Fonction finance sous LBO : quels enjeux ?
Publié par Florian Langlois le - mis à jour à
Les entreprises sous LBO sont régulièrement en proie à de grandes transformations. Quels sont alors les défis à relever pour la fonction finance dans ce contexte si particulier ? Eight Advisory a tenté d'apporter des éléments de réponse en réalisant une étude auprès de 35 directeurs financiers.
Quels enjeux impliquent la vie d'une entreprise sous LBO ? Le cabinet de conseil Eight Advisory a publié une étude parue en juillet dernier afin de répondre à cette question. Cette étude met en évidence les faiblesses du processus de planification et de suivi de cash observées pendant la crise du Covid. Des difficultés qui n'ont pas encore été résolues par l'ensemble des entreprises. « Une majorité des entreprises qui avait souffert dans leurs prévisions de cash en ont mis en urgence en place pendant la crise et ont lancé des travaux post-crise pour les pérenniser. Cependant, il y a encore des entreprises où ces process ne sont pas totalement performants, » observe Bruno Gonnet, associé Eight Advisory.
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Ce sujet du pilotage du cash est l'un des deux défis majeurs pour un Daf au sein d'une entreprise sous LBO. « Le Covid a permis d'accélérer, pour les entreprises sous LBO encore peu matures, la mise en place de réflexes de prévision, avec un oeil désormais rivé sur le suivi du cash et les atterrissages, » note de son côté Maxime Touvet, également associé Eight Advisory. Le second enjeu majeur est le fait « d'être capable de piloter à plus forte fréquence l'activité, reprend Bruno Gonnet. Il faut également mettre en place une gouvernance quelque peu différente avec des instances de pilotage et des pratiques de pilotage de la performance variées. Concrètement, cela implique de mettre en place des outils de pilotage plus fins, avec notamment un reporting de qualité, robuste et produit dans les temps. » La capacité d'analyse des marges et des résultats est également, selon l'étude, un élément qui participe à la performance d'une fonction finance sous LBO.
Le rôle central du Daf
Le Daf a donc une très haute part de responsabilité au sein de ce dispositif. Il se doit d'alterner entre son rôle historique de gardien du temple, en mettant en place les bons niveaux de contrôle interne et en s'assurant que l'information financière et comptable se reflète correctement dans les opérations, mais aussi sa casquette de business partner, en étant responsable, entre autres, du contrôle budgétaire. « Le Daf est le responsable de l'animation du processus de pilotage de la performance, auprès des opérationnels et du management. C'est à dire qu'il doit être force de proposition sur des poches de rentabilité, des poches de perte et pouvoir orienter les différentes prises de décision, » complète Maxime Touvet. Un rôle qui n'est pas encore tout à fait assimilé par l'ensemble des entreprises. Sur les 35 directeurs financiers interrogés lors de l'étude, seulement 45% perçoivent actuellement leur fonction finance comme vrai business partner.
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Le directeur financier a également un rôle important à jouer auprès des nouveaux actionnaires. Il y a par exemple la nécessité d'instaurer au mieux une relation de confiance avec les acheteurs. « Cette relation de confiance et de support est à instaurer dès le début. Il ne faut pas hésiter pour les Daf sous LBO à solliciter leurs actionnaires sur ce qu'ils peuvent fournir à l'entreprise, comme par exemple des conseils experts, » poursuit Maxime Touvet. Le directeur financier a également la responsabilité d'établir une feuille de route qui définira les contours du plan de structuration et de transformation de l'entreprise. « Cette feuille de route est valable pour toutes les fonctions et en particulier la fonction finance. Elle évoque le besoin de partager des ambitions et d'assurer que l'ambition sera à hauteur de la capacité de l'entreprise. Il est important de bâtir cette feuille de route, de la faire valider avec les actionnaires mais aussi au niveau du management,car un Daf ne pourra pas mettre en place des outils ou des process performants s'il n'a pas l'appui des opérationnels, » développe Bruno Gonnet.
Très fortement sollicité pendant cette période charnière, le directeur financier peut alors se faire aider par un organisme externe pour réaliser cet intermédiaire entre l'entreprise et les actionnaires. « Se faire accompagner permet à la fois d'expliciter au management et à la fonction finance les nouvelles attentes d'un actionnaire financier et aussi de présenter à cet actionnaire les capacités à date et jusqu'où il est possible d'aller en termes d'ambition, » conclut Bruno Gonnet.