
Reste le cas des parcs ayant des lois de roulage intermédiaire. "Entre 15 000 et 30 000 km, on raisonnera au cas par cas, en tenant compte des conditions d'utilisation des véhicules", explique Yann Guillaud. Dans ce cas, attention à maintenir les véhicules en bon état. De cette variable dépendra en effet leur valeur résiduelle, essentielle tant aux yeux du loueur dans le cas d'un contrat de LLD que pour l'entreprise si elle les finance en crédit-bail.
[Avis d'expert] Stéphane Raynaud, expert-comptable associé au cabinet BBA et dirigeant de la revue La Profession comptable
"La norme IFRS 16 demande de distinguer les composantes "location" d'un contrat des autres,
telles que les services"
> À compter du 1er janvier 2019, la norme comptable IFRS 16 s'appliquera aux contrats de location. Quel sera l'impact sur les contrats de LLD et sur le bilan?
L'application de la norme IFRS 16 entraînera la comptabilisation au bilan du preneur d'un actif représentatif du droit d'utilisation du véhicule et d'un passif représentant l'obligation de payer les loyers.
Le droit d'utilisation sera amorti sur la durée du contrat. Les loyers versés s'analyseront comme des échéances de remboursement comprenant une part "capital" et une part "intérêt". La charge annuelle de location (amortissements et intérêts) sera ainsi dégressive sur la durée du contrat.
En principe, IFRS 16 demande de distinguer les composantes "location" d'un contrat des autres, telles que les services. Ainsi, pour une location de véhicule incluant l'entretien pendant trois ans, le preneur devra comptabiliser les deux distinctement, l'entretien apparaissant en charge pendant cette période. Toutefois, une option applicable par catégories de biens permettra au preneur de ne pas séparer ces composantes.
> Cela peut-il modifier l'arbitrage que pourrait faire une entreprise?
Jusqu'à présent, un des avantages de la LLD par rapport à une formule d'acquisition telle que le crédit-bail était, dans de nombreux cas, l'absence d'impact sur le niveau d'endettement du locataire. Néanmoins, ce nouveau mode de comptabilisation présente l'avantage d'améliorer l'EBITDA du preneur, lorsque celui-ci utilise cet agrégat de communication financière.
Et l'impact au bilan pourrait être moins important dans le cadre d'une LLD que d'un crédit-bail, par exemple. En effet, la norme IFRS 16 exige d'inclure, dans le montant de la dette de loyer, les montants payables au titre des garanties de valeur résiduelle (preneur responsable de la valeur résiduelle de son véhicule vis-à-vis de son loueur à l'expiration du contrat) ainsi que le prix d'exercice de l'option d'achat, dans le cas où le preneur est raisonnablement certain de l'exercer.
> Enfin, dans le cas où l'entreprise maintiendrait le choix de la LLD, que doit elle demander à son loueur pour pouvoir mettre sa comptabilité en conformité avec l'IFRS 16?
La mise en oeuvre de la norme IFRS 16 pour le preneur passe notamment par le recours à un taux d'actualisation pour déterminer le montant de la dette liée à la location. La détermination de ce taux est déjà identifiée comme une source importante de difficultés. En effet, il correspond, en principe, au taux implicite du contrat de location, ou, si celui-ci ne peut être facilement déterminé par le preneur, à son taux marginal d'endettement.
En pratique, il lui sera difficile de déterminer seul le taux implicite du contrat de location et il lui faudra collecter des informations, généralement aux mains du bailleur, telles que la juste valeur et la valeur résiduelle à l'issue de la durée du contrat de location. Il pourrait également être utile de demander au bailleur les informations lui permettant de dissocier les composantes "location" et "services". Enfin, dans le cas de contrats prévoyant des options de renouvellement, il conviendra de collecter toute donnée utile à la justification de la durée de location retenue.
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