L'état psychologique des salariés reste préoccupant
Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
Le moral n'est toujours pas au beau fixe pour les salariés français ! Si les entreprises, et en particulier les grands groupes, ont mis en place des actions de prévention, plusieurs points restent encore à améliorer en ce qui concerne les conditions de travail.
Stress, burn-out, épuisement... La santé mentale des salariés français s'est dégradée ces dernières années. Selon une étude* réalisée par les cabinets Empreinte humaine et OpinionWay, dévoilée le 3 septembre, 42 % des salariés déclarent être en détresse psychologique (-6 points par rapport au précédent baromètre publié en octobre 2023). « Malgré cette légère diminution, les niveaux sont encore assez préoccupants », met en garde Christophe Nguyen, président du cabinet Empreinte Humaine. D'autant que le sondage révèle que plus d'un salarié sur 10 est en détresse psychologique élevée, un score qui s'est toutefois stabilisé par rapport à octobre 2023. Le taux de risque de burn out est aussi resté stable et atteint 30 % (-3 points), dont 11 % des salariés sont en risque de burn-out sévère.
La génération Z particulièrement fragilisée
Le baromètre montre également que certaines populations sont plus susceptibles de développer des problèmes psychologiques. Ainsi, les jeunes (18-29 ans) et les télétravailleurs à 100 % ont un niveau de détresse psychologique plus important que les autres travailleurs (28 % et 26 %, contre 20 % pour les autres). 17 % des 18-29 ans sont également en risque de burn-out sévère. « La crise sanitaire a notamment eu un gros impact sur la santé mentale des jeunes, qui représente une population fragilisée », constate Christophe Nguyen. Par ailleurs, le « full remote » peut créer, chez certaines personnes, un sentiment d'isolement, un désengagement des salariés envers leur entreprises et une baisse de la motivation, qui peut, in fine, peser sur la santé mentale.
Les grands groupes font figure de bons élèves
8 salariés sur 10 en détresse psychologique estiment que leur situation est partiellement ou totalement liée à leur environnement de travail. Une tendance marquée dans les ETI (53 %), en particulier celles évoluant dans le secteur industriel, les TPE (49 %) et les PME (42 %). Les grands groupes font, eux, figure de bons élèves (32 %). « Les grandes entreprises sont soumises à plus d'obligations légales en matière de protection de la santé de leurs salariés. Elles sont généralement plus structurées que les autres en la matière et ont mis en oeuvre plus d'actions de prévention des risques psychosociaux », explique Christophe Nguyen.
Des axes d'amélioration
Reste que moins de deux entreprises sur cinq accordent du temps pour des actions de sensibilisation et d'accompagnement à la prévention des risques. Le baromètre pointe également des marges de progrès sur les conditions de travail. 55 % des répondants indiquent que le manque de temps les empêche de bien faire leur travail. 49 % des sont aussi impactés par des outils de travail qui ne fonctionnent pas ou qui sont inadéquats. « Le manque de temps, l'incapacité à dire « non » quand on est surchargés ou les outils inadéquats, dysfonctionnels sont des facteurs évidents de stress qui empêchent de réaliser un travail qu'on estime de qualité´ », analyse Christophe Nguyen. De même, le manque de retour sur le travail réalisé induit un sentiment de manque de reconnaissance mais aussi de perte de sens. Résultat : 1/3 des salariés interrogés vit un sentiment d'inutilité´ au travail. Enfin, 40% travaillent avec une peur de reproches ou de blâme en cas d'erreur.
*Étude réalisée par OpinionWay pour Empreinte Humaine auprès d'un échantillon de 2 000 salariés français. Les interviews ont été réalisées par internet sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview) du 23 mai au 4 juin 2024.