Quelles sont les attentes des investisseurs?
Publié par Camille George le - mis à jour à
Qu'est-ce qui incite un investisseur à suivre une entreprise ? Sur quels critères motivent-ils leurs choix, et à l'inverse, quels sont les facteurs rédhibitoires qui empêcheraient tout investissement? Eléments de réponses grâce à une étude menée par BlackLine et Censuswide.
Pour obtenir des financements auprès d'investisseurs institutionnels, tout Daf qui se respecte dirait qu'il est impératif de nouer le dialogue et de gagner la confiance des investisseurs. D'où l'importance d'instaurer une culture de la communication. Mais encore faut-il savoir sur quels critères un investisseur fonde sa confiance. C'est tout le sujet d'une étude menée par BlackLine, spécialiste de la digitalisation des fonctions comptable et financière, et Censuswide, cabinet d'études indépendant, auprès de 750 investisseurs institutionnels en France et dans le monde. Si l'étude a été réalisée avant la crise sanitaire, il y a fort à parier que les exigences des investisseurs qui ressortaient déjà avant s'en trouvent encore renforcées par le contexte actuel.
Sans grande surprise ce qui motive la décision d'investir dans une entreprise est lié aux prévisions de croissance financière de celle-ci (48% des investisseurs français jugent ce critère le plus important de tous). A contrario les données qui entrent le moins en ligne de compte sont les perspectives économiques nationales et heureusement. En tous cas indéniablement, le besoin de transparence et de visibilité en temps réel se fait impérieux. "Le Daf désormais reconnu comme business partner et garant de la perception de l'entreprise sur les marchés, doit répondre à la double injonction de la transparence et du temps réel", souligne Lucie Bordelais, regional vice president Europe du Sud chez BlackLine.
Le droit à l'erreur n'est pas permis
Clarté et précision dans les reportings et la communication financière auprès des investisseurs sont plus que tout de rigueur. Car parmi les raisons susceptibles d'empêcher l'investissement, l'erreur est celle qui pardonne le moins. La fraude ou le risque de non conformité financière font partie des critères rédhibitoires. De même, si un ajustement après reporting a eu lieu, vous avez du souci à vous faire. Plus d'un tiers des répondants (36%) indiquent qu'ils pourraient choisir de ne pas investir dans une société qui a dû faire des ajustement a posteriori. "D'une manière générale si un investisseur doit aller chercher des informations supplémentaires c'est problématique, prévient Lucie Brodelais. Or, une perte de confiance dans les chiffres conduit inévitablement à une perte de confiance dans le management."
Outre la fraude et les rapports financiers erronés, d'autres facteurs peuvent être un frein à l'investissement. Un flou dans la définition des rôles et responsabilités de l'équipe dirigeante (29%) ou encore un recours à la comptabilité créative -légale mais discutable d'un point de vue éthique- refroidissent les ardeurs des investisseurs (28%). Pourtant, l'ensemble des investisseurs interrogés estime que les entreprises ont recours à ces pratiques (88% souvent, 12% parfois) pour répondre à leurs attentes et se rendre plus désirables.
Pas dupes donc les investisseurs sur le petit coup de blush passé pour donner bonne mines aux chiffres. Mais ont-ils conscience de la pression qu'ils exercent sur les entreprises? Pas sûr. "La pression des investisseurs sur les résultats est parfois telle que cela pousse à faire de la comptabilité créative", relève Firas Abou Merhi, associé en charge de l'équipe conseil financier chez Mazars. De son côté, Jean-Claude de Vera, président d'Agile GBS et co-président de la DFCG Ile-de-France, tempère : "les régulateurs eux-mêmes sont très créatifs. Il n'y a qu'à voir la norme IFRS16 ! Il faut bien admettre qu'il est parfois très difficile de comprendre ce que l'on attend de nous en termes de délivrabilité." Mais dans ce cas quid du décalage entre la valorisation d'une entreprise et sa valeur réelle?