Le chef comptable
C'est un pilier de l'entreprise: bras droit du directeur administratif et financier, le chef comptable demeure le garant de la fiabilité des informations comptables et fiscales. Son rôle est tellement crucial qu'en ces temps de crise financière, la précision de son regard intéresse jusqu'à la direction générale, qui lui demande de fournir des indicateurs à l'ensemble des services de l'entreprise. Un nouveau rôle s'ouvre à lui: ce technicien, auparavant très opérationnel, devient chef de projet.
LOIC SALUDEN, CONSULTANT SENIOR CHEZ HUDSON
« Sa mission consiste avant tout à fournir une information fiable en temps et en heure. »
1 Sa mission
De la rigueur en toute chose... « Le chef comptable pilote l'ensemble du processus et, à ce titre, il garantit l'exactitude des informations chiffrées », explique Johann Van Nieuwenhuyse, directeur chez Michael Page, cabinet de conseil en recrutement. « Sa mission consiste avant tout à fournir une information fiable en temps et en heure, renchérit Loïc Saluden, consultant senior au sein du cabinet de conseil en recrutement Hudson. Il doit savoir structurer l'information, rester méthodique malgré ses nombreuses tâches et, bien sûr, honorer toutes les échéances de paiement. » Rattaché au directeur financier, il est responsable de la production des états financiers (bilan, comptes de résultats et leurs annexes), mais aussi du pilotage comptable et fiscal de l'entreprise au quotidien. Avant toute chose, il gère la trésorerie, mais c'est aussi lui qui effectue les déclarations de TVA, d'Urssaf... Dans ce cadre, il anime les équipes en charge des comptabilités générale et auxiliaire et s'assure de la bonne application des normes comptables.
Parce qu'il se trouve à la source de l'ensemble des indicateurs chiffrés de l'entreprise, le chef comptable joue un rôle d'alerte auprès du directeur financier. En effet, loin de le cantonner à son bureau, son travail de collecte de l'information comptable le pousse à entrer en contact avec les différents services de l'entreprise: le contrôle de gestion, la direction générale, la direction des systèmes d'information ou encore les directions opérationnelles.
Le traditionnel gardien des chiffres devient donc un communicant, d'autant qu'il est aussi en charge des relations avec les établissements bancaires, notamment pour solliciter des demandes de financement. Il est, en outre, l'interlocuteur des commissaires aux comptes et des auditeurs, ainsi que celui de l'inspecteur des impôts, lorsque celui-ci vient pour un contrôle. De plus, la crise étant passée par là, on lui demande aujourd'hui de posséder une vision critique sur les différents services de l'entreprise. « Il doit avoir un avis sur l'organisation des structures pour faire progresser les services », constate Bruno Fadda, directeur associé de la société de recrutement Robert Half.
Une telle évolution est sans conteste liée à celle des outils informatiques, qui regroupent sur un seul et même logiciel des informations utilisées par différents métiers, comme le souligne la dernière étude «Finances et comptabilité» de Robert Half. Des logiciels informatiques devenus si complexes qu'ils exigent également de bonnes connaissances techniques. « Le chef comptable contribue très largement à l'évolution des logiciels », souligne Loïc Saluden (Hudson). Ses compétences techniques doivent aussi être très pointues concernant l'environnement normatif, qui évolue beaucoup et qu'il convient de suivre au jour le jour. D'autant plus que les normes locales ne suffisent plus et qu'il faut être capable de comprendre et d'appliquer les normes IFRS, obligatoires dans les sociétés cotées en Bourse et dans leurs filiales.
2 Ses qualités
A la fois technicien, chef de projet et communicant, le chef comptable idéal est aussi doté d'un bon relationnel. « Il doit être capable d'animer un projet de manière transversale et de communiquer avec ses pairs, précise Bruno Fadda (Robert Half). Le profil le plus recherché est polyvalent, il allie des compétences techniques et managériales. » Ce collaborateur anime en effet des équipes généralement composées de deux à cinq personnes, selon la taille des PME. Autre aptitude de plus en plus demandée: la maîtrise de l'anglais. «Même les PME s'intéressent à des problématiques d'exportation ou ont des partenaires à l'étranger», constate Johann Van Nieuwenhuyse (Michael Page). Mais un chef comptable polyglotte est une denrée rare...
3 Sa formation
Sans surprise, le diplôme le plus attendu pour un chef comptable est un diplôme de comptabilité et de gestion (DCG ou DSCG, ex-DECF ou DESCF). «En revanche, un diplôme d'expertise comptable n'est pas du tout indispensable», précise Loïc Saluden (Hudson). Bien sûr, on rencontre aussi des chefs comptables dotés d'un «simple» Bac + 2/3 (BTS en comptabilité ou gestion). Mais dans ce cas, une expérience professionnelle plus longue sera exigée: de l'ordre de 10 ans, contre cinq ans pour une personne détenant un DCG ou un DSCG.
Généralement, les chefs comptables ont commencé leur parcours professionnel dans un cabinet d'expertise comptable, où ils ont idéalement réalisé des missions au sein de sociétés, par exemple dans le cadre d'un remplacement. Ils peuvent également être entrés directement en entreprise. «Ils y ont alors occupé des postes de comptabilité auxiliaire, puis de comptabilité générale, précise Bruno Fadda (Robert Half). La polyvalence est en effet nécessaire pour évoluer vers un poste de chef comptable.» Quelle que soit la voie choisie (cabinet ou entreprise), le parcours d'un chef comptable est toujours très linéaire. «Ce n'est pas une personne qui change de métier ou de voie, car le savoir acquis grâce à l'expérience est important», rapporte Johann Van Nieuwenhuyse (Michael Page). Un passage par le contrôle de gestion constitue un véritable atout pour celui qui doit aussi comprendre les enjeux «business» de l'entreprise.
4 Son salaire
Concernant la rémunération, le salaire doit suivre le niveau de compétence que l'on exige de son chef comptable. N'oubliez pas qu'il s'agit d'un profil très recherché. «Il existe un réel déséquilibre entre l'offre et la demande, note Bruno Fadda (Robert Half). Cette pénurie de profils explique que les chefs comptables soient difficiles à attirer. Généralement, ils sont déjà en poste et il faut chercher à les séduire, car ils ont souvent plusieurs pistes.» Ainsi, préparez-vous à proposer un salaire en rapport avec vos exigences (voir encadré ci-dessous)! Dans cette quête, les chasseurs de têtes spécialisés demeurent évidemment de bons alliés, mais ne négligez pas non plus les réseaux sociaux, comme Viadeo ou LinkedIn. Pensez donc à mettre en avant le salaire, mais aussi tous les avantages que la société peut apporter à ce collaborateur, notamment l'intérêt de la mission. Et si la quête s'avère infructueuse, n'hésitez pas à vous ouvrir à d'autres profils que le fameux DSCG: un BTS avec une belle expérience peut être tout aussi intéressant!
BRUNO FADDA, DIRECTEUR ASSOCIE DE ROBERT HALF
«Les chefs comptables sont des profils difficiles à attirer. »
COMBIEN GAGNE-T-IL?
Au sein d'une PME-PMI, la fonction est intitulée «chef comptable». Démarrant aux alentours de 35 000 euros bruts par an, le salaire peut atteindre 60 000 euros si la personne est dotée d'une formation supérieure (DSCG/expertise comptable), maîtrise un ERP (progiciel de gestion intégrée), l'anglais, les normes internationales... La rémunération varie également en fonction du nombre d'années d'expérience, de la taille de l'organisation, du nombre de personnes à encadrer, de la complexité de l'activité de l'entreprise, etc. Les chefs comptables n'ont généralement pas de variable, mais ils peuvent bénéficier de primes sur le bilan ou de primes exceptionnelles en cas de changement de logiciel qui demande une charge de travail supplémentaire.