Nicolas Baverez et Denis Kessler aux Rencontres AMRAE: un constat convergent sur le manque de vision et de visibilité et donc les risques
Publié par Florence Leandri le | Mis à jour le
Placées sur le thème "Climats à hauts risques", les rencontres Amrae 2016 ont notamment accueilli Nicolas Baverez et Denis Kessler. Tous deux, passionnés par leur sujet, ont livré un constat convergent sur le manque de vision et de visibilité, les risques et le rôle du risk manager.
Ouverte par Philippe Chalmin, professeur à Paris-Dauphine, spécialiste du marché des matières premières, la conférence plénière des 24èmes Rencontres de l'Amrae, l'association des risk managers, a été lancée par la présidente Brigitte Bouquot, présidente et directrice assurances et gestion des risques de Thalès
Le message de Brigitte Bouquot, présidente de l'Amrae
L'horizon des risques: "entre crainte et espoir pour les entreprises" puisque nous sommes en plein dans "une ère de grands risques systémiques". Et, pour la présidente de l'Amrae, si la Cop 21 a servi de prise de conscience coté environnement, 2015 aura été une " bande d'annonces de futurs chocs et de crises systémiques ". Dès lors, les risques ne sont plus le sujet de quelques-uns mais de tous; d'ailleurs " le rapport de Davos a pointé non seulement des risques business mais aussi systémiques". Une première.
Quant à la place du risk manager dans ces défis, Brigitte Bouquot estime que "ce métier jeune va monter en puissance. Le contrôle de gestion s'est construit une fois la stabilisation des outils achevée". L'analyse et l'optimisation des décisions passées sont acquises: "reste celles des décisions futures qui relèvent du risk manager ".
Nicolas Baverez, essayiste, avocat et aussi diplômé d'histoire: " il y a une accélération de l'histoire et non disparition de l'Histoire"
Après la crise de 1929, qui pouvait imaginer que la Grèce perdrait 25% de sa richesse, que le terrorisme instrumentaliserait des pays, que de jeunes entreprises deviendraient les acteurs majeurs de l'économie? C'est en pointant ce que nous pensions écarté et qui est revenu encore plus fort qu'auparavant ou totalement différent que Nicolas Baverez a assis son diagnostic: "nous sommes en disrution permanente", la diruption étant au sens large un événement improbable, imprévisible et irréversible.
Parmi les autres points de son intervention, retenons que les risques quel qu'ils soient (catastrophe écologique, terrorisme, pandémie) montent en intensité, changent de nature (deviennent systémiques, globaux), de dimension géographique (partout dans le monde, autour des villes proches des cotes qui structurent le 21è siècle) et sont interactifs (cybersécurité, politique, économique).
Denis Kessler, pdg de SCOR : " l'univers des risques semble germinatif "
Ouvrant son intervention par cette sentence: " l'univers des risques semble germinatif " (comprendre qu'il s'auto-entretient entre autres caractéristiques..), Denis Kessler a listé ce qui constitue ce terreau:
- Interaction, interconnexion...il y a un réseau, des réseaux et cela touche bien sur l'univers des risques;
- l'interaction risques existants et risques émergents - une catastrophe naturelle peut entrainer un dysfonctionnement du réseau électrique, d'usines..."il y a des grappes de risques séquentiels et géographiques";
- il y bien sûr la loi de Kessler (pas encore reconnue mais cela ne devrait pas tarder) : les zones aux catastrophes naturelles sont celles qui attirent le plus les hommes et les industries;
- La résilience, donnée physique, existe mais celle-ci a ses limites;
- L'entropie -que l'on peut définir comme la grandeur caractérisant le désordre d'un système (ainsi en est-il des migrations de masse, qui dans leurs conséquences, révèlent l'inefficacité des pays occidentaux)- entrainera inéluctablement de la volatilité, donc à terme une guerre des changes par zone.