Financement : les entreprises du SBF 120 doivent anticiper
Publié par Stéphanie Gallo le - mis à jour à
Redbrige, cabinet de conseil en financement et trésorerie vient de dévoiler son étude annuelle sur le financement des entreprises du SBF 120. Il en ressort des signaux négatifs pour leurs profils de crédit. Avec un conseil : anticiper les besoins de financement afin de parer au risque d'un cycle de baisse des taux de courte durée.
En 2023, selon l'étude annuelle du cabinet de conseil Redbridge sur le financement des entreprises du SBF120 (hors banques et assurances), les agrégats financiers se sont nettement détériorés en 2023. Le chiffre d'affaires d'abord, qui marque le pas en 2023 (-2,3%). L'EBITDA ensuite avec un recul de 3,6% (avec un niveau néanmoins toujours supérieur à celui observé avant la crise sanitaire). Mais aussi la dette financière (+2,6%), -la dette nette a augmenté de 120 milliards d'euros en 18 mois-, et la trésorerie (-2,9%). Cette tendance semble s'accélérer encore en 2024 selon l'analyse qu'a pu réaliser Redbridge sur les 86 entreprises ayant publié leurs résultats semestriels avant le 21 septembre dernier : l'EBITDA plonge de 6%, la dette nette augmente de 26%. Parmi les facteurs d'explication principaux : l'inflation (générant notamment une hausse du BFR) et la hausse des taux d'intérêt. Cette dernière (+4,5% au total depuis juillet 2022) impactant en effet significativement les charges financières des entreprises. La trésorerie plonge, elle, de 22% ce début d'année afin de faire face à la hausse du BFR et des taux d'intérêt.
Mix de financement inchangé en 2023
Globalement, le mix de financement est inchangé pour le SBF 120 : 60% de leur dette 2023 est de la dette de marché, 14% de la dette bancaire, 15% de la dette locative et 11% relèvent d'autres outils (notamment l'affacturage : 44 entreprises du panel y ont eu recours en 2023 contre 30 en 2022).
A noter, la stabilisation du niveau de la dette bancaire dans la structure globale de la dette des SBF 80 (31%), après la forte croissance notée en 2022. « Cela reflète la difficulté pour ces entreprises à accéder à la dette de marché, notamment pour les entreprises non notées », observe Muriel Nahmias, managing director, conseil en financement de Redbridge.
Le marché de l'EuroPP est resté atone avec certes un milliard d'euros émis au total mais dont 600 millions étaient en réalité affectés à deux grosses opérations menées par Cointreau et ITM. Le premier semestre 2024 de l'EuroPP semble connaitre un léger rebond.
Attention à ne pas trop se laisser porter par la baisse des taux
Dans ce contexte de fragilisation des profils de crédit lié à la dégradation globale des agrégats financiers, le spécialiste du conseil en financement-trésorerie suggère aux directions financières d'anticiper un risque de « cycle de baisse de taux d'intérêt de courte durée ».
Comment ? En anticipant les refinancements et en examinant minutieusement le recours à des poches de liquidités alternatives cohérentes avec leurs profils de risque. « La fin de l'abondance sur les marchés de dette bancaire et les incertitudes sur l'ampleur de la baisse des taux en Europe impliquent de préférer un refinancement anticipé de ses lignes bancaires jusqu'à deux voire trois ans avant l'échéance. La question de la notation externe, privée ou publique, doit être explorée car elle permet d'ouvrir des nouvelles opportunités de diversification offertes par les marchés de dette désintermédiée », préconise Muriel Nahmias, rappelant que si les larges corporates n'ont pas de difficultés à se financer, ce n'est pas le cas des ETI. Sauf, « des champions régionaux chouchoutés par leur banque, qui en oublieraient d'ailleurs de se préparer à des conditions plus difficiles ».
« L'environnement de crédit est en train de changer», rappelle Matthieu Guillot, Managing director, conseil en financement de Redbridge. Il insiste sur la nécessité, pour les directions financières, de travailler (tant que les voyants de l'entreprise sont au vert) sur son pool bancaire, son profil de crédit, et sur des refinancements anticipés.