Soigner son e-réputation: un peu de temps, beaucoup de bénéfices
Avez-vous fait l'expérience de vous «googliser», c'est-à-dire de lancer une recherche sur Google comportant en mots-clés vos nom et prénom, en ajoutant, pour un aspect professionnel, les noms des sociétés qui ont jalonné votre parcours? Sachez que c'est souvent le premier geste d'un DRH, d'un chasseur de têtes ou même d'un candidat approché par une entreprise.
Etre sur Internet ne se décide plus, cela s'impose à tous. Ce qui peut être vu comme une contrainte est en réalité un outil facile pour redimensionner son rôle dans l'entreprise, participer au rayonnement de celle-ci et booster sa carrière. Encore faut-il être présent aux bons endroits et de la bonne manière. Car l'e-reputation n'est pas une fatalité. C'est même un capital que vous pouvez protéger et faire fructifier.
Si, à la suite de votre recherche, la première page de Google révèle sur vous des éléments négatifs, un travail de déférencement s'impose pour les contrer: il s'agit alors d'obtenir des éditeurs (et non des hébergeurs) le retrait des insertions non souhaitées tout en augmentant les références positives. Ce dernier point consiste à faire descendre le référencement négatif dans les moteurs de recherche par la diffusion de communiqués de presse, de publication d'articles. Si l'éditeur ne répond pas à votre demande de retrait, sollicitez dans ce cas un droit de réponse.
SABRINA TANTIN, CONSULTANTE CHEZ JURICOMMUNICATION
« Le plus important est d'être présent intelligemment sur le Web et de maîtriser cette présence. »
AGIR POUR REDIMENSIONNER SON IMAGE
Jerry Knock, directeur associé chez Oasys Consultants et coauteur de Positionnement professionnel et réseaux: Une dynamique vertueuse pour réussir sa carrière (Editions Dunod), accompagne les dirigeants financiers en transition. Pour lui, ces professionnels sont bien plus sensibles qu'il y a cinq ans à l'intérêt d'Internet sans toutefois l'utiliser de manière dynamique: « Ils sont dans un modèle très réactif, sans vraiment en connaître toutes les règles. Ils doivent s'ouvrir, gagner en visibilité et en lisibilité s'ils veulent réellement tirer parti des potentialités du Web en matière de gestion de carrière. »
En effet, au sein de votre entreprise, vous êtes identifié comme l'homme qui gère les chiffres, décide des budgets, dit «non». Les réseaux sociaux professionnels, tels LinkedIn, Viadeo, Xing ou Ziki, peuvent vous aider à mettre en avant l'autre facette de votre métier, celle d'un business partner. Une identité plus complète, plus «humaine», à destination des collaborateurs de l'entreprise.
De même, cette présence sur les médias sociaux peut faciliter une future négociation portant sur une fusion-acquisition. Maîtriser le parcours de son alter ego aide à anticiper ses réactions et place la relation dans un contexte propice à l'échange. Réfléchissez également à la mise en place d'une veille sur la «marque employeur» (pour savoir ce qui se dit de l'entreprise) et à la diffusion par vos soins de certains éléments spécifiques via des commentaires, des droits de réponse. Comme le souligne Michel Lehrer, associé chez Juricommunication, « l'aura de sérieux et de crédibilité qui s'attache aux fonctions financières peut servir à la communication de l'entreprise ». Cette démarche, susceptible de donner une nouvelle dimension à votre poste, doit « être modulée selon que la communication est ou non structurée au sein de l'entreprise », prévient Michel Lehrer.
Par essence réactif et non proactif, le Daf arrive souvent en aval d'un projet. En instaurant une veille sectorielle, il se donne les moyens d'être à l'origine d'une opportunité de rachat et donc de faire évoluer sa carrière.
Enfin, être actif sur Internet, et notamment sur les réseaux sociaux professionnels, permet de suivre, et non surveiller, ses collaborateurs.
E-REPUTATION, IMAGE NUMERIQUE ET CHASSEURS DE TETES
Car le Web est un outil au service de l'employabilité des cadres. Les chasseurs de têtes, même si certains le nient, y ont souvent recours. Selon une récente étude Oasys Consultants, Internet leur est utile pour sourcer (18 %) et s'informer (51 %) sur les candidats. Or, le recrutement dans la profession se fait sur des éléments très précis. Il vous faudra donc identifier vos principales caractéristiques professionnelles et les traduire en mots-clés: «trésorier», «international», «consolidation»... Et ne pas laisser s'installer de décalage entre votre vie professionnelle et vos divers profils.
Cette présence active sur Internet ne suffira pas toutefois à garantir votre employabilité, surtout face à la moindre fluidité du marché. Jerry Knock souligne qu'en matière de recrutement, « l'e-reputation n'est que la validation d'un travail minutieux sur le terrain. C'est un facteur de réassurance, un outil de vérification ».
Reste à savoir où être présent sur la Toile. Sites internet, moteurs de recherche et réseaux sociaux sont incontournables. Mais mieux vaut se concentrer sur un réseau, sur lequel vous passerez du temps régulièrement plutôt que de vous créer une multitude de profils «dormants». En B to B, le réseau leader est de toute évidence LinkedIn. A contrario, dans une logique purement professionnelle, Facebook n'est pas pertinent, car ce réseau s'inscrit avant tout dans la sphère privée.
De même, si avoir un blog ou un compte Twitter n'est pas essentiel pour promouvoir votre parcours, les réseaux d'anciens élèves ou les associations professionnelles sont importants. Les annuaires et bases de données plus traditionnels, tels Who's Who, Nomination, Top Management, dans leur version web, ne sont pas donc à négliger: le suivi minimal - rendre publics ses mouvements de carrière - est requis. Pour le reste, ces supports sont concurrencés par des moteurs de recherche tels 123People.
PETIT LEXIQUE
- E-réputation
Evaluation sociale tenant compte des traces que vous avez laissées de manière consciente ou inconsciente sur la Toile, permettant de déterminer si vous êtes digne de confiance ou non. Comme tout jugement, l 'e-réputation est subjective et dépend de votre identité et surtout de ce que les autres disent de vous. L'e-réputation est une notion récente pour désigner l'«image numérique» d'un individu, ou bien encore, l'acte de gérer sa communication sur Internet dans le but de se construire une bonne réputation. Votre réputation numérique est liée à votre présence sur les médias sociaux mais il s'agit plus généralement d'une présence en ligne.
- Identité numérique
Partie de l'e-réputation qui se construit de façon individuelle et volontaire, via l'information qu'on décide de publier en ligne. S'il est impossible de contrôler son e-réputation, il est stratégique de construire son identité numérique pour mieux maîtriser sa marque personnelle également
- Marque personnelle ou personal branding
Le personal branding introduit l'idée que vous êtes unique et que, à l'instar d'un service ou d'un produit, votre identité est une marque.
Par Mounira Hamdi, coauteur de Bien gérer sa réputation sur Internet et créatrice du site www.ma-ereputation.com
ADAPTER LES INFORMATIONS AU SUPPORT
Selon Sabrina Tantin, consultante chez Juricommunication, « le plus important est d'être présent intelligemment et de maîtriser cette présence: il faut penser contenu et fréquence ». Rédiger le contenu dans une langue étrangère que vous maîtrisez est un plus. Sur LinkedIn, il est ainsi conseillé de s'exprimer en anglais. Mais cela ne suffit pas: « Les mots-clés liés doivent couvrir un champ large et précis. » Par exemple, si le Daf, qui gagne en lisibilité à se désigner comme CFO, cite les services placés sous sa responsabilité, leurs libellés doivent être identifiables par tous.
« Une mise à jour deux fois par mois est un minimum », estime Sabrina Tantin. L'objectif étant d'apparaître sur la première page Google. Pour tenir cet objectif, il convient de mettre en ligne ses interventions orales (prise de parole, interviews...) ou ses productions écrites.
SUR LE WEB
Cinq conseils pour être mal référencé par Google!
Voici cinq méthodes répertoriées avec humour pour être pénalisé par le moteur de recherche, qui a modifié son algorithme cet été. Un article à découvrir sur le site Chefdentreprise.com.