Remontée des taux : et si vous misiez sur les obligations relance ?
Publié par Eve Mennesson le | Mis à jour le
Disponibles jusqu'au 31 décembre 2023, les obligations relance peuvent représenter une alternative intéressante à la remontée des taux. Attention cependant à leur destination : les investisseurs souhaitent de plus en plus les flécher vers des projets ESG.
Les prêts participatifs relance (PPR), on ne peut pas dire que c'est un échec, mais ça n'a pas marché... Aucun chiffre officiel n'a été publié mais les banques rapportent unanimement que les souscriptions sont timides. Le gouvernement accuse notamment la temporalité, les PPR ayant été lancés alors que les PGE (prêts garantis par l'Etat) n'étaient pas encore finis. « Les PPR ont également peu de succès car les banques n'ont pas l'habitude des instruments de fonds propres ou quasi fonds propres », avance Yann Beckers, associé au sein du groupe banque et financement de Stephenson Harwood.
Persistant et signant, le ministère de l'Economie a annoncé leur prolongation, jusqu'à fin 2023, en même temps qu'une simplification et qu'un élargissement de la cible. Mais cela ne semble pas suffire.
Les obligations relance pour diversifier ses financements
Les soeurs des PPR, les obligation relance (OR), distribuées par des prêteurs privés, semblent, elles, tirer leur épingle du jeu. Surtout en cette période d'inflation qui s'accompagne d'une remontée des taux. « Les entreprises recherchent des taux fixes et surtout à diversifier leurs financements, les banques se montrant de plus en plus frileuses et les conditions de crédit se resserrant », constate Yann Beckers. Il évoque aussi le retour en force de l'obligation de signer des contrat de couverture, ce qui renchérit le coût du crédit.
Souhaitant s'ouvrir à d'autres formes de financement, les entreprises ont donc peut être réalisé que les obligations relance ont de nombreux atouts de leur côté : remboursement in fine (donc au bout de 8 ans, à échéance), aucune garantie demandée, instrument de quasi fonds-propres mais sans dilution (pas d'entrée au capital de l'investisseur et donc pas de représentation dans les organes de gouvernance).
Bien qu'elles aient mis un peu de temps à se mettre en place, les obligations relance trouveraient donc aujourd'hui un nouveau souffle. Autre raison avancée par Yann Beckers : la récente publication des comptes (arrêtés au 30 juin) qui permet aux entreprise de réaliser qu'elles peuvent être éligibles au dispositif (le ratio d'endettement ne doit pas être supérieur à 5). A noter par ailleurs que seules les PME et ETI au CA supérieur à 16M d'euros peuvent bénéficier des OR.
L'importance des critères ESG
Malgré les nombreux avantages des OR, les entreprises peuvent être rebutées par le taux élevé (de 5 à 7%) et surtout par la complexité du dispositif. Notamment l'obligation de présenter un plan d'investissement qui explique à quelles fins les ressources obtenues seront utilisées. Car les obligations relance ne doivent pas servir à rembourser des emprunts ou distribuer des dividendes mais bien financer des projets qui aideront les entreprises à retrouver le chemin de la croissance. « Les entreprises ne savent pas forcément préparer ce plan d'investissement. Des échanges doivent avoir lieu à ce suejt entre les prêteurs et les entreprises », juge Yann Beckers.
D'autant plus que les investisseurs souhaitent pour la plupart voir ces ressources allouées à des projets ESG. « C'est un gros sujet : les prêteurs privés ont des obligations en matière ESG et vont préférer financer des projets allant dans ce sens afin de verdir leur portefeuille », insiste Yann Beckers. Pour lui, toutes les entreprises qui souhaitent se financer aujourd'hui, via des obligations relance ou non, doivent se poser la question des critères ESG et chercher à les améliorer.