ESG : et si on allait vers une performance véritablement durable ?
Publié par Charles-Eric de Bony, cabinet Julhiet Sterwen le - mis à jour à
La notion de performance, aujourd'hui, dépasse la dimension financière. De nouveaux critères d'évaluation émergent, ce qui nécessite une transformation profonde des organisations. Loin d'une tendance, il s'agit d'une transition des modèles économiques du tout financier vers le durable.
L'essor de l'Investissement Social et Responsable (ISR) montre que la satisfaction des actionnaires, et des Français, ne passe plus uniquement par la performance financière des entreprises. Ces dernières, ainsi poussées à préserver les environnements naturels, sociaux et économiques, souhaitent faire évoluer leur paradigme de croissance pour inscrire la performance dans une vision plus globale, voire à raisonner leur croissance pour mieux la pérenniser. La pression réglementaire les pousse aussi en ce sens. Pour cela, les entreprises peuvent s'appuyer sur les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), déclinaisons des politiques RSE.
Face cette évolution, les dirigeants se trouvent confrontés à plusieurs problématiques : comment effectuer la transition sans mettre en péril son activité et son écosystème ? Comment transformer son modèle sans dénaturer l'identité de son organisation ? Comment s'assurer que les efforts consentis aujourd'hui permettront les succès de demain ?
Pour répondre à ces interrogations, trois clés sont indispensables : converger sur la nature de la durabilité, définir une stratégie financière à son service et enfin communiquer de manière adaptée vers les parties prenantes.
Statuer sur ce qu'est la durabilité
Avant de définir les stratégies qui permettront de transformer leur modèle de croissance, les dirigeants d'entreprise doivent statuer sur les objectifs de durabilité qu'ils visent : équité sociale, qualité environnementale, prospérité économique... Ce travail, à la convergence des grandes fonctions de l'entreprise, doit permettre de définir des objectifs en accord avec la raison d'être de l'entreprise et sa capacité d'engagement. Sa formalisation peut passer par l'appel à la loi PACTE, qui introduit la notion d'entreprise à mission. Elle implique de déclarer la raison d'être d'une entreprise et d'objectifs ESG ad hoc. L'atteinte de ces derniers peut passer par de nombreuses voies : transformation des produits ou services proposés, gestion de l'écosystème, investissement durable...
La définition d'une raison d'être n'est pas une fin en soi. Il est nécessaire de mettre en place une gouvernance incarnée par des collaborateurs responsables du pilotage d'un dispositif humain et technologique qui permet de concrétiser et de rendre compte de l'engagement de l'entreprise. La gouvernance doit intégrer pleinement les critères autres que financiers dans les prises de décisions stratégiques, notamment en lien avec les investissements financiers.
Lire aussi : ESG : quelle gouvernance ?
Mettre la finance au service de la durabilité
La fonction financière est primordiale dans la transformation du modèle économique. Elle va en effet permettre de les investissements internes et/ou externes indispensables à la bonne mise en oeuvre de la stratégie définie. Il s'agit d'investissements à part entière, nécessaires pour intégrer la durabilité au modèle de croissance, et donc la mutation qui l'accompagne. Les impacts sont nombreux et variés.
En premier lieu, de nouveaux moyens humains et technologiques sont à mettre au service de l'animation et du pilotage du modèle économique émergeant. Les collaborateurs dédiés à la mise en oeuvre et au suivi des politiques et processus durables représentent un coût supplémentaire, d'autant que les profils sont très recherchés sur le marché. L'intégration d'experts dédiés à ces nouvelles prérogatives apporte du professionnalisme et un gage de sérieux, au service de la croissance durable de l'entreprise.
Au-delà, les entreprises doivent aussi investir dans des dispositifs de collecte et de pilotage des données liées aux indicateurs ESG sélectionnés. La réglementation impose par exemple, en fonction des secteurs d'activités, de collecter des informations liées à l'impact carbone, à la consommation d'énergie, production de déchets, etc. Ces investissements se traduisent par l'achat de systèmes spécialisés pour capter l'information propre à son appareil productif ainsi qu'à son écosystème : données des fournisseurs, clients, intermédiaires, etc.
Enfin, la fonction Finance de l'organisation joue un rôle clé sur l'orientation des flux financiers vers des projets externes qui répondent aux stratégies de croissance durable de l'entreprise. L'investissement dans des initiatives vertueuses permet d'avancer sur la concrétisation des objectifs de durabilité. Ainsi, à ce jour, l'investissement responsable permet aux entreprises de contribuer efficacement à la croissance durable en finançant directement leur écosystème ou en prenant part au développement d'entreprises à impact qui ont une raison d'être 100% durable.
Communiquer efficacement sur la durabilité ...
La mise en place des éléments décrits précédemment permet aux entreprises de transformer efficacement leur modèle de croissance. Pour voir les effets décuplés, les acteurs économiques sont incités à aussi mettre en place une communication ciblée pour rendre compte régulièrement et précisément de l'atteinte des objectifs de durabilité.
Cet outil est essentiel pour améliorer la visibilité d'une entreprise vis-à-vis de son écosystème, de ses actionnaires, de potentiels investisseurs ou encore de spécialistes de la collecte de données ESG. Il faut noter que les dimensions ESG sont très recherchées par les investisseurs externes et que sans information disponible, certaines entreprises peuvent passer inaperçues. Les dirigeants d'entreprises doivent donc définir les indicateurs pertinents et auditables témoignant de la durabilité de leur activité.
La récente affaire ORPEA montre l'importance de pouvoir communiquer sur des informations fiables et rigoureusement construites. Les nombreux vecteurs de communication permettent d'enclencher un cercle vertueux qui rend la transition visible et alimente la croissance durable : l'entreprise communique sur ses objectifs et son nouveau modèle de croissance, les financements extérieurs alimentent cette entreprise qui peut alors se fixer des objectifs plus ambitieux ou bien en faire profiter son écosystème.
Pour en savoir plus
Senior Manager chez Julhiet Sterwen, expert en mise en application des réglementations financières, Charles-Eric de Bony accompagne les entreprises dans l'adaptation et la mise en conformité des organisations. Il est spécialisé sur les thématiques de la protection de la clientèle et les enjeux de finance durable