L'intéressement : avantageux à condition de faire du sur mesure
Publié par Eve Mennesson le - mis à jour à
Les entreprises ont parfois du mal à recruter et retenir leurs meilleurs éléments. Pourquoi ne pas miser sur l'intéressement ? D'autant plus que cet outil peut être affiné en fonction des objectifs fixés. Éclaircissements de Jennifer Carrel, avocate en droit social associée d'UGGC Avocats.
Les entreprises boudent l'intéressement. Selon une étude d'août 2017 de la DARES, seuls 35,7% des salariés auraient perçu un intéressement -qui reste facultatif à la différence de la participation, obligatoire pour les entreprises qui ont employé 50 salariés pendant 12 mois au cours des 3 derniers exercices-. Les employeurs préfèrent en effet le variable : l'étude sur les rémunérations 2017 de Deloitte révèle que les montants de rémunération variable individuelle continuent de progresser fortement (+5% à 7% par rapport à 2016 qui avait déjà connu une forte hausse, de l'ordre de 10% à 12%). Ainsi, selon les niveaux de responsabilité et la famille de métier, le bonus représente de 5 à 30% du salaire de base.
Indicateurs à bâtir
"On peut pourtant cumuler variable et intéressement", pointe Jennifer Carrel, avocate en droit social associée d'UGGC Avocats. L'avantage principal de l'intéressement est d'attirer et de retenir des talents : une entreprise qui cumule variable, participation et intéressement est en effet attractive. "A condition d'éviter les formules-types basées sur le chiffre d'affaire de l'entreprise", prévient l'avocate.
En effet, pour faire de l'intéressement un outil réellement motivant, il s'agit de trouver une formule de calcul qui parle aux équipes, qui a trait à leur quotidien. Ce qui n'est pas le cas du chiffre d'affaires. "C'est la formule de calcul qui fait l'intéressement, pense Jennifer Carrel. Il peut récompenser la productivité mais aussi le taux de satisfaction des clients ou encore le niveau de sécurité de l'entreprise. La direction financière peut participer à bâtir ces indicateurs". La seule condition est que les indicateurs sur lesquels est basé l'intéressement doivent être mesurables et vérifiables.
Objectifs par business units
Autre avantage de l'intéressement : il peut être calculé en fonction de la performance non pas de l'entreprise entière mais par business units. "Cela permet de fixer des objectifs différents à chaque département, les commerciaux n'ayant pas les mêmes objectifs que la R&D ", note Jennifer Carrel.
Il est également possible de jouer sur la distribution, qui peut être égalitaire ou se faire en fonction des salaires ou des moments de présence. "Cela peut être incitatif pour faire diminuer l'absentéisme", ajoute Jennifer Carrel. L'intéressement est donc un outil qui peut s'ajuster au plus près aux objectifs de l'entreprise.
A noter :
L'intéressement est mis en place par voie d'accord entre l'entreprise et les salariés ou leurs représentants. Le mode de calcul doit donc être approuvé par ces derniers.