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Droits de douane : les trésoriers d'entreprise redoutent un renchérissement des approvisionnements

Publié par La rédaction le - mis à jour à

Dans la dernière enquête* d'opinion des trésoriers d'entreprises ET et grands groupes, menée par Rexecode, pour l'AFTE et le METI, les résultats dévoilent une certaine inquiétude des tensions commerciales engendrées par le président Trump et leurs impacts sur les coûts de la chaîne d'approvisionnement. Détails.

Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et leurs partenaires internationaux connaissent un regain sous l'administration Trump, les directions financières, et en particulier les trésoriers des grandes entreprises et des ETI, évaluent avec prudence les effets potentiels de ces mesures sur leur trésorerie et leur gestion du besoin en fonds de roulement (BFR).

Une trésorerie globalement stable, mais une vigilance maintenue

En avril, le solde d'opinions des trésoriers sur la situation de la trésorerie globale se stabilise, tandis que celui relatif à la trésorerie d'exploitation affiche une légère amélioration. Tous deux restent proches de leur moyenne de long terme, reflétant un retour à un certain équilibre après les perturbations observées en 2024, notamment lors de la dissolution de l'Assemblée nationale. Le jugement porté sur la trésorerie d'exploitation est ainsi mieux orienté en 2025.

La grande majorité des trésoriers de grandes entreprises et d'ETI (81 %) ont eu recours au financement bancaire pour couvrir leurs besoins de trésorerie, contre 19 % qui se sont tournés vers les marchés financiers. Les conditions d'emprunt sont globalement perçues comme plus favorables, avec des taux d'intérêt en légère baisse.

En effet, parmi ceux ayant sollicité les banques, 21 % ont trouvé l'accès au crédit plus aisé qu'à l'habitude, 56 % évoquent une situation normale, tandis que 23 % ont rencontré des difficultés. Du côté des entreprises ayant opté pour un financement de marché, seules 17 % déclarent avoir été confrontées à des conditions d'accès complexes.
Autre élément d'analyse de l'enquête, les trésoriers interrogés ont moins souvent privilégié les comptes rémunérés pour le placement de leur trésorerie, seulement 38 % y ayant eu recours. À l'inverse, une hausse des dépôts à vue a été observée, traduisant une volonté de préserver la liquidité immédiate. Par ailleurs, 18 % des sondés ont choisi d'orienter leurs excédents de trésorerie vers des placements en OPCVM.

La quasi-totalité des trésoriers interrogés (90 %) déclare que la situation de leur trésorerie s'est déroulée conformément à leurs prévisions. Pour les 10 % restants, surpris négativement, la dégradation observée (de l'ordre de 5 à 10 %) provient essentiellement de moindres revenus d'exploitation.

Délais de paiement : une dégradation persistante

Le jugement sur les délais de paiement des clients reste préoccupant. En avril, 27 % des trésoriers constatent une augmentation de ces délais. Le solde d'opinions reste quasi stable ce mois-ci (-1 point), mais il demeure nettement plus élevé qu'un an auparavant (+9 points), ce qui confirme une tendance structurelle à l'allongement des délais, amorcée début 2024. Cette évolution reflète sans doute une détérioration de la situation bilancielle pour une partie des entreprises clientes, avec des répercussions directes sur le besoin en fonds de roulement.

Taux de change : un impact plus équilibré

La baisse récente du dollar face à l'euro a produit des effets plutôt favorables. La part des trésoriers jugeant que le taux de change euro/dollar affecte négativement leur trésorerie diminue sensiblement. L'impact s'équilibre désormais avec celui perçu comme positif, atténuant les incertitudes liées aux opérations internationales.

Droits de douane américains, une menace sur les coûts

Le focus du mois s'intéresse à l'impact des hausses de droits de douane américaines. Parmi les trésoriers se déclarant concernés, 52 % estiment que la principale conséquence sera une augmentation du coût des approvisionnements. Par ailleurs, 37 % anticipent une hausse des prix de vente, tentant ainsi de compenser cette pression sur les coûts.

Ces résultats soulignent la vigilance des directions financières face à un contexte international instable. L'anticipation des tensions tarifaires et leurs effets potentiels sur les marges devient un enjeu majeur dans la planification budgétaire et stratégique.

* Dernière enquête de trésorerie auprès des ETI et grandes entreprise, entre le 2 et le 9 avril 2025. L'enquête portait sur l'appréciation des trésoreries à la fin du mois de mars. Un peu plus de 1200 trésoriers ont été interrogés, 119 d'entre eux nous ont transmis leurs réponses.