L'information d'entreprise en passe de se raréfier
Publié par Antoine Pietri le - mis à jour à
L'assouplissement de la législation en matière de publication de bilans pour les TPE et les PME, qui devrait entrer en vigueur d'ici 2 ans, pourrait avoir des conséquences sur le travail des spécialistes de l'information d'entreprise.
Indispensable pour connaître la solidité des clients stratégiques de l'entreprise, l'information financière est un outil de choix du Daf pour prévenir le risque d'impayé. Les prestataires qui collectent les données nécessaires s'appuient aujourd'hui sur la publication de comptes des entreprises. Mais ce mode de fonctionnement pourrait changer en raison d'un assouplissement de la réglementation. La nouvelle directive relative aux comptes annuels et consolidés, publiée en juin dernier, prévoit en effet que les plus petites entités puissent établir un bilan et un compte de résultat abrégés. Elles ne sont plus dans l'obligation d'utiliser les comptes de régularisation pour certaines dépenses, et peuvent être dispensées d'une annexe et d'un rapport de gestion sous certaines conditions. Si les Etats membres ont jusqu'en juillet 2015 pour transposer cette directive dans le droit national, les spécialistes de l'information d'entreprise réfléchissent déjà à des solutions.
Problème de transparence
" Les données bilancielles sont fatalement appelées à se raréfier ", analyse Christian Guibert, responsable marketing chez CreditSafe, qui annonçait récemment gérer une base de données de 100 millions d'entreprises. " Aujourd'hui, en France, sur 2 millions d'entreprises, 700 000 publient des bilans complets et 300 000 des bilans simplifiés. Demain, le nombre d'entreprises qui ne publient pas leurs comptes devrait passer à 1,2 million, et les bilans complets devraient se faire plus rares. Cela pose un problème de transparence et d'accès à l'information. "
Pour pallier ce problème, les spécialistes de l'information d'entreprise prennent en compte des paramètres autres que les données bilancielles, comme la taille de l'entreprise, la situation géographique, ou encore le secteur d'activité. Mais ces données sont insuffisantes pour obtenir des scores de solvabilité précis.
Modèle américain
" Nous cherchons à étoffer ces données statistiques. Pour y parvenir, il faut désormais faire évoluer les mentalités pour que les entreprises soient plus ouvertes au partage d'information ", espère Christian Guibert. L'objectif : récupérer les habitudes de paiement des clients de chaque entreprise pour croiser les informations et enrichir les scores de solvabilité.
CreditSafe espère que les entreprises françaises suivent le modèle américain, où très peu d'entreprises publient un bilan consolidé, mais où les directions financières partagent de façon proactive les informations de paiement de leurs clients. Il cite également l'exemple des Pays-Bas, où les spécialistes de l'information d'entreprise n'ont aucun mal à collecter ces données. " En France, certaines grandes structures ont ce réflexe, mais pour les PME, il s'agit clairement d'une révolution, car ces données sont perçues comme sensibles par les entreprises. "