Banques en ligne et banques traditionnelles, et si elles coopéraient ?
Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
Alors que les néobanques peinent à convaincre, avec seulement 3,8% de clients qui en font leur compte principal, la clé de leur réussite peut venir d'une relation hybride, en coopération avec les banques traditionnelles.
Les confinements successifs ont profondément changé les habitudes des consommateurs, y compris en matière de services bancaires. Selon une étude d'Accenture publiée en 2020, les clients, qu'ils soient particuliers ou professionnels, favorisent désormais les outils numériques (web ou application) pour échanger avec leurs banques. Mieux encore, 50% des clients des banques consultent désormais l'application ou le site web dédié à leur banque. Ils n'étaient que 32% en 2018.
Une chance pour les néobanques ? Pas totalement. Même si le nombre de clients, particuliers et entreprises, possédant un compte dans ces banques en ligne a largement augmenté, passant de 17% à 23% entre 2018 et 2020, le nombre de clients qui en font leurs comptes principaux a lui nettement diminué, passant de 6,7% à 3,8% sur la même période. Pour Stéphanie Biron, co-fondatrice de Prismea, un compte pro destiné aux TPE-PME, il existe deux raisons au fait que les entreprises ne choisissent pas une banque en ligne comme banque principale. "D'une part, elles connaissent des réalités diverses, et pour être banquier principal il faut pouvoir répondre à chaque besoin, avec des services qui peuvent être très complexes et qui font même appel à de la banque d'investissement. Aujourd'hui, aucune de ces nouvelles entités n'est équipée pour adresser ce type de besoin. D'autre part, pour un dirigeant de PME, il est inconcevable dans sa relation avec sa banque, en tout cas en France, de ne pas avoir de lien avec un conseiller. Il lui faut aussi une analyse humaine de sa situation pour lui proposer les conseils et les services les plus adaptés à son besoin de croissance."
Allier banques en ligne et banques traditionnelles
L'autre cause de ce rejet des néobanques est le manque de confiance des clients envers ces banques 100% digitales. "Je pense que ce manque de confiance est plus lié à un problème de solidité financière et de réassurance plutôt qu'au fait qu'elles soient 100% digitales poursuit Stéphanie Biron. Il y a une méfiance qui est forte, car les néobanques n'inspirent pas la confiance et l'expertise bancaire." Cela est d'autant plus problématique qu'avec cette crise, les banques traditionnelles se sont rapidement adaptées en proposant des solutions innovantes, et des services similaires à ceux des néobanques, comme l'agrégation des comptes. Si bien que, toujours selon Accenture, 50% des sondés indiquent être très satisfaits par la réponse de leur banque en période de pandémie, et 49% ont indiqué avoir bénéficié d'une communication claire et efficace.
Mais alors quelle place pour les banques en ligne ? Pour la CEO de Prismea, le futur des néobanques repose sur un modèle hybride entre banques traditionnelles et banques en ligne, en s'accompagnant des deux, car chacune pourra apporter à l'entreprise en question un plus par rapport à l'autre. "La bonne équation aujourd'hui c'est d'avoir une banque traditionnelle couplée à un acteur plus digital, qui va venir simplifier le quotidien d'un dirigeant, lui donner plus d'autonomie et apporter de l'expertise pour avoir des premiers niveaux de conseil. Au contraire, les banques traditionnelles seront extrêmement fortes au niveau de l'expertise bancaire et de la proposition d'une offre de crédit. C'est ce mix entre une banque traditionnelle et une fintech qui va donner le meilleur service pour une entreprise aujourd'hui."
Attention toutefois aux doubles facturations. Il s'agit d'identifier très précisément les besoins auxquelles chacune des banques répond et vérifier qu'il n'y a pas de doublons dans les services retenus d'un côté et de l'autre.