La rémunération variable, la panacée pour motiver ?
Publié par Mallory Lalanne le - mis à jour à
La rémunération variable est devenue un outil incontournable de motivation des collaborateurs, qui doit toutefois être maniée avec précaution.
Après un an et demi de crise, la question de la rémunération des salariés a fait irruption dans le débat politique. Fin août, à la veille de l'université d'été du Medef, Bruno Le Maire a invité les chefs d'entreprises à améliorer les rémunérations. " Il y a un sujet dont je ne démords pas, c'est la meilleure rémunération de ceux qui ont les rémunérations les plus faibles, a lancé le ministre de l'Economie et des Finances. La croissance doit profiter à tout le monde, sans exception, même aux plus faibles, même aux moins qualifiés, tous ceux qui ont été aux avant-postes de la crise. C'est une question qu'on doit se poser collectivement. "
Un levier de rétention des talents
Dans la tête de Bruno le Maire se pose clairement la question de la rémunération variable, qui reste un bon moyen de faire partager la croissance. Longtemps réservé aux profils commerciaux, cet outil fait de plus en plus d'adeptes dans les entreprises. Les fonctions supports mais aussi les fonctions de production peuvent aujourd'hui se voir attribuer, en complément de leur salaire fixe, une rémunération variable, qui peut prendre la forme d'une commission ou d'une prime, en fonction de la réalisation d'objectifs. Parfois, cette part peut représenter près de la moitié du salaire total d'un salarié. " Les entreprises doivent être agiles, mieux rémunérer les collaborateurs pour trouver les ressources dans un contexte de relance et de pénurie de talents, atteste Olivia Jacob, Senior Manager, au sein du cabinet Robert Walters. Historiquement, sur des profils IT et finance, il y a toujours eu une guerre des talents. Mais avec la reprise économique, le marché se tend. Nous assistons à une pénurie de candidats dans tous les secteurs d'activité. Les Daf et DSI sont aujourd'hui surchasssés. Il y a donc un vrai enjeu pour les entreprises à utiliser la rémunération variable comme levier de rétention des salariés. "
Le point fort de la rémunération variable est qu'elle vise à produire de la motivation chez les équipes. Elle permet d'attirer, de fidéliser et d'inciter les collaborateurs à orienter leurs actions et à adapter leur comportement afin de produire la performance attendue par l'entreprise. " Ça a beaucoup de sens que de se servir de ces outils à distance. Lorsqu'elle est correctement indexée, la rémunération variable soutient la stratégie commerciale d'une entreprise, donne les priorités au travers de trois ou quatre indicateurs qu'on aura choisis. Les équipes vont ainsi travailler dans le sens que vous souhaitez ", explique Fabien Lucron, directeur du développement de Primeum, cabinet spécialiste de la rémunération variable.
Un outil à manier avec prudence
Il faut toutefois garder en tête que la rémunération variable n'est pas acquise. Le caractère exceptionnel et la durée limitée d'une prime doivent être appliqués strictement. A défaut, elle risque de se voir requalifier en usage et les salariés seraient en droit d'en exiger chaque année le versement. " Il ne doit pas y avoir de récurrences dans les sommes acquises. Si un salarié touche chaque année 3000 euros et qu'il ne perçoit plus cette somme du jour au lendemain, il trouvera la situation injuste ", relate Fabien Lucron. La rémunération doit ainsi pouvoir passer par zéro lorsqu'il y a une contreperformance du salarié. " De même, si les objectifs sont mal pensés, qu'ils sont très faciles à atteindre pour certaines, inatteignables pour d'autres, le dispositif peut rapidement devenir contre-productif et produire l'effet inverse que l'on souhaite, à savoir démotiver tout le monde ", ajoute l'expert. Sa mise en place, ses conditions d'attribution et son mode de calcul doivent donc être clairement fixés via une clause dans le contrat de travail. L'attribution de cette partie variable peut reposer sur la réalisation d'objectifs individuels ou sur la performance et la santé financière de l'entreprise. " On ne peut plus se limiter à incentiver les collaborateurs sur le chiffre d'affaires de l'entreprise. Pour motiver les collaborateurs, les objectifs fixés doivent répondre aux enjeux de l'entreprise. Dans le retail, l'omnicanalité et la qualité de l'expérience client deviennent des critères importants ", donne en exemple Fabien Lucron. Pour réussir à faire de la rémunération variable un vrai levier de motivation et de rétention des talents, les critères choisis doivent donc être lisibles et pertinents.