La rémunération variable, une piste plus intéressante que jamais pour ces NAO 2023 ?
Publié par Stéphanie Gallo le - mis à jour à
L'attente des salariés pour ces NAO 2023 est forte. Aussi forte que l'inflation de ces derniers mois. Dans ce contexte, quelle peut-être la réponse des entreprises, conscientes de la nécessité de préserver la qualité de vie de leurs salariés mais inquiètes d'un alourdissement trop important de leur masse salariale ? La rémunération peut représenter une piste intéressante.
En 2022, l'inflation des prix à la consommation s'est élevée à 5,5% en France selon les chiffres communiqués par l'INSEE. Pour 2023, la commission européenne table sur une hausse de 5,6% pour la zone Euro. Dans ce contexte, les salariés inquiets pour leur pouvoir d'achat scrutent avec attention leurs futures augmentations de salaires. Car même si le gouvernement a consenti quelques gestes de soutien à la consommation (prime carburant, aide au chauffage au fuel, incitation au panier anti-inflation dans la grande distribution etc), les salariés (et leurs représentants du personnel) sont en attente d'un geste significatif de leur employeur. Selon une enquête d'Alixio, les entreprises prévoient d'ailleurs d'augmenter en moyenne leurs salariés de 4,3% en 2023.
« Il est certain que, cette année, les NAO sont plus tendues que d'habitude dans la plupart des entreprises. Il y a une attente forte des salariés en raison de cette inflation. Les employeurs doivent l'entendre, surtout dans un environnement de tension forte sur le marché de l'emploi. Pour autant, est-ce qu'ils peuvent augmenter de 6 ou 7% leur masse salariale ? Évidemment que non, ce serait beaucoup trop dangereux ! », analyse Fabien Lucron, directeur du développement de Primeum, cabinet spécialisé dans l'accompagnement des entreprises dans leurs projets de rémunération variable. « Pour que cela soit viable économiquement, il faudrait soit que l'entreprise répercute l'intégralité de ces augmentations sur ses tarifs de vente, soit réalise en parallèle un gain de productivité suffisant pour absorber cette explosion de la masse salariale. Dans un cas comme dans l'autre, cela me parait quand même très compliqué ».
L'expert prêche donc pour une autre voie, celle de la rémunération variable. Une solution encore plus pertinente que d'habitude, selon lui, pour ces NAO 2023 avec un horizon plus que flou où les entreprises vont devoir continuer de naviguer à vue.
La rémunération variable, l'avantage de la réversibilité
Parmi les principaux avantages de la rémunération variable : sa réversibilité. Si le marché se retourne, si le chiffre d'affaires s'effondre, si le bénéfice est moins important que prévu par exemple, les collaborateurs ne percevront pas cette rémunération. « L'objectif est de ne pas alourdir les charges fixes, encore plus en cette période de crises multiples et successives », insiste Fabien Lucron.
Deuxième avantage : elle permet de répondre à l'attente salariale plus forte que d'habitude tout en assurant un contrat gagnant/gagnant. « Avec la rémunération variable, l'entreprise accepte de dépenser potentiellement plus d'argent. C'est le postulat de départ. Mais en échange de cet effort, elle a la certitude d'obtenir un gain de performance de la part de ses collaborateurs. Si ce n'est pas le cas, les salariés ne perçoivent pas d'argent en plus. A condition de mixer des critères de performance économique de l'entreprise et des critères individuels ».
La rémunération variable peut s'appliquer à toutes les catégories de salariés, ou presque. Fabien Lucron conseille toutefois, pour les plus bas salaires, d'intégrer une part d'augmentation fixe plus conséquente (proportionnellement) que pour les autres catégories de salariés.
Ses tips : choisir trois ou quatre indicateurs au maximum afin que chacun d'entre eux représente un poids substantiel dans le calcul de la rémunération variable et instaurer une rémunération variable suffisamment conséquente (représentant un mois de salaire en moyenne) pour que l'enjeu motive réellement le collaborateur. Et puis, bien réfléchir aux indicateurs afin qu'ils ne soient pas trop difficiles à atteindre pour certains, ou au contraire trop faciles pour d'autres.
Et sinon ?
D'autres outils peuvent être mobilisés pour répondre aux attentes salariales dans ce contexte inflationniste. Par exemple, l'intéressement. Là encore, il s'agit de bien définir l'enveloppe pour chacune des catégories de salariés et les indicateurs afin de ne pas faire prendre de risques à l'entreprise à moyen ou long terme en cas de ralentissement économique.
Peuvent également être mobilisés d'autres outils n'alourdissant pas trop les charges sociales comme, en premier lieu, la prime de partage de la valeur (3 à 6.000 euros selon les cas), le rachat des jours de RTT (dispositif valable jusqu'en 2025), la revalorisation des tickets restaurant, les forfaits mobilité durables, la mise en place de CESU, la meilleure prise en charge des frais de mutuelle, les primes de transport ou encore l'actionnariat salarié.