Capital-risque : net recul des investissements
Publié par Antoine Pietri le | Mis à jour le
Avec 784 millions d'euros investis en 2012, les investissements en capital-risque ont fortement baissé par rapport à l'année 2010, selon l'indicateur Chausson Finance. Un document qui met en lumière les faiblesses des fonds français en la matière.
L'industrie française du capital-risque est en perte de vitesse. Les investissements en la matière sont ressortis à 784 millions d'euros sur l'année 2012, soit une baisse de 25% par rapport à l'année record 2010, selon l'indicateur Chausson Finance. Les investissements s'étaient alors élevés à 1 047 millions d'euros. Le mouvement de recul s'est par ailleurs accentué au cours de l'année 2012. 351 millions d'euros ont ainsi été investis au deuxième semestre, soit une baisse de 12% par rapport au premier trimestre.
Collecte en berne pour les FCPI et FCPR
« La baisse des investissements est corrélée de façon assez directe à la levée de capitaux des fonds eux-mêmes », commente Sabine Fillias, directrice générale de Chausson Finance (photo ci-dessous). « La collecte des FCPI a reculé de 25% avec la forte baisse de l'avantage fiscal, et les FCPR ont également du mal à lever des fonds en raison de Bâle III et Solvency 2. Il y a donc peu de chances que la tendance se retourne. »
Le document précise que les investisseurs se portent massivement sur les sociétés déjà financées. Ainsi, sur les 389 sociétés financées ce semestre, seules 85 ont reçu pour la première fois des capitaux de fonds d'investissements.
Sur le plan sectoriel, le secteur de l'Internet et de l'e-commerce est le seul à avoir échappé à la baisse générale des investissements. Il a attiré 98 millions d'euros, soit 28% des montants investis, et reste ainsi le secteur d'investissement privilégié des investisseurs en capital-risque pour la deuxième année consécutive. « Après avoir été boudé au début des années 2000, le secteur a montré sa capacité à produire des géants français et européens, et surtout des sociétés rentables. Investir dans ce secteur, c'est investir dans des sociétés paradoxalement peu risquées et plus matures », analyse Sabine Fillias.
Un risque de plafond de verre pour les entreprises françaises
Les deux plus grosses levées de fonds de 2012, à savoir Criteo (30 millions d'euros) et Spartoo (25 millions) se situent d'ailleurs dans le secteur Internet et e-commerce. « Il est aussi intéressant de noter que la grosse partie de ces deux opérations a été financée par des fonds anglo-saxons, et non français. Nos fonds sont assez modestes et ne peuvent pas accompagner l'internationalisation des entreprises françaises », commente Sabine Fillias. Selon elle, les sociétés françaises qui ne parviendraient pas à lever des fonds auprès de fonds anglo-saxons, très sollicités par des entreprises du monde entier, risquent de se heurter à un plafond de verre qui pourrait les empêcher de devenir des géants européens ou mondiaux. « Les fonds français sont outillés pour bâtir des entreprises de taille intermédiaire, mais pas des géants », déplore-t-elle.