Les conséquences du conflit en Ukraine sur la Daf
Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
Près d'un mois après le début de l'invasion russe en Ukraine, les entreprises françaises subissent aujourd'hui de plein fouet l'onde de choc de ce conflit. La Daf doit faire face à une nouvelle crise, venue chambouler ses priorités de début d'année.
Cela fait désormais presque un mois jour pour jour que la Russie a débuté son invasion de l'Ukraine. Une nouvelle crise, deux ans après l'épisode Covid, dont les conséquences commencent à se faire sentir sur l'économie et les entreprises françaises. Il incombe alors au Daf de préserver la santé financière de son entreprise en faisant face à un certain nombre de problématiques. La première étant une potentielle vague de défaut de paiement. « Un certain nombre d'entreprises ne sera ni payé ni livré, observe Thierry Millon, directeur des études chez Altares. C'est un risque très lourd, car si vous êtes approvisionné par une entreprise russe ou ukrainienne et que cet approvisionnement n'arrive plus, elle peut mettre en péril votre entreprise. La première chose à faire est d'aller voir, de façon précise, ligne par ligne, où sont les points de risque pour son entreprise. »
Les directions financières devront également être vigilantes quant à un éventuel effet domino concernant les tiers. « Il faut vérifier si vos tiers ne sont pas dépendants eux-mêmes de clients basés en Ukraine ou en Russie. Il faut une analyse des tiers et de l'impact de cette situation sur les tiers, tant du côté client que du côté fournisseur. Il y a aussi une analyse à faire sur les matériaux. La Russie et l'Ukraine fournissent majoritairement des matières premières, il y a donc forcément un impact avec l'augmentation du coût de certains produits » rapporte Jean-Marc Allouët, COO chez GEObyBMA.
Sécuriser les approvisionnements
Ce conflit a déjà eu et va continuer à avoir un impact certain sur les finances des entreprises. S'il n'a pas été déjà fait, un réexamen budgétaire est nécessaire pour anticiper ces fluctuations. « Il faut s'attendre à ce que l'année 2022 ne soit pas à la hauteur du chiffre d'affaires budgété l'année dernière. Dès ce début de deuxième trimestre, il est important de voir comment se sont déroulés les premiers mois au niveau des chiffres, où sont les points de réglage à effectuer et quelles dépenses ou quels investissements sont à reporter. C'est au Daf de donner son « go » » poursuit Thierry Millon.
Des axes d'amélioration sont tout de même envisageables pour les entreprises, notamment dans le fait de mieux connaître et mieux comprendre sa supply chain. « L'idée est de remonter la chaîne de manière à sécuriser les approvisionnements. Cela n'a pas été fait au moment du Covid et les progrès à ce niveau tardent encore à s'effectuer. Les fournisseurs présents en Chine proposent des prix assez bas pour être toujours attractifs, mais les prix remontent aussi là-bas et il y a probablement à réfléchir à trouver des fournisseurs alternatifs sur d'autres zones géographiques, » note le directeur des études chez Altares.
Une situation d'urgence qui devient prioritaire
En janvier dernier, le cabinet Robert Half dévoilait les priorités stratégiques des Daf pour l'année 2022. 4 besoins majeurs étaient alors évoqués : le respect des exigences de conformité réglementaires, l'exploitation et la gestion du big data au sein du service financier, l'automatisation des processus pour augmenter la productivité et la réduction des coûts. Pour Jean-Marc Allouët, à l'heure du conflit russo-ukrainien, ces points doivent tout de même rester des priorités. « A côté desquelles vient s'ajouter une situation d'urgence qui devient également prioritaire. De plus, si elles sont bien menées, certaines de ces priorités permettent de répondre directement à cette situation d'urgence. Le renforcement du contrôle interne et le fait d'utiliser le big data pour avoir des informations ou des données sont très importants. Compte tenu de la situation, les risques de fraude ou de corruption croissent inévitablement. »
Le COO de GEObyBMA conseille également d'augmenter ses moyens de vigilance. « Quand on entre dans une phase de crise, ces priorités ne doivent pas être mises sur le côté, au contraire, elles trouvent encore plus leur raison d'être. Avoir des moyens de surveillance, de détection, d'analyse à distance dans une situation comme celle d'aujourd'hui, c'était une priorité et ça devient une nécessité, » conclut Jean-Marc Allouët
De nouvelles aides d'Etat disponibles
Face à cette nouvelle crise, l'Etat répond présent. Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Economie Bruno le Maire ont d'ores et déjà annoncé des aides pour les entreprises en difficulté. Ainsi, le PGE va être prolongé sous une nouvelle forme pour permettre d'encaisser le choc de cette guerre. A partir du 1er juillet et jusqu'au 31 décembre 2022, les entreprises "particulièrement impactées par les conséquences économiques de la crise ukrainienne", pourront bénéficier de la garantie de l'Etat pour emprunter jusqu'à 10 % de leur chiffre d'affaires.
Une nouvelle aide sera également mise en place pour les entreprises énergivores, sous forme de subvention. Les industriels devront remplir trois conditions afin d'y être éligibles :
-avoir subi une hausse d'au moins 40% de leurs factures d'électricité ou de gaz depuis le début de la guerre
-avoir des dépenses de gaz et d'électricité représentant au moins 3% de leur chiffre d'affaires
-pouvoir réaliser des pertes d'exploitation sur 2022