Pour gérer vos consentements :

Comment Elyse Energy vient de lever 120 millions d'euros pour ses carburants durables

Publié par Stéphanie Gallo Triouleyre le - mis à jour à

© Elyse Energy
, directrice des investissements et du financement

Début décembre, la start-up industrielle lyonnaise Elyse Energy (production de carburants alternatifs) a annoncé une levée de fonds de 120 millions d'euros. Un beau coup dans un environnement réglementaire instable de ce secteur et un contexte peu favorable au capital-risque.

Créée en 2020, Elyse Energy est une start-up industrielle de 80 salariés basée à Lyon. Elle est une des pionnières de la production de carburants dits durables à destination des secteurs du maritime et de l'aviation. Elle porte plusieurs projets d'envergure dont trois sont avancés : eM-Rhône en Isère qui produirait 150 000 tonnes de e-méthanol chaque année à partir d'hydrogène bas-carbone (produit sur le site) et de CO2 capté auprès des industriels partenaires ; eM-Numancia en Espagne qui ambitionne de produire jusqu'à 50 000 tonnes par an de e-méthanol et eM-Lacq qui vise à produire 200 000 tonnes de e-méthanol par an dans les Pyrénées-Atlantiques.

Les ambitions sont élevées : elles se chiffrent en centaines de millions d'euros de chiffre d'affaires. Mais aujourd'hui, les ressources d'Elyse Energy sont nulles puisqu'aucun de ses projets n'est encore opérationnel (et a priori, aucun ne le sera avant 2026).

Malgré tout, dans un contexte globalement peu propice au capital-risque, elle vient de lever 120 millions d'euros. Dans cette opération, deux de ses investisseurs historiques (les fonds Hy24 et Mirova) ont remis au pot, accompagnés par deux nouveaux entrants : le Néerlandais PGGM, gestionnaire majeur de fonds de pension et la Banque Publique d'Investissement (BPI). Concrètement, Hy24 a converti une partie des obligations qu'elle détenait déjà, Mirova a prolongé les obligations convertibles de la première levée de fonds sur cette deuxième opération. Les nouveaux investisseurs sont entrés en obligations convertibles.

Un travail d'équipe

Cette levée de fond était indispensable pour financer les études d'engineering couteuses, mais incontournables, préalables à la construction des projets. Pour mettre toutes les chances de son côté, Elyse Energy a constitué une « task force », composée notamment des associés fondateurs dont Stéphane Guillard (associé en charge de la finance) mais aussi de Margot Le Guen, directrice des investissements et du financement qui a rejoint l'entreprise en avril dernier.

« Nous avons commencé la démarche au printemps dernier. Nous avons rencontré beaucoup d'investisseurs, de fonds etc. Certains avec un degré de maturité élevé sur notre technologie, d'autres pas du tout. Avant l'été, nous avons décidé de mettre en place une sorte de club d'investisseurs. Au lieu de discuter avec chacun d'entre eux, et éventuellement de les mettre en compétition, nous avons préféré créer un cercle restreint et discuter tous ensemble pour avancer plus vite », raconte la directrice du financement, tout en constatant la difficulté spécifique de la période pour lever des fonds, en particulier sur les sujets du e-fuel.

Difficulté que confirme Stéphane Guillard, DAF (à la tête d'une fonction finance de 8 personnes) et associé fondateur. Avant de cofonder Elyse Energy, il était responsable des financements et du M&A pour Tenergie, producteur d'énergies renouvelables pour lequel il a oeuvré à deux milliards d'euros de levées de fonds pour le financement d'actifs. « Pour Elyse Energie, la situation est différente car tous les paramètres sont incertains et difficiles à appréhender pour les investisseurs. Il faut donc encore plus expliquer, démontrer, rassurer, montrer la solidité de chacune des parties prenantes des projets ». Il a dû se consacrer à cette tâche quasiment à 100% sur les six derniers mois et a dû déléguer le reste de ses missions de DAF à son équipe.

La prochaine étape est d'ores et déjà au programme. Dans les prochains mois, l'équipe se replongera dans un nouveau process de levée de fonds. Autrement plus important, puisqu'il s'agira là de réunir les fonds nécessaires à la construction de la première usine. L'investissement nécessaire est estimé à plus de 700 millions d'euros

La rédaction vous recommande