Guerre en Ukraine : quel impact pour les entreprises françaises ?
Publié par Audrey Fréel le - mis à jour à
L'entrée en guerre de la Russie contre l'Ukraine a des conséquences sur l'économie française. Si les répercussions semblent pour le moment limitées du côté des approvisionnements, la situation est plus tendue pour les activités des groupes français en Russie.
Le conflit entre la Russie et l'Ukraine va, inévitablement, impacter la situation économique dans l'Hexagone. D'après le cabinet Asterès, cette guerre devrait limiter la croissance française à 2,3 % en 2022, contre 3,3 % anticipé avant le déclenchement du conflit. Cet impact négatif serait principalement lié à la baisse des exportations vers la Russie et l'Ukraine et à la hausse du prix de l'énergie. Selon Asterès, la Russie représente environ 1,3 % des exportations françaises et l'Ukraine 0,24 %. "En Russie, les entreprises françaises exportent principalement des produits aéronautiques", précise Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès. Si les ventes françaises vers ces deux pays s'arrêtent totalement, le cabinet estime que les exportations se contracteraient de 12 milliards d'euros, ce qui entraînerait une baisse du PIB de 0,4 %. Dans l'hypothèse, plus probable, où les ventes vers ces deux pays diminueraient de moitié, les exportations baisseraient alors de 6 Mrds € (soit une contraction du PIB de 0,2 %).
Impact limité pour les approvisionnements
A l'heure actuelle, ce conflit ne semble pas chambouler de façon majeure les chaînes d'approvisionnements dans l'Hexagone."Nous importons essentiellement des hydrocarbures de Russie et des produits alimentaires d'Ukraine, mais très peu de composants ou de pièces détachées. A ce stade, l'impact est plutôt limité pour les entreprises et la production industrielle ne semble pas significativement pénalisée par des problèmes d'approvisionnement liés à ce conflit", explique Sylvain Bersinger. Toutefois, les risques demeurent. "Michelin a par exemple été contraint de fermer temporairement des usines car le groupe s'approvisionnait depuis la Russie et l'Ukraine pour certaines matières premières", illustre Sylvain Bersinger. De même, des usines automobiles allemandes ont été paralysées par la rupture d'approvisionnements en câbles électriques depuis l'Ukraine. A moyen terme, l'approvisionnement en palladium et en gaz néon, en partie importé de Russie, pourrait également poser problème.
Quid des entreprises implantées en Russie ?
La situation est en revanche plus délicate pour les entreprises tricolores présentes sur le sol russe. Selon le ministère de l'Économie, la France compte plus de 500 filiales françaises implantées en Russie dans divers secteurs, dont 35 entreprises du CAC 40 comme Auchan, Renault ou encore Total. Avec 160 000 salariés en Russie, la France représente le premier employeur étranger en Russie. "Certaines entreprises françaises ont annoncé des fermetures de magasins, de sites ou d'usines en Russie, comme LVMH, Hermès ou Airbus, ce qui aura des répercussions économiques sur leurs activités. D'autres, en revanche, continuent de travailler en Russie, ce qui peut poser un problème d'image", analyse Sylvain Bersinger. Par ailleurs, les sanctions prises par les pays Occidentaux à l'égard de la Russie vont avoir de lourdes conséquences sur son économie. "Les activités économiques vont être sévèrement impactées dans le pays. La situation s'annonce compliquée pour les entreprises françaises présentes en Russie, d'autant qu'il est actuellement très compliqué de vendre des filiales russes car les marchés financiers sont bloqués et les prix sont cassés", indique Sylvain Bersinger.