Risques et dépendances des entreprises : quelles mesures adopter ?
Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
Les entreprises sont aujourd'hui confrontées à des problématiques d'approvisionnement et de risques en tout genre (numériques, ingérences étrangères) du fait de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. Dans ce contexte, la mise en place de stratégies adéquates devient un enjeu clé pour sécuriser les activités.
Quelles stratégies adopter face aux risques et dépendances qui menacent les entreprises ? Trois experts ont tenté de répondre à cette question lors d'une table ronde organisée par le Medef le 5 avril 2022, dans le cadre d'un colloque dédié à l'autonomie stratégique des entreprises.
Schneider Electric : une approche régionale
Dans le contexte actuel, la fonction achat se retrouve sous les feux croisés des pénuries et des ruptures d'approvisionnement. Pour limiter les risques, la direction des achats de Schneider Electric s'appuie sur une approche régionale. "Depuis la fin des années 2000, nous développons une logique qui vise à s'appuyer sur des chaînes logistiques relativement courtes et des fournisseurs de proximité en Europe, en Chine et en Amérique du Nord", explique Antoine Perrin, directeur stratégie, innovation et efficience achats de Schneider Electric et président de Minalogic Auvergne-Rhône-Alpes. La montée en puissance des facteurs de souveraineté à l'échelle géopolitique et les tensions croissantes poussent également le groupe à mettre en place de nouvelles stratégies. "En plus d'avoir des chaînes d'approvisionnement courtes et résilientes, nous travaillons depuis un certain temps sur une stratégie de découplage", confie Antoine Perrin. Cela permet de limiter le risque de dépendance entre certaines régions sur des facteurs stratégiques et technologiques.
Pernot Ricard : favoriser les exportations à l'international
Pour d'autres entreprises, le risque de dépendance se situe vis-à-vis des consommateurs. C'est notamment le cas de Pernot Ricard, qui vend des vins et spiritueux aux quatre coins de la planète. "Nous commercialisons de plus en plus nos produits dans les économies émergentes, notamment en Amérique Latine, en Afrique et en Asie où nous enregistrons des taux de croissance élevés", précise Laurent Scheer, vice-président Global Public Affairs & Alcohol in Society chez Pernot Ricard. Pour l'entreprise, tout l'enjeu est donc d'être en capacité d'apporter ses produits à l'ensemble de ses consommateurs, sans être tributaire d'un ou de deux gros marchés. "Nous avons besoin de nous diversifier car nous ne pouvons pas être dépendants des variations économiques et des risques géopolitiques", estime Laurent Scheer. De fait, le groupe doit pouvoir accéder à de nombreux pays, dont certains sont assez fermés aux exportations de vins et spiritueux. "Dans ce cas, le meilleur vecteur que nous ayons trouvé sont les accords de libre-échange de l'Union européenne. Cela permet de limiter les droits de douane et de ne pas les répercuter sur le prix final du produit. C'est la condition pour que nos produits, dont la production n'est pas ou peu délocalisable, puissent être exportés dans le monde entier", détaille Laurent Scheer.
Société générale : limiter les risques cyber
Le risque cyber est également particulièrement élevé aujourd'hui, notamment pour les établissements bancaires. Ransomware, fraude au président, phishing... Ces dix dernières années, la cybercriminalité s'est fortement développée. "Les crises comme celles que nous vivons aujourd'hui mettent également en lumière la menace étatique qui va naturellement sur le champ cyber. Ces risques doivent être pris en compte par les entreprises car ils sont beaucoup plus forts et cela peut mettre en jeu leur survie", explique Antoine Creux, directeur de la sécurité au sein de la Société générale. Face à ce risque, l'Agence nationale de la sécurité informatique (Ansi) a mis en garde tous les acteurs français évoluant dans certains secteurs très stratégiques tels que les banques mais également les transports, l'énergie et la santé. "l faut que les entreprises soient les plus résilientes possibles en étant capables d'encaisser le choc et de gérer une crise", souligne Antoine Creux. Le directeur de la sécurité insiste également sur l'importance d'anticiper, en identifiant les activités coeur et les données essentielles de l'entreprise afin d'être en capacité de mieux gérer lors d'une attaque cyber. Cela passe aussi par des formations, des entraînements et la constitution de cellules de crise. "Il faut se protéger et être conscient qu'une crise cyber peut arriver", met en garde Antoine Creux.