Business case - LeasePlan partage sa méthode d'électrification de sa flotte
Publié par Jean-Philippe Arrouet le - mis à jour à
Convaincre les collaborateurs et maîtriser l'ensemble des coûts sont les deux obstacles majeurs à l'électrification des véhicules d'entreprise. Le loueur LeasePlan France, qui vient de convertir sa propre flotte, en a retiré une méthode. Elle sera utile aux Daf qui s'apprêtent sauter le pas.
« Nous avons fait la comparaison, ça nous aurait coûté plus cher de renouveler en thermique », lance Pascal Lemel, responsable projets chez LeasePlan France, un des leaders de la location longue durée de véhicules. Derrière cette affirmation, deux années de travail en interne ayant associé une quinzaine de collaborateurs de l'entreprise ainsi que les partenaires sociaux (dont la consultation est obligatoire au vu de l'ampleur de changements). L'objectif est en effet hors norme : remplacer les 150 voitures de fonction des salariés par des modèles 100 % électriques et prévoir des solutions de recharge adaptées, autrement dit au bureau, à domicile et en itinérance.
Privilégier le dialogue interne et la transparence
Cyril Châtelet, directeur commercial et marketing, insiste sur la transparence du projet en interne pour rassurer les collaborateurs inquiets. « Nous avons adopté un système de livrables par étapes avec des rencontres de deux heures chaque semaine », ajoute-t-il. Autre point clé, ne pas calquer la car policy sur le modèle de celle qui existait avant l'électrification. « Nous avons regardé comment les salariés se déplaçaient et organisé des workshops, avec les gros rouleurs notamment », explique Odette da Cunha, directrice des ressources humaines. Ce qui a permis de tenir compte des contraintes opérationnelles : « Sur une trentaine de gros rouleurs, 80 % ont choisi un véhicule électrique et 20 % ont prolongé avec un thermique», précise la DRH.
Favoriser l'appropriation du changement par les collaborateurs
Pas question pourtant de commander des véhicules électriques « à l'aveugle ». « Nous avons obtenu quelques prêts de la part des constructeurs qui sont venu nous présenter leurs véhicules », explique Marie-Laure Tamas, gestionnaire du parc automobile. « Nous avons mis des véhicules à disposition des collaborateurs dès le début du projet et réalisé des enquêtes», abonde Pascal Lemel. On ne parle pas ici de quelques tours de roues mais d'un roulage d'une semaine par collaborateur. « Nous avons organisé plus de 600 jours d'essais ouverts au-delà des titulaires d'un véhicule de fonction », glisse Cyril Châtelet.
Une démarche destinée à convaincre mais aussi à multiplier les retours d'expérience. « Les collaborateurs ont pu tester la recharge en voirie et sur des parcours longue distance, insiste Laurent Pichon, responsable consulting. Les retours ont été exploités sur les questions d'itinérance et d'autonomie, ce qui a conduit au choix de véhicules avec 60 à 70 kWh, soit 450 km d'autonomie en zone urbaine et 250 à 300 km sur autoroute. »
Offrir plus aux conducteurs sans augmentation du TCO
« Nous avons appliqué le même calcul de TCO que pour nos clients, qui a montré que les véhicules cinq places électriques étaient compétitifs », souligne Laurent Pichon. Le couple durée/kilométrage retenu, soit 36 mois et 45 000 km , tient compte de la moyenne de roulage à l'échelle du parc de LeasePlan France. Beaucoup de véhicules de fonction parcourent en effet moins de 5 000 km par an. Le calcul du TCO intègre une dépense supplémentaire pour les infrastructures de recharge. « Nous avons mensualisé le budget des bornes dans nos amortissements et réalisé une projection des coûts du carburant en étudiant les consommations moyennes», ajoute le responsable consulting (lire en encadré). Pour financer, en partie, les 62 bornes installées au siège de l'entreprise et les 75 points de charge au domicile des collaborateurs (dont 40 % en copropriété), LeasePlan a obtenu une subvention d'environ 38 000 € au titre du programme Advenir de l'Avère*. Le gain en TCO a permis à LeasePlan de lâcher du lest au bénéfice de ses conducteurs. « Nous avons mis des cartes de recharge à tout le monde alors que ce n'était pas le cas avant », indique Pascal Lemel. « Nous prenons en charge les bornes à domicile, les cartes de recharge et la possibilité de louer un véhicule thermique pour une durée de 30 jours par an », complète Odette da Cunha. De quoi lever les entraves aux déplacements quotidiens comme longue distance. Plus d'une centaine de collaborateurs viennent d'ailleurs de passer les fêtes de fin d'année avec une voiture électrique. Les derniers seront livrés début 2023.
Le casse-tête des dépenses de carburant
Compte-tenu de la crise énergétique, un point délicat reste le calcul et surtout la projection des dépenses de carburant des véhicules thermiques. Cette valeur servira de base à la comparaison des TCO avec l'électrique. Par conséquent, il est préférable de prendre une marge importante. Attention également à ne pas se limiter aux informations provenant des cartes carburant. Il est indispensable de tracer les autres passages à la pompe, autrement dit d'analyser toutes les dépenses de déplacement qui ont été passées en notes de frais.
* Cette subvention aux entreprises disparaît à compter du 01/01/2023.