Marie-Hélène Pebayle : « Je suis consciente de prendre la présidence de la DFCG dans un contexte de transition pour les décideurs financiers »
Publié par Hugues Robert le - mis à jour à
Marie-Hélène Pebayle est la nouvelle présidente de la DFCG, le réseau national des dirigeants financiers. Elle revient sur cette nomination et retrace son parcours professionnel. Elle expose également les grands axes de son action à venir à la tête de l'association et livre son regard sur les grands enjeux 2024 pour les professionnels de la finance.
Quel est votre sentiment sur votre nomination à la présidence de la DFCG ?
Je suis ravie de prendre la suite d'Emmanuel Millard à la tête de la DFCG. Je le connais depuis longtemps et nous partageons les mêmes valeurs. Il a réussi à impulser une nouvelle dynamique au sein de l'association et a fait évoluer sa raison d'être.
Je suis également très fière d'être la première femme présidente de la DFCG, 60 ans après sa création. C'est pour moi le signe d'une vraie reconnaissance de mes pairs au regard de mon engagement au sein de la DFCG.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Je suis diplômée de l'université de Bordeaux. J'ai un DEA de gestion et un DESS de banque finance. J'ai débuté ma carrière dans l'entreprise Lectra Systèmes au moment de son introduction en bourse en tant qu'attachée de direction financière. Puis j'ai pris la tête de la direction financière de la filiale Publicis Atlantique et c'est là que j'ai appris mon métier de DAF.
Par la suite, j'ai été DAF-RH-SI de région dans le secteur de l'informatique - j'ai travaillé chez Hexalis et Altran - puis dans le domaine du négoce industriel - j'ai alors oeuvré chez Brickmann, ensuite racheté par Orexad, puis chez Descours et Cabaud. Mon rôle dans ces sociétés a évolué vers le management d'équipes pluridisciplinaires et surtout vers le pilotage de la performance dans des contextes de fusion.
En 2006, j'ai suivi un Executive MBA à HEC. À la suite de cela, j'ai décidé de rejoindre le service public, d'abord en tant que DGA finances ressources dans un SDIS, où j'ai piloté le projet d'administration, puis dans un département pour mettre en place le contrôle de gestion, audit interne et évaluation des politiques publiques.
J'ai ensuite fondé en 2014 ma propre société Aucema Conseil qui est spécialisée dans la transformation et le pilotage de la performance, pour ensuite croiser la route en 2019, lors d'une mission de conseil, de l'entreprise dans laquelle je travaille actuellement, Belledonne, où j'exerce la fonction de directrice administrative et financière et du pôle ressources, qui regroupe les RH, les achats et le développement des filières. J'accompagne aussi le dirigeant dans la transformation du groupe.
Quels seront les grands axes de votre action en tant que présidente de la DFCG ?
Mon engagement est motivé par mon envie de transmettre, de partager les bonnes pratiques et de répondre aux attentes des adhérents. Mon action va s'inscrire dans la modernité, dans les grandes évolutions actuelles et à venir. Ma feuille de route 2024-2026, que je vais construire de manière collective en mettant en place un comité stratégique étendu au premier semestre 2024, répondra à trois axes principaux.
Tout d'abord, développer la transversalité pour renforcer les équipes de gouvernance, ce qui signifie établir une gouvernance par les régions. La DFCG est une association nationale mais également avec 17 régions. Je souhaite donc réunir un bureau exécutif composé pour moitié de présidents de région.
Ensuite, deuxième axe, poursuivre la croissance de la DFCG en répondant aux attentes de nos adhérents. Sur les trois composantes de notre offre - centre de formation, groupes d'échanges, événementiel - j'entends que celle-ci soit beaucoup plus segmentée afin de répondre vraiment à l'ensemble des attentes de nos membres, qu'ils soient de grande entreprise ou de structure plus modeste, qu'ils soient directeurs financiers, RAF ou encore contrôleurs de gestion. Dans le même sens, je souhaite attirer beaucoup plus de jeunes professionnels au sein de la DFCG afin de rajeunir l'association.
Enfin, troisième axe : conforter l'influence de la DFCG, c'est-à-dire faire entendre sa voix dans toutes les instances de place, sur tout le territoire français et pas uniquement à Paris.
Plus généralement, quels sont selon vous les grands enjeux 2024 pour les directeurs administratifs et financiers ?
Je suis très consciente de prendre la présidence de la DFCG dans un contexte de transformation et de transition pour les décideurs financiers.
Je pense tout d'abord à la transition environnementale. Aujourd'hui, nous devons apprendre et porter une réflexion en matière de sobriété au niveau organisationnel et du point de vue de nos modèles économiques dans les entreprises. Le DAF accompagne le dirigeant et doit en ce sens impulser une autre manière de penser.
Nous vivons aussi une deuxième transition depuis quelques années, la transformation digitale, avec notamment la montée en puissance de l'intelligence artificielle. Cela va impacter tous nos métiers de financier mais pas uniquement. Cela concerne aussi les directions opérationnelles. Je pense, c'est mon avis, que les financiers vont perdre leur suprématie concernant la maîtrise des chiffres. Ces données seront beaucoup plus accessibles aux opérationnels, dans la mesure où ceux-ci auront eux-mêmes évolué dans leur métier, précisément pour pouvoir analyser ces chiffres.
Enfin, troisième changement : la transition sociologique des entreprises. Depuis le Covid, je trouve que le management a beaucoup évolué. Aujourd'hui, nous devons travailler la coopération intergénérationnelle au niveau managérial pour assurer la pérennité de nos entreprises et préparer l'avenir.
Toujours sur les enjeux, vous le disiez, vous êtes la première femme présidente de la DFCG. Quel regard portez-vous sur la parité dans le monde de la finance ?
Aujourd'hui, à la DFCG, nous sommes 40 % de femmes. Nous ne sommes pas en parité totale. Mais je note une très forte évolution puisque lorsque je suis arrivée dans l'association en 1996, nous devions être moins de 20 %.
Au début, au bureau de l'Alsace, dans les événements et les cocktails, j'étais vraiment entourée de mes homologues masculins. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Nous avons créé la DFCG au féminin justement pour renforcer le rôle des femmes, afin qu'elles osent s'orienter vers les métiers financiers et surtout qu'elles appartiennent à un réseau défendant les intérêts des décideurs financiers, qu'ils soient des hommes ou des femmes. Il y a véritablement une belle évolution.
Pour finir, quel serait aujourd'hui votre principal message à la communauté des DAF ?
En tant que dirigeants financiers, nous avons de multiples défis à relever pour accompagner les organisations, qu'elles soient privées ou publiques, et faire de nos modèles d'entreprise des modèles socialement responsables. Nous devons nous inscrire dans cette démarche ESG et aller au-delà de la simple mise en conformité.
Et en tant que présidente de la DFCG, je souhaite faire passer le message qu'avec le bureau exécutif de l'association - que je viens de renouveler totalement - et l'équipe des permanents, nous sommes à l'écoute de tous pour défendre la profession et ses intérêts.