Trésorerie: les PME et TPE redressent la tête
Publié par Stéphanie Gallo le - mis à jour à
Selon le dernier baromètre Bpifrance Le Lab/Rexecode, les dirigeants de TPE et PME semblent plus optimistes sur l'évolution de leur trésorerie. Il n'en reste pas moins que le sujet sera toujours crucial en 2021.
"Il y a un an, la crise a coupé court brutalement au revenu de nombreuses entreprises. Aujourd'hui, nous ne sommes pas sortis d'affaire mais le tableau n'est pas si négatif ", observe Baptiste Thornary, économiste pour Bpifrance, responsable du pôle évaluation-conjoncture-macro-économie. Une analyse qu'il assoit sur le dernier baromètre mensuel Bpifrance Le Lab et Rexocode "Trésorerie, Investissement et croissance des PME/TPE". Selon sa dernière édition, publiée il y a quelques jours et relative au mois de février, les petites et moyennes entreprises font dans l'ensemble état de meilleures perspectives pour ce premier trimestre 2021. "En février 2020, le dernier baromètre réalisé avant la crise donc, 29% des entreprises interrogées estimaient leur niveau de trésorerie difficile et 17% leur niveau de trésorerie aisé. Exactement un an plus tard, elles ne sont plus que 25% à juger leur trésorerie difficile". En tout état de cause, la situation de trésorerie n'a jamais été perçue aussi positivement par les dirigeants de TPE/PME depuis la première enquête Bpi Lab/Rexecode en mai 2018. 55% s'attendent d'ailleurs à une stabilisation de leur trésorerie (contre 48% en octobre dernier).
Baptiste Thornary tempère néanmoins ces résultats. "Malgré ces chiffres encourageants, malgré les 135 milliards d'euros accordés en trésorerie (30 fois plus qu'à l'occasion de la crise de 2008), il reste des sujets de trésorerie". Toujours selon le baromètre Bpifrance/Rexecode, 10% des dirigeants interrogés faisaient ainsi part de fortes difficultés le mois dernier. 8% disaient craindre de ne pas pouvoir rembourser leur PGE et 16% estimaient le niveau actuel de leurs fonds propres très contraignant pour le développement de leur entreprise. Il est par ailleurs probable que le confinement annoncé ce jeudi 18 mars par le gouvernement pour 16 départements vienne assombrir un peu (voir beaucoup) les perspectives des entreprises implantées sur les territoires concernés (et de leurs fournisseurs) pour les semaines à venir.
Dans ces conditions, il est plus que jamais pertinent d'activer ou d'accélérer encore sur les leviers opérationnels et financiers à disposition des entreprises. "Le sujet de la trésorerie restera primordial pour 2021" insiste Baptiste Thornary.
Des leviers à ne pas oublier
Même un an après le début de la crise, il est toujours temps d'agir. Et peut-être plus que jamais, afin de ne pas renverser les efforts faits jusqu'ici et qui ont permis de cantonner le nombre de défaillances à un niveau historiquement bas.
Chloé Giraut, directrice financière de Qonto, néo banque dédiée aux TPE/PME, rappelle ainsi les principaux leviers. Sur les entrées de trésorerie, elle insiste sur le travail à mener quant à la réduction des délais de paiement de ses clients, sur la possibilité de recourir à l'affacturage et la nécessité d'utiliser des outils performants de pilotage du cash. "Il est utile aussi de repenser son modèle de pricing et plus globalement son business model. Il peut être intéressant par exemple de proposer des prépaiements à ses clients en échange d'un prix moindre", souligne-t-elle. Des solutions d'escompte peuvent également être mises en place.
Il est également toujours temps de réduire ses dépenses en renégociant ses contrats par exemple avec ses fournisseurs d'énergie et d'ajuster ses consommations et ses abonnements à son nouveau niveau d'activité.
Rappelons par ailleurs que le recours au PGE est possible jusqu'au 30 juin prochain. "Au-delà du PGE, il ne faut pas hésiter à recourir à toutes les aides publiques y compris européennes. Les aides en provenance de l'UE sont nombreuses, il ne faut pas les négliger", souligne Chloé Giraut, rappelant au passage que le recours aux fonds privés peut également être une bonne option. En témoignent le bon niveau de levées de fonds en 2020.