Fusions–acquisitions : les DAF doivent aussi se préoccuper de la gestion des actifs logiciels !
Chaque choix stratégique est déterminant. Les entreprises doivent attentivement peser la moindre décision, notamment dans le cas d'une fusion-acquisition. Car les sommes en jeu sont considérables et l'intégration des actifs d'une société absorbée est risquée. Et pourtant, quantité d'entreprises manquent encore de vigilance !
Le mois dernier, First Choice Facilities, une société britannique spécialisée dans la sécurité, a été condamnée à verser une amende de 18 000 livres Sterling pour avoir utilisé des logiciels sans licence hérités d’un rachat. Elle a aussi dû verser près de 100 000 livres Sterling, dont 81 000 livres pour l’achat de licences supplémentaires, après que BSA | The Software Alliance a découvert un nombre de licences insuffisant. La société a indiqué ne pas avoir audité les actifs logiciels de la société rachetée avant de conclure la transaction et ignorait qu’elle avait hérité du logiciel en question, une erreur qu’elle a payée au prix fort.
Les rachats et fusions constituent par nature un investissement conséquent. Le constat est donc particulièrement amer pour l’entreprise qui doit acheter des licences que la société absorbée aurait dû payer, faute d’avoir procédé aux vérifications préalables nécessaires.
Et pourtant, l’erreur est fréquente. Car de nombreux décideurs pensent, à tort, que les logiciels de la société absorbée sont nécessairement couverts par des licences et que celles-ci leur seront automatiquement transférées. Dans la réalité, les déclarations de transfert de licence sont rarement transmises dans les délais, si tant est qu’elles le soient... Pour ne pas risquer un redressement, l’acheteur n’a d’autre choix que d’étudier dans le détail tous les frais de licence associés au rachat et de les reporter dans les états financiers.
Quantité d’entreprises confient la gestion des licences logicielles à leur responsable informatique, malgré les importantes répercussions financières qu’elle peut avoir. Ainsi, selon la dernière enquête de la BSA, seuls 7 % des directeurs financiers (DAF) interrogés peuvent certifier que les logiciels de leur société sont déployés dans les règles !
Les chefs d’entreprise semblent oublier que la responsabilité de leur DAF sera engagée en cas de mauvaise gestion des licences logicielles (le fameux « SAM » : Software Asset Management pour Gestion des Actifs Logiciels). Ils doivent impérativement les impliquer dans cette tâche, aussi secondaire puisse-t-elle leur paraître en comparaison des multiples démarches fastidieuses qu’implique une fusion ou acquisition.
Il est également important que les dirigeants évaluent les logiciels à leur juste valeur. Ces ressources sont trop souvent considérées comme des outils de base et non comme les leviers de compétitivité, ce qu’elles sont pourtant. Ils comprendront alors que le SAM mérite une stratégie minutieusement ficelée et doit figurer parmi leurs priorités.
Le guide d’Application de la norme ISO/IEC 19770-1:2012 que l’AFNOR publiera en 2013 avec la participation de la BSA et d’autres sociétés membres de la commission de normalisation sur l’ingénierie du logiciel, sera à cet égard salvateur, puisqu’il fournira aux entreprises un ensemble de règles à mettre en place pour une gestion optimale de leurs actifs logiciels.