Portrait de Daf reconvertis - Carine de Boissezon, de Daf à directrice Impact chez EDF
Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
Forte d'une carrière de plus de vingt ans dans la finance, Carine de Boissezon a pris la tête de la direction Impact (anciennement direction du développement durable) d'EDF en 2019. Elle nous explique comment elle a évolué vers ce poste et pourquoi le lien entre la finance et la RSE est devenu un enjeu de taille dans les entreprises.
>Quel a été votre parcours dans la finance ?
Après avoir obtenu mon diplôme à l'ESCP Business School, j'ai démarré ma carrière en 1998 au sein de la banque d'affaires américaine Morgan Stanley, où j'ai travaillé durant 12 ans à différents postes. J'ai notamment été amenée à évoluer dans le secteur énergétique qui me passionnait. Dans ce cadre, j'ai réalisé l'introduction en bourse d'EDF côté banque et j'ai aussi été en interaction avec la filiale renouvelable d'EDF quand elle était cotée. Je connaissais donc bien le groupe lorsque le directeur financier d'EDF m'a proposé le poste de directrice investisseurs et marchés en 2010. J'ai saisi cette opportunité qui permettait de faire le lien avec l'ensemble des investisseurs : les institutionnels, les actionnaires individuels et les investisseurs socialement responsables. Je travaillais également étroitement avec la trésorerie pour faire le lien avec les agences de notation financière. Cinq ans plus tard, j'ai rejoint la direction internationale en tant que directrice financière, poste que j'ai occupé durant quatre ans.
>Comment avez-vous évolué vers le poste de directrice Impact ?
Le poste de directrice du développement durable (renommée en mai 2022 directrice Impact) s'est effectivement libéré en 2019. Le groupe a choisi de mettre à la tête un profil financier qui avait une bonne appréhension des enjeux RSE afin d'accompagner les projets de finance durable. On m'a confié ce poste car j'ai toujours eu une sensibilité pour la RSE au sein de la direction financière. A titre d'exemple, quelques mois après mon arrivée chez EDF, le fonds souverain norvégien, qui représentait un de nos gros actionnaires à l'époque, a décidé de filtrer l'ensemble de son portefeuille au prisme de la RSE en 2010. Nous devions répondre à un questionnaire ce qui m'a amené à collaborer très tôt avec la direction du développement durable. Ce travail a porté ses fruits puisque le fonds nous a conservé. A partir de là, nous avons créé un lien très fort entre la finance et la RSE. Nous avons gardé contact lors des moments clés de l'entreprise. Nous avons notamment travaillé sur le reporting extra-financier afin de valoriser les données en lien avec le climat. En ce sens, nous publions trimestriellement l'ensemble de nos émissions de CO2 et notre intensité carbone. Depuis 2011, nous reportons aussi notre bilan complet de gaz à effet de serre dans notre document d'enregistrement universel et sur le site de l'ADEME. En 2013, nous avons également lancé les premières obligations vertes du groupe. Nous avons commencé par lever 1,4 Mrds € et maintenant nous sommes à 10 Mrds €. J'ai continué de garder ce lien avec la direction du développement durable lorsque j'ai pris le poste de Daf de la division internationale car les enjeux RSE sont souvent critiques dans le cadre de financement d'infrastructures stratégiques dans des pays en développement comme j'ai pu le voir sur les projets d'EDF au Cameroun, au Brésil, au Laos ou encore en Côte d'Ivoire.
>Gardez-vous un lien avec la finance du groupe ?
Oui, je fais toujours partie du comité de direction finance qui réunit l'ensemble des Daf des entités d'EDF et je suis restée partie prenante de la direction financière, même si je suis désormais rattachée à la direction innovation et stratégie. Cela me permet d'informer mes collègues directeurs financiers sur les enjeux RSE et réglementaires. De leurs côtés, ils m'offrent la possibilité de suivre l'évolution de l'équation financière et les choix et critères d'investissement. Il est important de ne pas opposer performance financière et RSE lorsque l'on travaille sur des projets. ll est essentiel aujourd'hui de parler le même langage, ce que la taxonomie cherche à faire, notamment lorsque l'on traite de sujets réglementaires comme le CSRD. Ce lien fort entre la finance et la RSE n'est pas uniquement propre à EDF car nous voyons de plus en plus de groupes nommer des directeurs de la finance durable ou confier leur direction du développement durable à un Daf.