Les montants levés par le capital investissement français chutent de 22 % en 2012
Publié par Yousra Senhaji le - mis à jour à
Avec le retrait des institutionnels et des investisseurs étrangers, les professionnels du private equity français font face à une fonte drastique de leur capacité d'investissement dans les PME et ETI.
Avec " seulement " 5 milliards d'euros collectés en 2012, les acteurs français du capital investissement renouent avec le niveau de levée de 2009, accusant une baisse de 22% par rapport à 2011, selon les chiffres publiés le 10 avril par l'Afic et Grant Thornton. L'association représentative du private equity français souligne le décalage entre les montants levés et les besoins en fonds propres des PME/ ETI en France évalués à 11 milliards d'euros. " Le capital-investissement français va mal, très mal, s'apitoie Louis Godron, président de l'Afic. Les chiffres 2012 franchissent un nouveau cap alarmant."
Les investisseurs étrangers boudent le secteur
Cette pénurie est essentiellement due aux règles prudentielles qui frappent les investisseurs institutionnels, dont les investissements ont connu des chutes vertigineuses depuis 2008 : de 75% pour les compagnies d'assurance et mutuelles, et de 79% pour les banques et les caisses de retraite. Autre catastrophe qui a frappé de plein fouet les acteurs du capital investissement français : la fuite des investisseurs étrangers qui ont représenté plus de 50% des capitaux levés en 2011, et ne totalisent plus que 30% de la collecte 2012. Cette situation est liée aux incertitudes économiques en 2012 et aux premiers effets de l'épuisement des disponibilités chez certains gérants.
Un ticket moyen en baisse
Seule bonne nouvelle, le nombre d'entreprises investies reste relativement stable et élevé. A fin 2012, ce sont plus de 1.500 entreprises (1.548), à 79% des PME, qui sont accompagnées, traduisant la forte pénétration du capital-investissement français sur le terrain, pour irriguer le tissu économique. En revanche, le ticket moyen d'investissement est en nette diminution. Les montants investis supérieurs à 100 M€ sont en baisse de 59%, 95% des entreprises accompagnées reçoivent moins de 15 M€. Si la baisse des montants investis concerne tous les secteurs d'activité, elle est tout particulièrement prononcée dans les télécoms (-75%), dans les services et transport (-38%), ainsi que dans l'industrie -chimie (-33%) et dans les biens de consommation (-28%).