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CSRD : Manitou fourbit ses armes

Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le

Mise en place d'un outil, analyse de la double matérialité, détermination de certains KPI... Manitou se met en ordre pour se conformer à la CSRD. Démarré il y a plus d'un an, le projet est piloté conjointement entre la direction financière et la RSE.

« La direction financière et la RSE doivent travailler à quatre mains sur la CSRD », affirme Pierre Bougerie, EPM & Finance BI manager chez Manitou, entreprise française spécialisée dans le matériel de manutention (2,9 Mrds € de chiffre d'affaires en 2023 pour un effectif de 5 500 salariés répartis dans 34 filiales à travers le monde). Si le projet était au départ porté par la RSE, la direction financière est très vite entrée dans la danse. « La finance a l'habitude de collecter des données et sait se conformer au niveau d'exigence des auditeurs », explique Pierre Bougerie. Au sein de Manitou, le projet CSRD a été divisé en plusieurs thématiques, tantôt pilotées par la RSE avec l'appui de la finance, tantôt portées par la direction financière avec le soutien de la RSE.

Adoption d'un outil ESG

Au cours des derniers mois, la direction financière a notamment oeuvré à la mise en place d'un outil technologique capable de relever les défis imposés par la CSRD. Déjà utilisateur de la solution financière CCH Tagetik, intégrée par MeltOne, Manitou a jeté son dévolu sur le module ESG. Depuis plus d'un an, les équipes de Manitou et MeltOne travaillent de concert pour implémenter ce nouveau module, qui offre aussi la possibilité de se pencher sur d'autres sujets comme la taxonomie et le bilan carbone. « Pour la partie taxonomie, nous avons pu lier les bases de données financières avec la base ESG pour sortir le reporting réglementaire qui y était lié. Nous avons aussi pu collecter l'ensemble des KPI permettant de produire le bilan carbone pour Manitou. Enfin ce bilan nous a permis d'alimenter le volet environnemental de la CSRD », détaille Philippe Gibert, directeur EPM ESG chez MeltOne. Pour la partie CSRD, la feuille de route s'étale sur trois ans. « Cette année, nous avons réalisé une analyse de double matérialité de laquelle ressort de nombreux indicateurs matériels que nous déploierons sur trois ans », précise Charlotte Georgeault, responsable reporting durabilité chez Manitou.

Un degré de maturité élevé

Ces différentes avancées permettent au groupe d'être confiant pour la suite et notamment en ce qui concerne la remise du premier rapport de durabilité prévue en 2025. « Manitou fait partie des clients qui ont un degré de maturité élevé en ce qui concerne la CSRD et qui ont commencé à travailler sur le sujet dans les temps », constate Laurent Schaub, dirigeant et cofondateur de MeltOne. Avant d'ajouter : « En revanche, les entreprises qui commencent tout juste à se pencher sur le sujet se mettent en difficulté ». Pour la direction financière de Manitou, ce projet lui permet désormais de manier avec le même niveau d'exigence les informations financières qu'extra-financières. « Si la typologie des données change, le financier reste très bien formé pour reporter, réaliser du contrôle interne, importer les données dans les outils et suivre les audits », indique Pierre Bougerie. Un enjeu de taille, alors que la performance extra-financière des entreprises est de plus en plus scrutée. « En 2024, on nous a demandé de réaliser des choix d'investissements qui n'étaient plus uniquement basés sur du financier mais aussi sur de l'extra-financier », confirme Charlotte Georgeault. Un changement de paradigme pour les DAF, qui doivent désormais jongler avec des critères financiers et ESG.